Thursday, September 08, 2011
Taxe sodas : Bercy "regrette" la décision de Coca-Cola
François Fillon a annoncé, à la fin d'août, la création d'une taxe sur les boissons à sucres ajoutés, dans le cadre d'un programme d'austérité.AFP/JEAN-PIERRE MULLER
Après la CGT et une députée UMP, au tour du ministère du budget de s'élever, jeudi 8 septembre, contre la décision de Coca-Cola de suspendre un investissement de 17 millions d'euros en France, en réponse à la nouvelle taxe sur les boissons à sucres ajoutés du plan antidéficit du gouvernement.
Jeudi après-midi, le ministère du budget a jugé "regrettable en termes économiques" la décision de Coca-Cola. "C'est une décision regrettable en termes économiques, mais qui ne peut pas être liée à l'augmentation de 1 centime d'euro sur les sodas à sucres ajoutés, qui est motivée par un objectif de santé public, a indiqué Bercy. Cette taxe de 1 centime ne met pas en danger cette industrie."
Pour "protester symboliquement" contre la nouvelle taxe sur les boissons à sucres ajoutés annoncée le 24 août par le premier ministre, François Fillon, dans le cadre du plan d'austérité, le producteur américain de boissons sans alcool Coca-Cola a annoncé jeudi qu'un important investissement prévu en 2012 dans son usine des Bouches-du-Rhône était remis en question.
>> Lire l'article : Coca-Cola part en guerre contre la "taxe sodas"
"UN CHANTAGE" DE COCA-COLA
Cet investissement de 17 millions d'euros, portant sur la rénovation d'une ligne de production de canettes, devait être officialisé le 19 septembre, à l'occasion de la célébration des 40 ans de l'usine des Pennes-Mirabeau. "Celui-ci n'est pas annulé, mais il doit être réévalué dans le contexte d'incertitude créé par la taxe", annonce le groupe dans un communiqué. La taxe doit être discutée dans les semaines à venir dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Coca-Cola attend de voir comment se déroulera le vote au Parlement, a précisé une porte-parole.
Jeudi après midi, deux députés UMP des Bouches-du-Rhône se sont élevés contre la décision de Coca-Cola. Valérie Boyer s'est dite "absolument choquée et scandalisée" par "le chantage" de Coca-Cola, qui, selon elle, n'a pas à se mêler des politiques de santé publique. "Rien n'empêche cette entreprise de faire des efforts sur des boissons non sucrées qui font aussi partie de ses ventes", a-t-elle estimé.
De son côté, Bernard Reynès, autre député UMP des Bouches-du-Rhône, "trouve" également "ce chantage inacceptable".
"ÇA FAIT UN PEU PEUR"
En réaction, un syndicaliste CGT de Coca-Cola, joint par Le Monde.fr, s'est dit préoccupé : "Les salariés sont inquiets car ils sentent que ce n'est pas bon pour l'avenir du site. Ça fait un peu peur", souligne Christian Locastro, délégué syndical Coca-Cola pour la zone sud.
La décision de Coca-Cola avait été annoncée mercredi soir lors d'une réunion des délégués centraux de l'entreprise. La direction semblant attendre maintenant le vote de la mesure par le Parlement, le syndicaliste CGT s'interroge sur la suite: "L'investissement est-il juste suspendu pour faire pression ou sera-t-il remis en cause ?" L'annulation de la venue de John Brock, président de Coca-Cola Enterprises, pour les 40 ans du site, renforce cette incertitude.
CONTRE LA "STIGMATISATION DES BOISSONS SUCRÉES"
La direction de l'entreprise l'a justifié en déclarant : "Nous entendons ainsi protester symboliquement contre une taxe qui sanctionne notre entreprise et stigmatise nos produits", explique Coca-Cola, qui "réaffirme son opposition vigoureuse à toute forme de stigmatisation des boissons sucrées et à leur assimilation à d'autres catégories de produits tels que le tabac".
Matignon a justifié l'instauration de cette taxe au nom d'une nécessaire lutte contre l'obésité, rappelant que le poids moyen des Français a augmenté de plus de 3 kilos entre 1997 et 2009. La taxe qui doit entrer en vigueur début 2012 devrait rapporter 120 millions d'euros à l'Etat. Elle devrait renchérir le prix de la canette d'un centime d'euro en moyenne, selon les industriels du secteur.
Implanté en France dans l'entre-deux-guerres, le groupe américain emploie 3 000 salariés répartis sur cinq sites de production en France. Le site des Bouches-du-Rhône, le deuxième en terme de production, compte 203 employés et trois lignes de production. Il a fait l'objet de 45 millions d'euros d'investissements depuis cinq ans, selon le communiqué.
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