Les organisations terroristes ou mafieuses diversifient leurs supports de communication. Après Al-Qaida, qui a lancé en juillet 2010 un magazine trimestriel à destination des djihadistes solitaires, les membres de la pègre japonaise, les yakuzas, lancent leur propre publication.
Selon plusieurs journaux japonais, le premier numéro de cette nouvelle publication baptisée "Yamaguchi-gumi Shinpo", autrement dit La Gazette du clan Yamaguchi,l'un des plus puissants et importants du Japon, est sorti récemment, sans qu'il soit possible de déterminer une date précise. Ce magazine ne se trouve évidemment pas en kiosques. Pas question non plus de s'abonner. Mais les près de 28 000 membres ont reçu le premier numéro, de huit pages, avec, en prime, un éditorial du "patron" du clan, Kenichi Shinoda, destiné à regonfler le moral de ses troupes.
Selon le quotidien Sankei Shimbun, qui a pu se procurer La Gazette du clan Yamaguchi, Kenichi Shinoda transmet, dans sa tribune aux jeunes générations yakuzas, les valeurs et la discipline qui ont fait la force de la pègre japonaise pendant des décennies. Tel un chef d'entreprise en période de crise, le boss rappelle que les temps sont durs et que la mafia japonaise ne doit pas se reposer sur ses lauriers ni sur sa "marque" si elle veut développer ses affaires et augmenter ses bénéfices.
Mais la publication, dont la périodicité n'est pas précisée, contient également des sections plus légères : une page jeux avec des problèmes de Go ou de Shogi, une chronique poésie avec des haïkus (poèmes japonais traditionnels), et une indispensable rubrique people, dans laquelle les lecteurs ont, par exemple, pu obtenir tous les détails des dernières parties de pêche des gros bonnets du clan.
Comme la mafia italienne ou les triades chinoises, les yakuzas sont actifs dans un large éventail d'activités lucratives allant du jeu au trafic de drogue et à la prostitution, en passant par l'usure et le racket. Ils disposent aussi d'intérêts dans la finance et l'immobilier. Les organisations yakuzas ne sont pas officiellement illégales et leurs agissements ont longtemps été tolérées par les autorités, mais l'arsenal législatif antimafia s'est renforcé ces dernières années, et les syndicats du crime sont davantage inquiétés par la police.
"Ils sont probablement conscients que c'est aujourd'hui plus difficile de faire leurs affaires avec de nouvelles dispositions plus dures, qui par exemple les empêchent d'ouvrir des comptes en banque ou de signer des contrats immobiliers", raconte un policier cité par le Mainichi Shimbun.
Le nombre de yakuzas a baissé ces dernières années, d'environ 7 000 par an, mais la pègre compte tout de même encore plus de 63 000 personnes sur l'archipel, selon des chiffres de la police nationale. Le clan Yamaguchi a, par exemple, perdu 3 300 membres en 2012, bien qu'il représente encore plus de 40 % du crime organisé au Japon, selon la même source. D'après les médias japonais, le deuxième numéro de la publication devrait sortir "d'ici quelques mois".
(Avec AFP) source Journal Le Monde
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