Après que le grand public ait su que Air Madagascar a dû passer en… « Check » devant l’Autorité de sécurité aérienne de la Commission européenne, plus d’un curieux voudraient savoir l’allure exacte des contrats de location des deux Boeing 767 utilisés actuellement par cette compagnie aérienne nationale. Des contrats qui restent douteux, sur plusieurs points.
Depuis juin 2004, le premier Boeing 767, âgé de 20 ans, a été loué par Air Madagascar chez Muzun Leasing One Ltd pour un loyer mensuel de 275.000 dollars (soit près de
2.750.000.000 Fmg), avec dépôt de garantie de 825 000 Dollars (8 250 000 000 Fmg). Ce premier contrat ayant expiré en juin 2009, la compagnie aérienne nationale l’a reconduit jusqu’en juin 2014, avec option de prorogation de 24 mois, pour, cette fois – ci, un loyer mensuel de 475 000 Dollars (4 750 000 000 Fmg). Soit 2 milliards Fmg de plus qu’en juin 2004. Le second Boeing 767, âgé de 19 ans, a été loué chez Airplanes Limited, depuis juin 2008 jusqu’en janvier 2016, pour un loyer mensuel (et durant les premiers 60 mois) de 475 000 Dollars (4 750 000 000 Fmg) et, pour les 30 derniers mois, de 460 000 Dollars (4 600 000 000 Fmg). Là, Air Madagascar a dû débourser la coquette somme de 1 400 000 Dollars (114 000 000 000 Fmg) de dépôt de garantie dans les caisses de Airplanes Limited.
Les deux contrats en question comportent également des clauses de réserves de maintenance, payées, en supplémentaire et par mois, par Air Madagascar aux deux loueurs. Des réserves de maintenance qui sont destinées à couvrir les coûts de maintenance éligibles contractuellement, c’est – à – dire à partir du Check C pour la structure et du remplacement des pièces à vie limitée pour les moteurs. En tout cas, jusqu’à ce jour, la compagnie aérienne nationale a déjà déboursé, à ce titre, la somme de 12 796 900 Dollars (127 969 000 000 Fmg) pour le premier Boeing 767 et celle de 212 660 Dollars (2 126 600 000 Fmg) pour le second. Réserves de maintenance qui édictent de même que, après opérations de maintenance effectuées, les deux loueurs doivent rembourser les reliquats à Air Madagascar. Ainsi, pour le premier Boeing 767, Muzun Leasing One Ltd a déjà remboursé la somme de 7 806 760 Dollars (78 067 600 000 Fmg) et, pour le second, Airplanes Limited a déboursé près de 144 770 Dollars (1 447 700 000 Fmg).
Clauses savamment verrouillées
D’autres clauses de ces deux contrats ont été, pour ainsi dire, savamment verrouillées pour que Air Madagascar ne puisse pas facilement s’en défaire. Ainsi, il est quasiment impossible pour cette dernière de résilier ces deux contrats avant terme, sauf en cas de non respect de leurs obligations contractuelles par les deux loueurs. Alors que lesdites obligations sont non seulement légères mais également très faciles à réaliser : existence légale des loueurs ; absence de charges grevant les deux appareils, sauf celles déjà existantes au moment de la signature des contrats ; transfert des garanties constructeurs ; garantie à Air Madagascar d’une jouissance paisible des appareils, c’est – à – dire non immixtion dans leur exploitation ; contribuer légèrement aux coûts de maintenance. En parallèle, ces deux loueurs ont pu faire accepter à Air Madagascar de louer deux aéronefs « as is, where is », c’est – à – dire en l’état. En d’autres termes, cette dernière a expressément accepté de louer deux appareils déjà « vieux » (20 et 19 ans). Pis, il incombe entièrement Air Madagascar de prendre en charge, avec infime contribution des deux loueurs, le montant total des coûts de maintenance.
Enormes « représailles » financières
Quoi qu’il en soit, si la compagnie aérienne nationale va se hasarder à procéder au retour, anticipé et non négocié, de ces deux aéronefs à leurs propriétaires respectifs, elle va être exposée à des « représailles » financières énormes : paiement aux deux loueurs de tous les loyers correspondant à la période restante de la location ; paiement des coûts de visite de retour des deux appareils ; paiement des coûts de… replacement des deux appareils sur le marché ; paiement des honoraires d’Avocats ; etc. Autant de sommes à débourser qui seraient en millions de Dollars. D’ailleurs, si tel est le cas, les deux loueurs vont garder la totalité des sommes déposées en garantie (évaluées à 2 225 000 Dollars ou 22 250 000 000 Fmg) ainsi que le reste des réserves de maintenance. Bref, sous la… baguette magique de Marc Ravalomanana durant son règne, Air Madagascar est actuellement poussée en pleine zone de très fortes turbulences. D’ailleurs, ses deux « copains » de loueurs, sans foi ni loi, ont tout simplement négligé les opérations de maintenance des deux aéronefs, alors qu’ils ont déjà pu empocher des sommes astronomiques, pour ce faire, de la part de Air Madagascar. A preuve, rien que la semaine dernière, l’un de ces deux Boeing, pourtant fraîchement sorti d’un Check C, a eu son système de freinage en surchauffe, ayant occasionné ainsi la crevaison de trois de ses pneus à l’aéroport de Guangzhou (Chine). En d’autres termes, de par les fautes exclusives de ces deux loueurs, l’enseigne de Air Madagascar, et l’honneur de la Nation, risqueraient d’être malmenés par l’Autorité de sécurité aérienne de la Commission européenne.
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