Saturday, September 17, 2011

Feuille de route Signature arrachée in extremis

Emmanuel Rakotovahiny apposant sa signature au nom de la mouvance Albert Zafy



La mission de la Troïka, l’un des organes de la SADC, obtient la signature de la Feuille de route de presque tous les groupes politiques.
Un dénouement après une journée à rebondissements. Dix des onze entités définies par l’équipe de médiation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont signé la Feuille de route dans la soirée.

Salle de conférence de l’Hôtel Paon d’or, deux heures du matin. Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation de la mouvance Marc Ravalomanana se présente, puis s’avance pour signer la Feuille de route, sous les vivats de l’assistance et sous les yeux des diplomates en poste à Antananarivo, cette fois-ci venus en masse, et l’équipe de la SADC.

Cette scène constitue le clou du spectacle d’une journée à suspense. Avant Mamy Rakotoarivelo, Emmanuel Rakotovahiny, chef de délégation de la mouvance Zafy, signe également le document, contrairement à la mouvance Ratsiraka. Ramisandrazana confirme l’annonce faite quelques instants avant la cérémonie de ne pas apposer sa signature au bas du document pour le compte de sa mouvance évoquant, entre autres, l’absence de son chef de file, handicapant la mouvance dans le processus d’élaboration du texte.

Les représentants des huit groupes politiques proches du régime ne se font pas prier pour signer le document. Mais la lutte intestine au sein des entités apparaît une nouvelle fois en public quand Francky Andriamanjaka de l’Union pour l’avenir de Madagascar (UAMAD), allié de la Haute autorité de la transition (HAT) se dispute en public et devant la communauté internationale avec l’ancien Premier ministre Monja Roindefo, à la tête du Madagasikara otronin’ny Malagasy (Monima) de représenter le mouvement. Finalement, l’ancien chef du gouvernement a pris le dessus.

Rien ne prédisait la signature de la Feuille de route dans la matinée. La mission ministérielle de la Troïka a eu deux rencontres avec Andry Rajoelina, président de la transition. Dans la matinée, après avoir rencontré les membres du Groupe international de contact local (GIC local) dans une ambiance parfois houleuse à Ivato. Puis dans l’après-midi, au moment où les partisans du régime insistent pour organiser une cérémonie de signature de la Feuille de route du 9 mars, d’une manière unilatérale, confirmée lors d’un « conseil des ministres » élargi aux représentants des huit entités proches du pouvoir.

Volte-face

Jusqu’au dernier moment, les proches du régime maintiennent leur décision de signer à leur manière et sans la communauté internationale, la Feuille de route à Anosy. Une mobilisation générale a été lancée pour soigner l’image de solidarité et d’inclusivité, même si certains membres des huit groupes politiques commencent de plus en plus à douter au fur et à mesure que le rendez-vous donné à 18 heures approche à grand pas.

Finalement, la nouvelle tombe en début de soirée. Alors que les membres des mouvances des trois anciens Présidents attendent tranquillement la cérémonie de clôture de la mission de la Troïka, Andry Rajoelina et ses partisans font volte-face, provoquant l'incompréhension de certains d'entre-eux.

Ils annulent la cérémonie d’Anosy et donnent leur avis favorable pour signer la Feuille de route selon la version du Sommet des dirigeants des pays membres de la SADC à Sandton. Feuille de route prévoyant un retour « sans condition » des exilés politiques y compris Marc Ravalomanana mais avec une « note explicative » évoquant le droit de libre circulation des citoyens d’un pays, couplé avec la souveraineté nationale et celle de la justice d’une Nation membre de la SADC.

Les Forces armées ne sont pas étrangères à l’issue de la situation. Les grands responsables de la Grande muette ont rencontré Andry Rajoelina dans l’après-midi avant de se rendre à Ivato, pour discuter avec la mission ministérielle de la SADC.


Mots croisés

- Tomaz Salomao, secrétaire exécutif de la SADC : « La prochaine étape du processus concerne la mise en œuvre [de la Feuille de route]. L’une des priorités de celle-ci est la mise en place du bureau de liaison de la SADC. Nous devons avoir un plan d’actions qui constitue le gros du travail. Nous avons 12 mois pour organiser les élections ».

- Lanto Rakotomavo, secrétaire nationale du Tanora malaGasy Vonona (TGV) : « Ce n’était qu’une première étape. Il y en aura encore beaucoup d’autres. Nous espérons que ce ne sera plus pour longtemps ».

- Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation de la mouvance Ravalomanana : « Bien sûr, nous sommes satisfaits de cette Feuille de route même si elle ne correspond pas à toutes nos attentes. Mais au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, nous avons tu nos ambitions personnelles. Nous avons fait des concessions parce qu’il le fallait pour aboutir à cette signature. Nous pensons que le président Marc Ravalomanana pourra rentrer à Madagascar aussitôt que les institutions de la transition seront mises en place dès la signature de cette Feuille de route ».

- Emmanuel Rakotovahiny, chef de délégation de la mouvance Zafy : « Je me demande si chacun peut s’armer d’une volonté politique pour aboutir à la résolution définitive de la crise. C’est cela mon inquiétude. Est-ce que chacun peut s’armer de volonté politique et d’humilité pour faire ce qu’il doit faire afin d’aboutir à la résolution de cette crise ? ».

- Chargé d’affaires de la délégation de la Commission européenne : « Nous nous réjouissons de cet accord qui est un accord entre Malgaches. Nous soutenons ce processus. Cette Feuille de route et ce qui a été conclu ici est reconnu par la communauté internationale. On sera très attentif à la mise en œuvre. Car comme l’a dit le ministre [Marius Fransman, vice-ministre sud-africain des Relations internationales et de coopération] c’est un commencement et il y a encore beaucoup de travail ».

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