Thursday, April 28, 2011

La danse contemporaine malgache


C'est en 1994, avec l'organisation du premier concours de danse contemporaine à Madagascar pour la sélection de la compagnie représentant le pays lors de la rencontre inter-africaine de Danse en creation, que la danse contemporaine malgache a su imposer son originalité sur la scène africaine. Ce premier concours honoré par la présence d'une chorégraphe burkinabé Irène Tassembedo a révélé des chorégraphes comme Théo Ranjivason pour le premier prix, Ariry Andriamoratsiresy pour le second et Saraela Ramparany pour le troisième.
A ses débuts, les créations chorégraphiques malgaches se présentaient sous la forme d'une fusion de pas traditionnels et de pas modernes ou jazz. Presque toute la majorité des créateurs avait tendance à se soucier des juxtapositions des mouvements et gestuels sans trop approfondir l'idée de conception symbolique et relation entre la gestuelle et le propos. Mais suite aux multiples reconnaissances, les créateurs malgaches ont tenté de professionnaliser la danse contemporaine autour de la recherche chorégraphique et pédagogique, pour une reconnaissance à la fois nationale et internationale. On trouve ainsi de plus en plus de compagnies comme à Antananarivo, Tamatave, Diégo, telles Tsingory, Disaraga, Hitsikitsika, Ballet7, Mazara, qui participent à de multiples concours regroupant des chorégraphes africains.
En 1995, la compagnie Tsingory a par exemple été sélectionnée pour participer à la première édition du concours Danse en creation organisé par l'Afrique en Création qui s'était déroulée à Luanda Angola. La compagnie TSINGORY a obtenu le second prix avec la compagnie Tumbuka Dance de Zimbabwe. Le premier prix a été décerné à la compagnie Moving to Dance de l'Afrique du Sud.
En 1996, la première édition Karajia, un festival de danse annuel, a regroupé une dizaine de groupes de danse. Karajia est la seule occasion pour les anciens et les jeunes créateurs malgaches de pouvoir s'exprimer et se rencontrer. C'est aussi le vrai moteur de toutes créations et tous spectacles vivants dans le domaine de la danse. La majorité des créations contemporaines a été représentée à ses premières dans Karajia.
En 1998, lors de Karajia III, l'Agence Totem organisateur de ce festival a mis en place un concours sur tous les niveaux et toutes les disciplines : chorégraphie contemporaine, chorégraphie traditionnelle et danseur individuel. Pour les chorégraphies contemporaines, le premier prix a été remis à la Compagnie Rary, le second à la Compagnie Tsingory, et le prix de révélation à la Compagnie Vainala.
Ce festival à été un tournant pour la danse contemporaine malgache. A partir de ce moment, toutes sortes de créations contemporaines jaillissent avec succès d'une compagnie à l'autre : Sösy Tian'ady (Compagnie Rary), Lambako (Compagnie Tsingory), Mifö (Compagnie Vainala), Baraingo (Compagnie Tsingory), Mpirahalahy Mianala (Compagnie Rary), Vaiavy (Compagnie Vainala), An-Tanam-By (Compagnie Rary)…
De nouvelles formes artistiques comme le Hip Hop commencent à influencer les chorégraphes contemporains. On trouve ainsi des formations comme la Compagnie Up the Rap et la Compagnie Punisher, la troupe The Specialists, qui a inventé un style de chant et danse appelé Rasöva. Cette troupe a été sollicitée pour créer une pièce chorégraphique avec la troupe de danse Hip Hop française Trafic de Style.
Il faut attendre l'année 2000, pour une reconnaissance de la danse contemporaine malgache dans la majeure partie du continent africain ainsi que dans la région de l'Océan Indien, par l'intermédiaire de rencontres et de festivals. Le plus marquant a été la rencontre chorégraphique de l'Afrique et de l'Océan Indien. Les danseurs malgaches n'ont jamais été absents lors des quatre éditions de ces rencontres : la Compagnie Tsingory a été présente lors de la première édition en 1995 Angola Luanda, la Compagnie Angora en 1998 Angola Luanda lors de la seconde, la Compagnie RARY en 1999 Antananarivo Madagascar durant la troisième édition et la Compagnie Rary 2001 Antananarivo Madagascar pour la quatrième.
Presque la majorité de ces compagnies de danse contemporaine sont invitées à d'autres festivals ou rencontres à l'île de La Réunion, à l'île Maurice, aux Seychelles, à Mayotte, aux Comores. Mais elles commencent aussi à se faire connaître en Europe. Cependant, on espère toujours qu'elles continuent à élargir leur domaine dans la Grande Ile.
Un moyen pour communiquer dans le cercle religieux.
La danse contemporaine a beaucoup évolué ces dernières années ; elle a gagné en effectifs mais aussi en professionnalisme. La danse n’est plus demeurée un art, elle est devenue une profession, un métier qui peut nourrir son homme. La danse ne reflète plus seulement une identité artistique, culturelle, elle est utilisée comme moyen d’expression et de communication dans le cercle religieux à partir de l’expression corporelle telle, que la pratiquent des artistes évangéliques ou des chorales dans les édifices religieux. Et ce alors qu’auparavant, les deux entités, danse et religion étaient très souvent en conflit.

La danse contemporaine malgache est un art, en tant que créativité, éducation et formation qui reproduit une identité culturelle. Même dans les rencontres internationales, à partir de l’expression corporelle, la danse contemporaine donne une vision de la vie de la société malgache actuelle par les créateurs.
Un laboratoire international comme échange

Au Tahala Rarihasina et au CGM Analakely, deux semaines seront consacrées au mois d’août prochain à un laboratoire chorégraphique international à l’intention des passionnés de danse contemporaine.

Intitulé « Labdihy », c’est une rencontre internationale entre les chorégraphes , avec la présence d’invités danseurs. Des conférences, des formations, des échanges, des partages seront au programme. De nombreux danseurs et artistes de plusieurs pays y participeront, en provenance de lieux comme l’Afrique du Sud, le Sénégal, la France, l’Espagne, l’Afrique centrale et l’Afrique de l’ouest.

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