Friday, April 01, 2011

Mastère, MBA, MSc : poursuivre ses études dans une grande école

Une fois diplômé à bac+5, la question est souvent de savoir si on poursuit encore un peu ses études si on cherche un emploi. A côté des doctorats universitaires, qui mènent vers la recherche, les grandes écoles ont créé des diplômés complémentaires très professionnels. "Si le diplômé se sent faible dans une dimension après son master, je lui conseillerais de continuer directement en mastère spécialisé (MS) car c'est une formation dense qui mène à un projet très défini en six mois de cours et six mois de pratique en entreprise. Mais s'il a une proposition d'embauche conforme à ses objectifs, il aurait tort de la laisser passer…", répond Pascale Martin-Saint-Etienne, directrice des mastères spécialisés d'ESCP Europe.

POUR DES JEUNES COMME POUR DES CADRES

Masters of science (MSc), mastères spécialisés (MS), masters of business administration (MBA), masters d'écoles… accueillent étudiants et professionnels soucieux de compléter leur parcours. Avec une attractivité d'autant plus forte que, face à un contexte économique morose, de plus en plus d'étudiants souhaitent acquérir une qualification supplémentaire pour retarder leur entrée sur le marché du travail et apporter un plus à leur parcours. Que ce soit en acquérant une double compétence (sciences et gestion généralement) ou une expertise dans un domaine pointu. C'est aussi l'occasion pour certains – les titulaires d'un diplôme universitaire, par exemple – d'obtenir le sceau d'une grande école sur leur CV, ou pour de très bons étudiants qui ne seraient jamais sortis des rails de faire un choix totalement lié à leur épanouissement.

Bon nombre de professionnels en activité saisissent aussi l'opportunité de croiser leurs années d'expérience avec d'autres cadres (en MBA), ou de prendre du recul sur leur parcours pour ouvrir le champ à de nouveaux horizons. "Après le diplôme grande école d'HEC et 3-4 ans de consulting pour des grands groupes industriels, j'ai choisi de faire un MS pour me recentrer sur mon ambition première : devenir scénariste et créatrice de séries télévisées, confie Julie Chemla, diplômée 2007 du MS médias de l'ESCP Europe. Le MS m'a permis de me réinsérer professionnellement grâce à une formation généraliste, de vrais stages et des rencontres avec un panel de professionnels reconnus."

COHÉRENCE, LE MAÎTRE MOT DE VOTRE CHOIX

Mais attention, pour que le choix d'une telle formation soit payant, il faut absolument que le cursus choisi soit en accord avec son ambition professionnelle. " Pour faire son choix entre plusieurs écoles proposant des mastères spécialisés dans le même domaine, je conseillerais de regarder l'empreinte de l'école qui porte le diplôme, à savoir très pointue ou généraliste, estime Éric Parlebas, président de la Commission accréditation de la CGE (Conférence des grandes écoles). Je privilégierais de mon côté la petite école bien nichée qui dispose de nombreux partenariats avec les entreprises et d'un bon placement. Mais il peut aussi être judicieux de choisir une grande école pour la marque prestigieuse sur le CV. Dans tous les cas, il faut se spécialiser ou hybrider des compétences qui font sens avec une motivation. "

Sans compter qu'il faut être bien conscient que ces cursus d'excellence pratiquent généralement une sélection assez sévère et accueillent des promotions multiculturelles. Le MBA de la prestigieuse SDA Bocconi (Milan) ne recrute ainsi que deux étudiants français par an au sein d'une promotion qui recouvre 30 à 35 nationalités. Si certains MBA ouvrent aujourd'hui leurs portes à des diplômés sans expérience, sachez qu'ils s'adressent historiquement plus précisément à des profils expérimentés, dans une logique de formation tout au long de la vie.

Enfin, si ces programmes sont censés ouvrir sur de solides débouchés et une bonification salariale deux ans après l'obtention du diplôme, c'est un élément à nuancer selon le pays, le secteur d'activité visé… et la ténacité du diplômé. " Le mastère spécialisé nous apporte quelques points d'accroche, mais il ne fait pas tout!, prévient Julie Chemla. Dans un marché difficile, c'est à nous de nous démener et de provoquer les rendez-vous. "

LA GRIFFE "MASTÈRE SPÉCIALISÉ"

Délivré pas les grandes écoles accréditées par la Conférence des grandes écoles, le mastère spécialisé est une formation typiquement française créée en 1985 et qui compte aujourd'hui 86000 anciens diplômés. "Le MS n'est pas vraiment normé sur le processus de Bologne, puisqu'il correspond à un bac +6, explique Éric Parlebas. Mais la marque commence à s'exporter. Un nombre croissant de MS proposent des enseignements en anglais ou une partie de cursus à l'étranger et 30% des inscrits en MS ont aujourd'hui des passeports étrangers." Pour faire partie des heureux élus, il faut passer le cap d'une sélection sur dossier, tests et entretien. Le profil des admis est généralement très diversifié. Les MS de l'ESCP Europe accueillent ainsi généralement 43% d'ingénieurs et de scientifiques, 12% de diplômés d'ESC, 28% de diplômés en sciences humaines, 15% en économie et finance et 2 % en arts.

