Le Monde.fr
Le bureau d'enquête britannique sur les accidents aériens (AAIB) a appelé jeudi 18 juillet à désactiver les balises de détresse de tous les 787 Dreamliner, après l'incendie survenu à l'aéroport d'Heathrow, à Londres, le 12 juillet.
Un nouveau coup dur pour le dernier né de Boeing sans compter que quelques heures plus tard, un autre 787 Dreamliner, de la compagnie Japan Airlines qui se rendait à Tokyo a dû retourner à Boston d'où il avait décollé, après une alerte mécanique concernant une pompe à injection. Un porte-parole de l'aéroport de Logan de Boston a indiqué que le pilote avait décidé de faire demi-tour par précaution sans donner plus de précisions.
Ces derniers incidents viennent allonger la longue liste des problèmes rencontrés par le dernier né de Boeing, livré à 68 exemplaires depuis son entrée en service en 2011, mais cloué au sol pendant plus de trois mois en début d'année. A la mi-janvier, les 50 Dreamliner alors en opération dans le monde avaient en effet été interdits de vol après deux cas graves de surchauffe de batteries lithium-ion. Boeing a modifié depuis la conception de ces batteries, sans avoir toutefois trouvé la cause du problème.
"UN EXAMEN DE SÉCURITÉ"
Vendredi 12 juillet, un incendie s'était déclaré dans un 787 d'Ethiopian Airlines garé à l'aéroport londonien d'Heathrow. Dans un rapport très attendu sur les causes de l'incident rendu public jeudi, l'AAIB a "recommandé à l'Administration fédérale de l'aviation [FAA, l'autorité américaine de l'aviation] de prendre des mesures pourfaire désactiver l'émetteur de localisation d'urgence Honeywell InternationalRESCU406AFN des avions Boeing 787". Il estime que la mesure devrait être maintenue "jusqu'à ce que des mesures appropriées visant à assurer la navigabilité soient finalisées".
La cause de l'incendie de cet appareil, qui était en stationnement à Heathrow et n'était plus sous tension, n'est toutefois pas encore certaine, le sinistre ayant pu être provoqué, selon l'autorité britannique, par la batterie de la balise de détresse ou par un court-circuit électrique. Aucune victime n'avait été déplorée, l'appareil étant vide lors de l'incendie.
Cette balise, destinée à localiser l'avion en cas de crash, est alimentée par une petite batterie lithium-manganèse. Selon l'AAIB, c'est la première fois qu'elle est concernée par un incendie alors qu'elle a été installée à environ 6 000 exemplaires dans des avions de tout type. Afin d'avancer sur les causes de l'incendie, le Bureau d'enquête britannique a d'ailleurs appelé la FAA et les autres autorités aériennes à procéder à "un examen de sécurité des installations des émetteurs de localisation d'urgence ayant des batteries au lithium" sur les autres types d'avions et de prendre des mesures si nécessaire.
"MESURES PRÉVENTIVES RAISONNABLES"
Boeing a indiqué dans un communiqué soutenir les deux recommandations de l'AAIB, autorité qui bénéficie dans le milieu aéronautique d'une excellente réputation en termes de compétence et d'indépendance. "Nous estimons en effet qu'elles représentent des mesures préventives raisonnables tandis que l'enquête se poursuit", a jugé Boeing, qui assure "collaborer étroitement avec les autorités"pour mettre en oeuvre ces recommandations. "La sécurité des passagers et des membres d'équipage volant à bord des avions Boeing est notre priorité absolue", a ajouté Boeing, qui se dit "convaincu que le Boeing 787 est un avion sûr".
Honeywell, le fabricant de la balise, a qualifié de son côté la "mesure de précaution" de l'AAIB de "prudente" et a appelé à ne pas "tirer des conclusions"alors que l'enquête se poursuit. Quant à la FAA, elle a indiqué qu'elle allait "étudier avec attention le rapport et les recommandations de l'AAIB pour déterminer les mesures appropriées" à adopter. "Nous allons travailler en étroite collaboration avec l'AAIB, Boeing et Honeywell car l'enquête se poursuit", a-t-elle ajouté.
Dès samedi, l'AAIB avait conclu que les batteries lithium-ion n'avaient a priori joué aucun rôle dans le feu survenu à bord du 787 d'Ethiopian Airlines. La désactivation des balises de détresse n'entraînera pas un nouvel arrêt des vols du Dreamliner, les avions étant autorisés à voler sans balise de détresse pour une certaine durée. Elle est de quatre-vingt-dix jours aux Etats-Unis, par exemple.
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