Monday, September 05, 2011

Révélations de Wikileaks sur Madagascar


Lundi, 05 Septembre 2011
Un câble en date de janvier 2010, décrit l’opinion de Chissano pour faire plier Andry Rajoelina pour que celui-ci accepte de négocier. Il est clairement établi qu’Andry Rajoelina restera intransigeant tant qu’il bénéficie d’un support total de la part du gouvernement français. Chissano a également déclaré que des expatriés français à Madagascar avaient un lien direct avec le président français et qu’ils l’ont persuadés que la meilleure solution était de supporter le parti TGV par tous les moyens. Cependant, Andry Rajoelina pourrait être également influencé par l’Allemagne, mais celle ne s’est pas engagée complètement dans la crise malgache et donc, la France est la seule qui peut faire pression sur TGV.

-------

Un autre câble date de février 2009, a été rédigé par Niels Marquardt. Il indique que des proches d’Andry Rajoelina, notamment Zazah Ramandimbarasoa sont fatigués de la conduite d’Andry Rajoelina et de son intransigeance et qu’il lui propose un ultimatum, soit il accepte la proposition de Jean Ping, soit il crée un nouveau Conseil consensuel qui dirigerait le pays et qui pourrait organiser des élections. Le fait qu’à cette époque, les responsables français et des Nations Unis avaient déclaré que les sanctions seraient plus sévères si le gouvernement malgache n’acceptait pas les propositions de Jean Ping. Il fallait aussi négocier le départ de Fetison Rakoto Andrianirina de la co-présidence et faire accepter à Marc Ravalomanana que le PM serait peut-être Camille Vital (ce dernier n’a pas caché son aversion pour l’ancien président, car celui-ci avait mis fin à sa carrière militaire).

-------

Niels Marquardt écrit également que Zazah Ramandimbarasoa a longuement parlé de l’incompétence d’Andry Rajoelina, du non respect des droits de l’homme et du pillage des ressources naturelles de Madagascar sur le court terme. Dans le cas où Andry Rajoelina ne signait pas la proposition de Jean Ping, Zazah Ramandimbarasoa et certains proches allaient créer un Conseil consensuel qui serait composé de technocrates et d’officiers militaire qui conduiraient le pays vers des élections libres. La condition est qu’Andry Rajoelina devrait quitter la présidence de la HAT et s’il refuse, la présence d’officiers militaires dans ce conseil le convaincrait qu’il n’a pas le choix. Niels Marquardt a argué que ce n’était vraiment pas le moment pour Madagascar de connaitre un second coup d’état, mais Zazah Ramandimbarasoa a assuré que ce ne serait pas un coup d’état et qu’il sortirait le pays de la crise. De plus, Zazah Ramandimbarasoa a présenté une liste impressionnante de généraux militaires qui supporteraient ce plan B et que la France devrait reconnaitre l’échec d’Andry Rajoelina et qu’elle devrait maintenant regarder les autres alternatives possibles.

-------

Le troisième câble date toujours de février 2009 et il concerne la frustration du gouvernement français concernant le blocage de la crise malgache. Rémi Maréchaux, le conseiller du président français pour l’Afrique, a clairement critiqué Chissano de son manque d’efforts et de communication envers les différentes étapes des négociations. L’un des meilleurs exemples de l’incompétence de Chissano concerne Maputo III qui devait officialiser les précédents arrangements, à savoir, deux co-présidents qui devaient être sous l’autorité du président de la Transition. Mais la négociation de Maputo III a changé les termes de cette négociation en arguant que les deux co-présidents et le président de HAT ne représentaient qu’une seule entité. Face à ce manque de communication, Andry Rajoelina a eu la voie libre pour renier ses précédents engagements en déclarant que l’accord était caduc, car il n’a jamais accepté ces conditions pour le partage du pouvoir.

-------

Rémi Maréchaux a également déclaré que la Lybie pouvait devenir une bonne source de financement pour Andry Rajoelina. Ce dernier a demandé une aide d’environ 200 000 dollars que les Lybiens ont refusés. Maréchaux a également mentionné une photo qui montrait Andry Rajoelina et Robert Bourgui qui étaient assis côte à côte. De ce fait, Marechaux a critiqué le fait que c’était une tentative pour prouver que la France contrôlait Andry Rajoelina. Marechaux a également nié le fait que la France faisait pression sur la République Démocratique du Congo pour qu’elle supporte Andry Rajoelina. L’une des raisons est que la RDC était la présidente temporaire de la SADC à cette époque et qu’Andry Rajoelina aurait un allié de taille dans l’Union Africaine et les membres de SADC.

A chaque fois qu’on parlait de Madagascar avec Marechaux, on avait l’impression que sa colère et sa frustration augmentaient de plus en plus à cause de l’enlisement de la situation et le fait que le rôle de la France était extrêmement difficile, car d’un coté, elle ne pouvait supporter ouvertement Andry Rajoelina et de l’autre, prétendre qu’elle était contre les prises illégales de pouvoir.

No comments: