Thursday, April 28, 2011

Incident ou attentat ?


La Présidence crie au sabotage, après que l'avion devant conduire Andry Rajoelina en Zambie a dû rebrousser chemin, une vingtaine de minutes après le décollage.
Coup de théâtre à l'aéroport international d'Ivato. L'avion censé conduire la délégation conduite par Andry Rajoelina, président de la Transition, dans ses déplacements en Afrique australe, a rencontré un problème. Les autorités n'hésitent pas à évoquer « un acte de sabotage ». L'appareil a dû atterrir une vingtaine de minutes après le décollage, hier vers 15 heures, à la Base aéronavale d'Ivato. « Les deux pilotes du jet privé ont réalisé que l'avion a eu des problèmes techniques et n'a pu atteindre l'altitude normalement requise », soutient le communiqué de la Présidence.
Toujours selon le communiqué, les premiers constats des pilotes comme des enquêteurs déduisent que « le jet privé a fait l'objet d'un sabotage technique ». Ce que confirmerait l'un des pilotes qui a déclaré que « les réacteurs auraient risqué d'exploser en plein vol (...) s'ils avaient forcé le jet privé à prendre de l'altitude ».
Après l'atterrissage forcé, les pilotes ont « procédé à la fouille minutieuse de l'intérieur de l'aéronef. Ils ont pu constater que l'une des couvertures et les toilettes de l'avion venaient d'être utilisées ». La Présidence rapporte une conclusion selon laquelle « une ou des personnes étaient présentes à l'intérieur du jet privé, avant l'embarquement ».
Selon un témoin oculaire, une autre scène inhabituelle a été remarquée avant le décollage de l'avion. « L'équipage a eu du mal à fermer la porte d'accès de l'appareil. Ils ont dû refaire cinq fois l'opération avant de la réussir. Mais personne n'a pensé que c'était grave », raconte l'une des personnalités présentes sur les lieux avant le départ de l'avion.
Les membres du gouvernement et collaborateurs du président de la Transition avaient déjà quitté les lieux après le décollage. « La tête du cortège se trouvait du côté de la route digue, d'autres voitures étaient aux environs de Talatamaty lorsqu'ils ont été informés de l'incident. Ils ont vite fait demi-tour pour revenir à l'aéroport », relate un témoin.
Surveillance stricte
Andry Rajoelina aurait été « furieux » selon une personne assistant à la scène. Il a donné des ordres pour l'ouverture d'une enquête « afin de déterminer les circonstances réelles qui entourent cet acte de sabotage », précise le communiqué de la Présidence.
La question qui se pose, concerne les circonstances et la possibilité pour les présumés saboteurs de s'infiltrer dans l'aéronef. Celui-ci était immobilisé à Ivato depuis mardi, après avoir ramené Andry Rajoelina et sa famille du Qatar. En principe, il devait faire l'objet d'une surveillance rapprochée et stricte.
Pierre Holder Ramaholimasy, conseiller de Andry Rajoelina et membre du Conseil supérieur de la transition, résume sa réflexion autour de deux questions. « Si c'est un sabotage politique, quel en est l'objectif? éliminer le Président ou l'empêcher de poursuivre le lobbying auprès des chefs d'États de la SADC? ».
« En tout cas, tout est déjà ficelé pour ce qui est des audiences », rassure-t-il, balayant du revers de la main tout contre-temps dans le programme présidentiel. Effectivement, dans la soirée, la Présidence a annoncé un nouveau départ de la délégation prévu très tôt, ce matin. En principe, celle-ci comprend, entre autres, Raharinaivo Andrianatoandro, président du Congrès, et Yvette Sylla, ministre des Affaires étrangères. Elle devra rallier la Zambie, l'Angola, la République démocratique du Congo, l'île Maurice et l'Afrique du Sud.


Une fâcheuse série
Ce n'est pas la première fois que l'homme fort de la Transition est touché par des faits inhabituels, la veille d'un rendez-vous important. L'on se souvient du tir essuyé par la voiture présidentielle, peu avant le Sommet de Maputo III, en décembre 2009. De même, un engin avait explosé sous le véhicule qui le conduisait, la veille du paraphe de la feuille de route au mois de mars.
Pour l'instant, les autorités n'ont pas encore divulgué les résultats des enquêtes relatives à ces faits. L'incident qui s'était produit au marais Masay, avait coûté au colonel Claude Razafimahatratra son poste de directeur de la sécurité présidentielle.

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