Une vingtaine de filles en partance pour l’Arabie Saoudite et le Koweït ont été interdites de sortie, jeudi soir, et leurs passeports ont été confisqués par les services officiels. Motif : leurs contrats de travail (généralement en tant que femmes de ménage) n’ont pas été soumis à l’approbation du ministère du Travail et des Lois sociales. Signalons effectivement que depuis les cas récents de maltraitance sur les femmes de ménage malgaches du Liban, une nouvelle législation (ou plus précisément une nouvelle disposition) est appliquée et ces filles seraient donc en infraction avec ce texte. L’incident ayant fait grand bruit, le public généralement a exprimé l’opinion suivante : après le battage médiatique fait sur les cas du Liban, ces filles se rendaient en toute connaissance de cause au Moyen-Orient et on aurait dû les laisser partir. D’autant, ajoute-t-on, que l’Etat ne crée pas d’emplois et en a même fait perdre des milliers avec par exemple les péripéties de l’Agoa.
En fait dans l’affaire, c’est l’Etat malgache qui est en infraction avec les libertés publiques et les droits fondamentaux des citoyens, lesquels figurent dans la Constitution (celle de la Troisième comme de la Quatrième République, on ne sait plus laquelle a cours aujourd’hui). La liberté de circulation, au pays comme à l’extérieur, aurait dû être accordée à ces filles. Dans leur cas, on en revient à la situation sous la Révolution Socialiste avec obligation pour les citoyens qui voulaient sortir à l’extérieur de solliciter l’agrément du ministère de l’Intérieur.
Mais la Révolution socialiste n’était pas du tout un modèle en matière de liberté… Signalons que les grandes démocraties n’interdisent pas à leurs ressortissants de se rendre dans des endroits en guerre, et donc dangereux comme l’Afghanistan, l’Irak ou la Libye. Ou là où ils risquent d’être enlevés et pris en otage comme en Colombie, au Niger ou au Mali. Ces démocraties se contentent d’informer sur la dangerosité de ces lieux et de recommander à leurs citoyens de ne pas s’y rendre.
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