Le président de la Transition officialise ses douze commandements dans la gestion des affaires nationales au niveau du gouvernement.
Andry Rajoelina, président de la Transition, fixe des règles auxquelles les ministres doivent se conformer, réduisant dans une certaine mesure leur marge de manœuvre. Il a énoncé les « grandes décisions (...) aux nouveaux membres du gouvernement », selon le communiqué de la Présidence, lors du premier conseil des ministres de la nouvelle équipe qui s'est tenu hier, à Iavoloha.
Ces mesures, au nombre de douze, touchent, entre autres la suspension de l'octroi de licences dans différents secteurs, en passant par celle de « l'adoption de textes réglementaires pouvant générer des impacts significatifs sur les finances publiques », toujours selon le communiqué. « Toutes les grandes décisions, attenant à la révision à la hausse de divers avantages des agents de l'État, doivent relever de la compétence du gouvernement de la IVe République ».
Andry Rajoelina donne également des consignes concernant les dépenses supérieures à Ar 200 millions: elles doivent être validées par le Premier ministre, le général Camille Vital, et par lui-même. Plusieurs autres initiatives nécessitent ce double contrôle à la tête de l'Exécutif, telles les missions extérieures des ministres.
Par ailleurs, d'autres résolutions devront être soumises en conseil des ministres. Ainsi les membres du gouvernement ne peuvent pas prendre des décisions d'exonération de paiement de droits et taxes douaniers, de contracter des dettes extérieures « sauf nécessité impérieuse ».
Leçons tirées
Le président de la Transition rappelle que ces grandes décisions ont été prises depuis mars 2009. Le communiqué officiel indique que certaines mesures avaient permis d'économiser des fonds, à moins qu'elles n'aient été prises suite à la gabegie constatée.
Dans une certaine mesure, les commandements présidentiels devraient permettre d'encadrer les éventuels dérapages au sein de ce premier gouvernement dit d'union nationale. Certains ministres les accueillent avec philosophie. « Le président semble avoir tiré des leçons afin d'éviter que certaines pratiques ne se renouvellent », confie l'un d'eux. Mais dans ce cas aucune mesure ne semble pourtant avoir été prise à la suite d'une gabegie, sauf le limogeage ou le remplacement des éventuels fautifs.
Pour l'instant, aucune voix discordante ne s'est encore élevée. Néanmoins, certaines remarques sont faites sur l'initiative. « C'est peut-être l'une des conséquences du consensus et de l'inclusivité, mais tout cela ne doit pas aller en sens unique », observe un ministre.
D'un autre point de vue, la décision de Andry Rajoelina pourrait être perçue comme une velléité de placer une panoplie de mesures afin de contrôler les membres du gouvernement. En effet, plusieurs membres pourraient devenir des adversaires politiques du régime aux prochaines élections. Aux grandes décisions annoncées à Iavoloha s'ajoute la circulaire de Mahazoarivo qui interdit le remplacement des staffs ministériels au niveau central et régional.
Salaire réduit pour les ministres
Les membres du gouvernement doivent serrer la ceinture. Selon le communiqué de la présidence de la Transition, ils ont « d'une manière unanime, décidé d'abaisser de l'ordre de 25% leurs salaires », lors du conseil des ministres qui s'est tenu à Iavoloha hier. Toujours selon le communiqué, la mesure a été prise « au nom de l'intérêt supérieur de la Nation » et ce, « consécutivement à la sollicitation du président de la Haute autorité de la transition ».
Selon certaines sources au courant du dossier, l'initiative a été adoptée pour donner l'exemple auprès de l'opinion d'autant que le pays traverse une crise depuis deux ans. Il reste à savoir si elle va provoquer une impulsion, ne serait-ce qu'au niveau du Conseil supérieur et du Congrès de la Transition, qui comptent respectivement 90 et 256 membres, sans parler d'une éventuelle extension, et dont les membres réclament une indemnité mensuelle de 18 millions d'ariary.
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