Les circonstances entourant la démission et le départ, en mars 2009, de Marc Ravalomanana pour le Swaziland demeurent flou et entretiennent toujours des suspicions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Elles demeurent même le blocage de la reconnaissance internationale du régime transitoire. Le site Wikileaks viennent de publier dernièrement les derniers câbles diplomatiques qu’il a en sa possession et ces câbles révèlent certaines informations sur les prises de positions de l’ambassade américaine, mais relatent aussi des faits survenus pendant la crise.
L’un des câbles révèle en effet l’identité des personnalités à l’origine de la démission et du départ de Marc Ravalomanana pour le Swaziland. Après une réunion des diplomates, le matin du 17 mars 2009, le deputy chef of mission (DCM) Eric Stromayer (actuel Chargé d’affaires américain à Antananarivo) a réuni le comité d’action urgente (CAE) de l’ambassade pour étudier la situation. Ce fut l’occasion pour Eric Stromayer d’informer ses collaborateurs que les ministres Marcel Ranjeva (Affaires étrangères) et Ivohasina Razafimahefa (Economie) ont demandé à l’ambassade US de les soutenir dans leur démarche auprès du président Ravalomanana. Ces ministres ont en effet conseillé ce dernier de démissionner et de quitter Madagascar.
C’est ainsi que Marc Ravalomanana a donné les pleins pouvoirs à un directoire militaire et a quitté le pays. L’ex-président démissionnaire a, donc, suivi les conseils de Marcel Ranjeva et d’Ivohasina Razafimahefa. Pour ce qui est du départ de Marc Ravalomanana pour le Swaziland, ce dernier a expliqué, rapporté par le câble diplomatique, à Niels Marquardt, qu’il a été menacé par des militaires, quinze minutes avant l’arrivée des diplomates venus recueillir l’ordonnance mettant en place le directoire militaire, et qu’il n’a pas démissionné. Et le rapport indique que l’ambassadeur américain n’a pas offert à Marc Ravalomanana son aide, mais ce dernier aurait déjà été en contact avec la SADC pour assurer son exfiltration. Sur ce, l’ambassadeur américain a livré ses impressions en indiquant que, interrogé sur ce transfert de pouvoir, M. Ravalomanana a affirmé aux diplomates que « ce n’est plus son problème ». Et lui de continuer que « son (Marc Ravalomanana) affirmation que des militaires lui ont contraint de signer l’ordonnance ne tient pas la route, il n’y avait pas de signe d’une intrusion militaire à l’entrée du palais, la grille du palais a même été bloquée par ces partisans ».
Concernant les ministres Marcel Ranjeva et Ivohasina Razafimahefa, le premier est resté à Antananarivo et essaie de garder la discrétion même s’il assiste régulièrement à des cérémonies officielles organisées par des chancelleries à Antananarivo. Tandis que le second a pris la poudre d’escampette au lendemain de la chute de M. Ravalomanana en se réfugiant chez la Chargée d’affaires française pour embarquer sur un vol d’Air France pour l’Europe.
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