Les ténors du G10 tentent de s’accrocher là où ils sont (Photo Hery Rakotondrazaka)
Les alliés de Andry Rajoelina, président de la transition, font part de leur intention de ne laisser que des miettes aux autres mouvances.
Une fois de plus, cela promet des discussions houleuses. Le groupe des entités pro-Haute autorité de la transition ou G10 fait part de son intention de cadenasser les institutions transitoires avant même que ne commencent les discussions relatives à la mise en œuvre de la Feuille de route. De leur côté, les mouvances Zafy et Ravalomanana ne tardent pas à réagir.
« La communauté internationale a indiqué que le gouvernement d'union nationale doit respecter les principes de la consensualité et de l'inclusivité. Dans une certaine mesure, il a été accepté par la SADC », a déclaré Evariste Marson, vice-président de l'Union des démocrates et des républicains pour le changement, plateforme qui soutient le président Andry Rajoelina, hier à Anosy. Le G10 s'empresse de donner son interprétation de la Feuille de route.
Évariste Marson, président du Rassemblement du parti sociale démocratie et membre du Conseil supérieur de la transition relève l'une des dispositions de la Feuille de route pour étayer sa thèse. « Il est prévu que les groupes politiques proposent une liste de noms au président de la transition. Il appartient à ce dernier d'arrêter son choix si les autres mouvances souhaitent intégrer le gouvernement », explique-t-il.
Il adopte la même position par rapport aux autres institutions transitoires. « La Feuille de route ne parle pas de recomposition ou de restructuration mais d'élargissement. Les mouvances Zafy et Ravalomanana ont accepté ce principe en signant le document », soutient-il avant de laisser entendre la possibilité d'une plus grande ouverture de la Commission électorale nationale indépendante.
Les dirigeants du G10 restent inflexibles concernant le retour de l'ancien président Marc Ravalomanana. Benjamina Ramanantsoa, ministre des Transports et coordonnateur général de l'Espace de concertation politique tente de justifier le refus d'un retour sans contraintes judiciaires de l'ancien chef de l'État au nom de la « culture contre l'impunité ». Il se défend au passage de vouloir appliquer une mesure ciblée.
Les groupes politiques proches de Andry Rajoelina affirment ainsi leur volonté de garder les acquis d'avant la signature de la Feuille de route. Pierrot Rajaonarivelo, ministre de l'Économie et de l'industrie et président du Mouvement pour la démocratie à Madagascar évoque même l'« effet rétroactif de la reconnaissance internationale sur la légitimité et la légalité des actes pris par le président Andry Rajoelina ».
La bonne foi réclamée
Le G10 réclame pourtant la « bonne foi », et « sollicite les partis (…) à ne viser que l'intérêt supérieur de la Nation ».
La prise de position des pro-HAT confirme la difficulté du virage abordé par la transition. On sent planer l'ombre des conséquences du Sommet de Maputo et de la réunion d'Addis-Abeba, avec des surenchères qui refusaient les concessions et manquaient de bonne foi.
C'est d'autant plus à craindre que les mouvances Zafy et Ravalomanana font part de leur intention de ne pas se laisser faire. Emmanuel Rakotovahiny, chef de délégation de la mouvance Zafy, n'est pas tendre envers les dirigeants du G10. « Ce n'est pas l'esprit de la Feuille de route. Cela montre qu'ils font passer leurs intérêts personnels avant ceux de la Nation, contrairement à ce qu'ils clament », critique l'ancien Premier ministre avant de les qualifier d'« irresponsables qui prétendent diriger le pays ».
Le bras droit d'Albert Zafy met la pression sur Andry Rajoelina face à l'initiative des groupes politiques qui soutiennent la HAT. « Je considère ces déclarations comme nulles et non avenues. J'attends qu'il [président de la transition] prenne une décision ferme et montre en quoi il est chef. J'attends qu'il se prononce avant de réagir », lance-t-il.
De son côté, Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation de la mouvance Ravalomanana, répète à l'envi la « nécessité d'une restructuration des institutions transitoires ». Il évoque l'existence d'une « nouvelle donne » après la signature de la Feuille de route, exigeant l' « inclusivité et la consensualité" de la transition, reflétées par la neutralité au sommet de l'État » et ainsi réclamant la primature. Il insiste également sur la remise en cause des procès contre son patron.
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