Un « électrochoc ». C’est ainsi que l’on peut qualifier la déclaration de l’actuel Homme fort de Madagascar du 31 août 2011. Rappelons que, suite au mutisme adopté par la Médiation internationale consécutivement à la question que lui avait adressée le pouvoir en place concernant la fixation de la date de signature de la Feuille de route, la décision de procéder à cette cérémonie entre Malgaches avait été annoncée solennellement par le Président de la Hat mercredi dernier.
Une annonce qui a eu pour effet de faire bouger les choses, tant sur le plan interne qu’à l’international. La France est le premier pays à se positionner officiellement sur le sujet.
Ainsi, questionné par téléphone sur cette décision de Andry Nirina Rajoelina, le Porte-parole du ministère français des Affaires étrangères et européennes, a déclaré hier que « la France salue le discours (du 31 août 2011, ndlr) du Président de la Haute autorité de la Transition qui entend mettre en œuvre la Feuille de route ». Une phrase qui, à elle toute seule, est lourde de signification quant à la position française à ce moment précis du développement de la crise malgache.
Rappelons en effet que, en son état actuel, le déblocage de la situation butte sur l’amendement à apporter à la Feuille de route la sortie de crise. Le Sommet de Sandton du 12 juin avait décidé d’y apporter une modification concernant particulièrement le cas de Marc Ravalomanana. L’amendement a été par la suite formulé par le Docteur Tomaz Salomao qui avait, pour ainsi dire, remis les pendules à l’heure en revenant à l’esprit initial du document, à savoir que le retour de l’exilé d’Afrique du Sud est conditionné par un « climat politique et sécuritaire favorable ».
Feuille de route paraphée
Bien que le Communiqué du Quai d’Orsay se réfère à la Feuille de route « validée par le Sommet de Sandton », plus loin, la France déclare que « la sortie de crise doit s'inscrire dans le cadre de la Feuille de route qui a été paraphée par la majorité des sensibilités politiques malgaches », c’est-à-dire, au final, le document initial auquel, faut-il le souligner, l’amendement version Salomao s’est aligné. D’ailleurs, il convient aussi de rappeler que, dans son discours « salué » par l’Hexagone, Andry Rajoelina avait déjà précisé que la Feuille de route à signer sera celle dont l’amendement a été formulé par le Secrétaire exécutif de la Sadc.
La France encourage par ailleurs les autorités malgaches actuelles « à prendre leurs responsabilités » et ce, « en garantissant une bonne gouvernance des affaires du pays, le respect des Droits de l'homme et l'organisation d'élections libres, crédibles et transparentes ». L’ancienne puissance coloniale exhorte, par la même occasion, la Communauté internationale à « permettre la bonne mise en œuvre de la Feuille de route » tout en soulignant la nécessité de « soulager les maux d'une population qui aura été trop longtemps victime des effets de la crise politique ».
Sur le plan interne, la décision du Président de la Hat du 31 août 2011 a eu aussi pour effet de colmater la « brèche » ouverte par les « six entités » au sein des 8 parties prenantes ayant déjà paraphé la Feuille de route, ces dernières ayant finalement refait bloc (voir article ci-après)pour décider d’un commun accord de la fixation de la date de signature du document pour le 16 septembre prochain. C’est-à-dire indépendamment de la décision de la Sadc sur ce point et quelle que soit l’issue de la prochaine mission de celle-ci en terre malgache .
Après une rencontre avec le Président de la Haute autorité de la Transition, Andry Rajoelina, les 8 entités ayant paraphé la Feuille de route à Ivato, à savoir Udr-C, Tgv, Mdm, Arema, Escopol, Hpm, Uamad et les Autres Sensibilités, ont rencontré la presse hier pour annoncer leur choix d’attendre la Troïka avant de signer la Feuille de route.
Le rendez-vous a été précédé de tiraillements entre les différentes entités censées faire une déclaration unique. D’une part, la tension monte entre les membres de l’Escopol, dont l’Aile conduite par Cyril Rasambozafy a accusé les ténors de faire de la discrimination, et d’autre part ces politiciens ont accordé leurs violons, jusqu’à la dernière minute, entre attendre la venue de la mission ministérielle de la Troïka et passer immédiatement à la signature. Par ailleurs, le pouvoir de la Transition, dans sa détermination d’en finir dans les plus brefs délais avec la Transition, n’a pas caché que sa patience est proche de ses limites et ne peut plus tolérer les innombrables reports de la décision de la Sadc sur la crise malgache, tout en imposant son ultimatum le 30 août dernier.
Chaque tendance a ses raisons, ceux qui ont choisi la dernière option ont avancé que cela fait bien longtemps que les Malgaches ont vainement attendu la concrétisation de la recherche de sortie de crise émanant de la Sadc sans espérer le miracle du dernier moment, avec la venue des membres de la Troïka de la Sadc. Alors que l’Escopol, partant pour attendre ces derniers ont avancé, par la voix d’Alain Andriamiseza, que « patienter constitue une arme à double tranchant, d’un côté la signature nous conduira vers la fin de la crise et de l’autre, la reconnaissance internationale sera garantie ».
Approcher les 3 mouvances
Finalement la déclaration n’a pu avoir lieu qu’après un tour d’horloge après l’heure prévue. Le Pds de la Commune urbaine de Fianarantsoa, Pety Rakotoniaina, non moins fondateur du parti Tambatra, ayant conduit Les Autres Sensibilités, a ainsi fait savoir qu’« après une réunion entre les 8 entités, nous avons fait le pacte d’apposer notre signature à la Feuille de route le 16 septembre, dans l’après-midi. Notre initiative témoigne de notre volonté à faire sortir le pays de l’impasse », avant d’enchaîner que « la sortie de crise n’est pourtant pas une affaire des 8 entités et la présence des trois mouvances et autres entités à la cérémonie de signature est réellement souhaitable. Ainsi, nous avons décidé de mettre en place un comité composé de 3 représentants issus des 8 entités ayant paraphé la Feuille de route, pour entrer en contact avec les trois mouvances, en vue d’une campagne de persuasion ».
Selon toujours les explications du porte-parole des 8 entités, « la date de la signature sera également celle de la restructuration de la Ceni, de la réorganisation de la préparation de la liste électorale, sans oublier d’aborder la question d’amnistie et surtout le calendrier électoral ainsi que la recomposition de toutes les Institutions de la Transition ».
A la fin de sa déclaration, Pety Rakotoniaina a fait savoir que « d’aucuns sont intimement convaincus que l’heure n’est plus au narcissisme, il faut sauver le pays ».
No comments:
Post a Comment