Alors que le premier Conseil des ministres a unanimement pris la décision de faire baisser, de l’ordre de 25%, les propres salaires de ses membres et, de 50%, le montant de leur indemnité forfaitaire d’installation, une cinquantaine des membres du Congrès de la Transition, ont, sans scrupules, réclamé le reste de leurs indemnités non payées. Ainsi, Exécutif et Législatif transitoires ne parlent pas le même langage, alors que l’un comme l’autre ont juré respect de l’intérêt supérieur de la Nation.
Chacun interprète ce qu’il entend par intérêt supérieur de la Nation. Exécutif et Législatif, à chacun sa position. Si les membres du gouvernement ont témoigné leur volonté de servir laNation, certains membres du Congrès de la Transition (Ct) ont profité de la période transitoire pour se remplir les proches et privilégient leurs intérêts personnels. L’Hémicycle de Tsimbazaza a été, dans la journée d’hier, le théâtre d’un véritable chamboulement, une ambiance qui sort de l’ordinaire, créée par les Parlementaires eux - mêmes. Ainsi, ces quelque cinquante membres du Ct, conduits par Robert Razaka et Boniface Zakahely, ont tenu hier une réunion d’« urgence » afin de mettre en place une Commission ad hoc pour revendiquer leurs indemnités. Selon leurs propres explications, ils n’ont reçu que la moitié de leur droit en chèque carburant, sont privés de leur droit en Assistant parlementaire, sans parler de la baisse de leur salaire par rapport à ce qui a été prévu.
Chose curieuse, juste au moment où les membres du Gouvernement ont jugé qu’une baisse de leur salaire est préférable en ce temps où le pays traverse une période difficile, ces personnalités, censées être porteurs de la voix du Peuple, donc de l’intérêt général, oublient leur principale mission et ont haussé le ton pour défendre leurs propres intérêts. Ces membres du Congrès de la Transition ont reçu un salaire net de 12 000 000 de Fmg par mois alors que leur salaire brut est estimé à 17 000 000 de Fmg. Ces Parlementaires ont voulu savoir où sont passés les 5 000 0000 de Fmg, sans penser à l’Igr de 1 million d’Ariary. « Comme convenu au début de notre installation au sein de l’Hémicycle, notre salaire net est de 17 000 000 de Fmg. A cet effet, l’Etat devrait nous payer de rappel concernant notre salaire », ont – ils expliqué.
Leur salaire de 12 millions de Fmg par mois a déjà créé un sentiment de frustration aux contribuables qui ont sué pour payer cette somme colossale. Pourtant, ils ne se sont pas contenté de percevoir cette enveloppe mais réclament également l’Igr. Ils riaient surement sous cape du bon exemple donné par les membres du Gouvernement. Outre ces différentes revendications, certains d’entre eux ont expressément été à l’origine des bruits qui courent selon lesquels les élections législatives n’auront lieu que vers la fin de l’année 2012. Ceci, afin de profiter de la période de Transition pour percevoir cette somme colossale sans passer par le verdict des urnes.
Pleure, ô mon pays bien – aimé !
Parallèlement, ces « Parlementaires » ont réclamé la nomination de 8 Assistants parlementaires pour chacun des 250 membres du Gongrès de la Transition.Et dans le cadre de la mise en œuvre de la Feuille de route, ce nombre connaîtra dans les prochains jours une hausse et on ne peut qu’imaginer la somme qui va sortir des caisses de l’Etat pour le paiement de salaires des 2 000 Assistants, rien que pour ces 250 Parlementaires, sans parler pour le moment de la liste additive à la suite de l’élargissement de ces Institutions. « Les membres du Cst ont droit à 8 Assistants et pourquoi pas nous ? », ont osé crier haut et fort ces sinistres personnages qui ont l’audace de revêtir l’habit de représentant du Peuple. Notons pourtant qu’une somme de 1 500 000 Fmg, équivalant au salaire d’un Assistant parlementaire, est déjà introduite aux 12 000 000 de Fmg qu’ils perçoivent. Comme leur boulimie est sans limite, ils réclament encore et encore les salaires des 7 autres Assistants parlementaires, 1 500 000 fois 7, ces membres du Ct attendent donc un surplus de 10 500 000 de Fmg. La honte nationale ! Pleure, ô mon pays bien – aimé !
Ils ont par la suite envoyé des représentants au ministère des Finances pour demander des explications concernant la retenue de 5 millions de Fmg. Ainsi, dans la journée d’hier, le ministre des Finances s’est même déplacé à l’Hémicycle de Tsimbazaza afin de donner, semble – t - il, sa version sur le calcul de l’Igr. Question chèque carburant, ces membres du Ct bénéficient d’un montant de 4 millions de Fmg par mois. Cependant, ils ont pensé qu’ils ont plutôt droit à 8 millions de Fmg. Sur ce droit, ils ont pointé du doigt les membres du Bureau permanent du Congrès de la Transition et les ont taxés de « gourmandise » sans vouloir partager avec les autres.
« Notre revendication touche les indemnités et autres avantages déjà prévus au règlement intérieur et loin de nous de réclamer une hausse concernant ces acquis », ont - ils argué pour se défendre, sans accorder une pensée aux membres du Gouvernement qui ont décidé de faire baisser leurs avantages déjà acquis également. Si l’Exécutif espère que son initiative va servir d’exemple dans la mission de servir la Nation sans penser aux intérêts personnels, visiblement, le Législatif, du moins la Chambre basse, ne compte pas suivre sa trace.
Jusqu’ici donc, la baisse de salaire n’est qu’une affaire de l’Exécutif. Plus d’un observateur imaginent déjà la réaction de ces Parlementaires si cette décision va également toucher les deux Chambres du Parlement.
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