Le roi Radama 1er en campagne militaire avait besoin de poudre et de fusils que lui fournissait Napoléon de Lastelle et la compagnie Rontaunay
C’est un bel ouvrage, ça se voit à l’œil nu, qui est sorti cette année des éditions Orphie au rayon « Histoire » dans une collection intitulée « richesse et diversité d’Outre-mer ». Un pavé sur joli papier aux caractères sépia fleurant bon le document d’antan qui entreprend de raconter le périple d’un Européen qui à Madagascar devint « Prince de Mahéla », par la volonté de la reine Ranavalona. Napoléon de Lastelle (1802-1856).
- L’auteur
Michel Pruche de Lastelle est né en 1945 à l’île d’Ouessant où son père était médecin. Depuis l’adolescence, son port d’attache est Saint Malo, patrie de ses ancêtres. Il a alterné des périodes de vie sur des voiliers, parfois en famille, parfois en solitaire à travers les océans, et la responsabilité de directeur de sociétés filiales de groupes internationaux de transports et logistique. Globetrotter et polyglotte, à présent retraité, il habite la majeure partie de l’année en Thaïlande. En dehors de publications dans des revues nautiques, il a édité quatre livres sous différentes combinaisons de son nom (en fonction de thèmes très divers), dont l’essai toujours plus actuel Dieu créateur du sang et des larmes, par Michel de Lastelle, paru en 2006 chez ABM.
- Histoire
Chronique du temps passé, signée par l’un des descendants du compatriote de Mahé de la Bourdonnais que fut Napoléon de Lastelle, à lire d’urgence chez Orphie ! Michel Pruche de Lastelle, fasciné par l’aventure de son aïeul a eu la riche idée d’exploiter une biographie qui n’avait jamais été contée jusqu’ici et qui s’inscrit dans le XIXe siècle de la Grande Île convoitée par les Anglais et les Français qui tentaient d’y implanter leurs comptoirs. Fils d’un capitaine au long cours Napoléon de Lastelle était né le 7 février 1802 dans l’ile sœur à Rivière du Rempart au sein d’une une famille originaire de Saint-Malo, vivier d’armateurs, de capitaines de commerce, de marine d’État et de corsaires. Il a choisi lui aussi la marine devenant capitaine de commerce. C’est depuis Madagascar où il s’est installé en 1825, à Mahela, qu’il a rallié la société de négoce « Rontaunay et Compagnie » devenant responsable d’un domaine qui comprenait outre une plantation de cocotier, café et canne sucre, une sucrerie, une distillerie et quelques voiliers pour commercer avec les Mascareignes. Seul Européen de l’époque à Madagascar, il sut judicieusement pérenniser son petit empire de 300 km de la côte Est, en y associant le pouvoir en place, bénéficiant ainsi d’une main-d’oeuvre d’esclaves, promettant en échange au roi Radama Ier de lui fournir des canons, des fusils et de la poudre. La reine Ranavalona qui lui a succédé lui a renouvelé ses privilèges et lorsqu’elle expulsa les étrangers de la Grande Ile, Napoléon de Lastelle fut le seul Européen en grâce à Madagascar. À ce titre il fut un acteur principal de la politique et de l’économie de la région au milieu du XIXè siècle (avec Jean Laborde qu’il avait présenté à la reine). Une reine qui le fit Prince de Mahela après qu’il ait succombé à un empoisonnement, à l’âge de 54 ans. Il avait épousé en 1830 une Malgache Betsimiraka, Victoire Sija, veuve de Joseph Arnoux, l’associé de la maison Rontaunay et Compagnie. De leur union est née Elisa de Lastelle, qui fut Princesse de Mahela (1832-1888). Ce livre rare parle de l’histoire de Madagascar, de Maurice, de la Réunion, depuis la fin du XVIIIe jusqu’au début du XXe siècle, avec références aux événements extérieurs dont l’influence a compté aussi dans la région comme la Révolution les guerres napoléoniennes, américaines, l’évolution du transport maritime, les découvertes
- En bref…
Un empire
Au départ, les activités de Napoléon de Lastelle consistaient à acheter biens, riz, boeufs, gomme de copal, cire, peaux etc., destinés à la colonie Bourbon, à veiller à la bonne culture des plans de canne à sucre et de café, à négocier l’achat des produits que sa société ne fabriquait pas, à organiser le troc, fusil et poudre en échange des droits accordés par le gouvernement de la reine. Il était présent partout, à Tamatave, sur les autres nombreux points de traite de la cote Est et dans la capitale Antananarivo. Napoélon de Lastelle édifia plusieurs usines, introduisit des plantes et animaux de toutes sortes, créa entre les îles un commerce qui employait des milliers de marins sur plus d’une centaine de bateaux. En 1840, sa société employait 2 300 personnes dans ses forges, ses ateliers mécaniques et ses plantations.
Jean Laborde
En Novembre 1831, Jean Laborde, un gascon français de 25 ans faisait naufrage au nord de Fort Dauphin. Recueilli par un navire de la compagnie Rontaunay il fut déposé à Mahela chez Napoléon De Lastelle.reconnaissant ses nombreux « talents » celui-ci n’hésita pas à l’envoyer à Tana et à l’introduire auprès de la reine Ranavalona pour qu’il fabrique localement les armements et d’autres produits dont elle avait besoin (fusils, balles, canons, poudre, savon…). Ce qu’il fit à l’usine et à la fonderie créées à Ilafy puis à Mantasoa.
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