Le général Richard Ravalomanana prépare l’expédition .
Le régime de transition s’apprête à appréhender l'ancien président Marc Ravalomanana en Afrique du Sud, à un moment crucial de construction d'un processus de sortie de crise.
C'est l'escalade. Les autorités de la transition enclenchent une procédure pour arrêter en Afrique du Sud l'ancien président Ravalomanana. Les partisans de ce dernier crient à la provocation.
« Nous nous préparons à appréhender en Afrique du Sud Monsieur Ravalomanana », a indiqué le général Richard Ravalomanana, commandant de la circonscription régionale de la gendarmerie à Analamanga, hier. « Il s'agit d'une exécution de décision judiciaire », a-t-il poursuivi. Il fait état de l'application des mandats d'arrêts du mois de mars et du mois d'août 2010, condamnant, entre autres, l'ancien chef d’Etat aux travaux forcés à perpétuité pour complicité de meurtre avec guet-apens sur l'affaire du 7 février.
L'officier général de la gendarmerie fait part des préparatifs pour réaliser cet objectif. « Cinquante volontaires ont répondu à l'appel que nous avions lancé pour la mission. Mais après une série de tris, cinq gendarmes et autant de policiers devront faire partie de la délégation », avance-t-il. « Ils sont en train de préparer leur passeport vert », poursuit-il.
Une source officielle confirme l'existence d'une démarche pour appuyer l'initiative. « Les autorités malgaches ont envoyé une note verbale en Afrique du Sud pour demander une dérogation judiciaire. Outre les éléments des forces de l'ordre, la mission comprendra un juge d'instruction en cas de réponse positive des autorités sud-africaines », soutient-elle.
Le général Richard Ravalomanana refuse de se prononcer sur le calendrier du projet. « Il faudra attendre la réponse des autorités sud-africaines. Puis, il faudra également disposer d'une autorisation de vol, dans la mesure où l'opération nécessite un avion spécial. Outre l'ancien Président, il se peut que nous trouvions également cinq autres individus, civils ou militaires, recherchés sur place », explique-t-il.
Pression ou volonté de s'attaquer à l'épineuse question autour de Marc Ravalomanana, les autorités transitoires enclenchent la vitesse supérieure dans la gestion du dossier. Elles lancent un rappel des mandats d'arrêt contre l'ancien Président le 17 septembre, jour de signature de la feuille de route.
Processus fragile
La démarche de la HAT pourrait provoquer des dommages collatéraux, à savoir la complication du processus déjà fragile au moment de l'entame de l'étape de mise en œuvre de ladite feuille de route. En diplomatie, elle met également à l'épreuve l'Afrique du Sud, à la tête de la Troïka, l'organe chargé de la coopération en matière de politique, de défense et de sécurité de la SADC, sollicitée par le régime de transition de s'exprimer sur le cas de Marc Ravalomanana.
Les partisans de l'ancien président crient au scandale. « Il s'agit d'une provocation. Mais si la HAT le souhaite vraiment, le président Ravalomanana pourrait rentrer dès samedi, sans qu'elle dépêche des éléments des forces de l'ordre sur place », rétorque Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation, remonté, sans pour autant donner des précisions sur un tel projet.
Mamy Rakotoarivelo affirme seulement que « le président Ravalomanana est prêt à affronter la justice. » « Mais nous n'accepterons jamais les procès qui ne sont pas équitables, tout comme le mandat d'arrêt délivré sur la Place du 13 Mai », fustige-t-il tout en accusant le régime de transition. « C'est une preuve de sa mauvaise foi pour ne pas appliquer la feuille de route », conclut-il.
De son côté, Harry Laurent Rahajason, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et conseiller spécial de Andry Rajoelina, président de la transition, rejette la faute sur Marc Ravalomanana. « Il est le premier à jouer à la provocation. C'est lui qui est le premier à assurer son intention de rentrer au pays et de se présenter aux présidentielles au mépris de la justice malgache dès le lendemain de la signature de la feuille de route. Il aurait dû s'abstenir de mettre le feu aux poudres », poursuit le membre du gouvernement.
Ce n'est pas la première fois que les autorités de la transition évoquent l'idée d'arrêter Marc Ravalomanana. Christine Razanamahasoa, ministre de la Justice, avait annoncé l'enclenchement de la procédure d'extradition de l'ancien chef de l'Etat. Mais le projet est tombé à l'eau à cause de l'absence de l'accord judiciaire entre les deux pays.
Interrogé sur la demande de dérogation judiciaire, un spécialiste en droit pénal explique que la suite de l'opération « dépend de la volonté des autorités sud-africaines ». « Cela dépend du bon vouloir de ces derniers car il s'agit d'une question de souveraineté », explique le pénaliste. « Il est difficile, voire impossible de réaliser la mission en cas de réponse négative sud-africaine », ajoute-t-il.
« Suite à la déclaration du Général Ravalomanana Richard, le Secrétaire général du TIM, Mamy Rakotoarivelo tient simplement à rappeler à ce dernier qu’il y a la libre circulation de marchandises au sein de la SADC mais pas encore la libre circulation des personnes. Donc, il faut un visa. Le Général Ravalomanana délire complètement en annonçant qu’il va aller chercher le président Ravalomanana en Afrique du Sud, alors que de l’autre côté, il y a un Notam empêchant celui-ci de rentrer. Nous avons également nos sources d’informations qui indiquent que le projet de cet Officier supérieur est complètement délirant. Si le Général Ravalomanana souhaite arrêter le président Marc Ravalomanana, ce dernier est prêt à rentrer à Madagascar samedi sans aucune crainte ».
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