Qu'ils apportent une spécialisation ou une double compétence, les mastères spécialisés représentent généralement une vraie valeur ajoutée aux yeux des recruteurs. A condition de bien les choisir. "Le MS est un formidable accélérateur de carrière mais seulement s'il est choisi en fonction d'un projet professionnel bien défini, et s'il apporte une expertise dans un domaine qui n'aurait pas été abordé dans un parcours antérieur", prévient Pascale Martin-Saint-Etienne.

Le MS est labellisé après une procédure d'accréditation de la CGE. "Dix-sept points sont passés au peigne fin, dont le niveau de recrutement (70 % des inscrits au niveau bac+5, et des bac+4 avec trois ans d'expérience), le contenu de la formation (350 heures de cours, avec une thèse professionnelle après un passage en entreprise ou un stage) ou son adéquation avec les besoins des entreprises. Les débouchés sont indéniablement le point fort de ce cursus, avec des primes sur le salaire par rapport à un bac+5", explique Éric Parlebas. Ce que confirme Irina Serban, inscrite en mastère spécialisé droit et management international à ESCP Europe, après un master professionnel en droit des affaires et un certificat d'aptitude à la profession d'avocat: "Alors que je ne suis pas encore diplômée, une collaboration m'a été directement proposée au sein d'un cabinet d'affaires parisien, avec des honoraires à l'embauche sensiblement supérieurs à la grille de rémunération de l'Union des jeunes avocats du barreau de Paris."

LE MBA, DIPLÔME AUX MULTIPLES FACETTES

Le MBA (Master of business administration), diplôme international haut de gamme, peut quant à lui être un bon tremplin pour propulser sa carrière et acquérir une vision globale de l'entreprise, généralement après plusieurs années de vie active. Si la sélection sur dossier et tests (GMAT et TOEFL/TOEIC/IELTS) est souvent sévère (180 admis sur 1 300 candidats à HEC), il offre l'avantage de partager son expertise avec d'autres cadres, issus de secteurs d'activité diversifiés et de multiples pays.

Mais attention, l'offre de MBA est loin d'être uniforme car l'appellation MBA n'est pas protégée et on peut en préparer un aussi bien à la fin de ses études qu'en ayant déjà travaillé. "Pour l'ensemble de la profession, un MBA est une formation qui s'adresse à des cadres internationaux qui ont de cinq à six ans d'expérience professionnelle avant d'intégrer le programme, tient à préciser Bernard Ramanantsoa, directeur général d'HEC. C'est par ailleurs un programme généraliste, en accord avec le modèle américain, même si on peut avoir des majeures [NDLR : spécialités] en deuxième année. Le label britannique AMBA considère d'ailleurs ces deux critères pour accréditer les meilleurs MBA de la planète." En France, 16 programmes sont labellisés AMBA, gage de reconnaissance à l'échelle mondiale pour les diplômés. Pour vous aider à faire votre sélection, n'hésitez pas aussi à vous appuyer sur le classement de référence du Financial Times. Pensez aussi aux deux labels internationaux, AACSB et Equis, qui garantissent l'excellence d'une école.

Enfin, de nombreux MBA sectoriels ou spécialisés ont vu le jour. Si certains sont peu lisibles sur le marché, d'autres bénéficient d'une bonne réputation, tels que l'Aerospace MBA de l'ESC Toulouse accrédité par l'AMBA. L'essentiel est que le MBA que vous choisirez vous permette, comme l'explique Bernard Ramanantsoa "soit de donner une inflexion sectorielle à votre parcours, soit de booster votre carrière vers le haut. Dans tous les cas, il y a une évolution à la sortie: de secteur, de pays ou de fonction. Le MBA est aussi la garantie d'une plus-value salariale. En moyenne, les titulaires d'un MBA triplent leur salaire entre le moment où ils entrent dans la formation et les trois années qui suivent ".

Marie-Aline Desvignes
MSc, le petit dernier des grandes
Normé bac+5, le MSc est né en 2002 et s'adresse plus spécialement à des étudiants étrangers possédant un Bachelor of science (le niveau master I est requis pour les rares Français accueillis). On en compte aujourd'hui 55, dont trois quarts en école de commerce. Le MSc in International management d'ICN business school accueille par exemple 87 % d'étudiants étrangers. Par ailleurs, environ 80 % des admis en MSc n'ont pas d'expérience professionnelle ou une expérience de moins de trois ans. "Tourné vers l'international, le MSc s'appuie sur un enseignement intégralement en anglais. Les études durent au moins trois semestres et comportent un mémoire de recherche, précise éric Parlebas. Tout comme le mastère spécialisé, ce programme bénéficie d'un contenu pédagogique et d'un corps professoral de haut niveau, et de débouchés remarquables."

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