Lundi 25 mars 2012
L'ex-premier ministre Macky Sall est devenu dimanche le nouveau chef de l'Etat sénégalais en battant au second tour de la présidentielle son rival Abdoulaye Wade qui a reconnu sa défaite avant même les résultats officiels d'un scrutin qui s'est déroulé pacifiquement. "Ce jour est un grand jour pour le Sénégal", a réagi Arona Ndoffene Diouf, un des conseillers de Macky Sall.
En dépit des craintes suscitées par la nouvelle candidature du président Wade, 85 ans, élu en 2000 et réélu en 2007, la victoire acceptée de son ancien ministre et premier ministre qu'il appelait son "apprenti", témoigne de la vitalité démocratique du Sénégal. "Mes chers compatriotes, à l'issue du second tour de scrutin" de dimanche, "les résultats en cours indiquent que M. Macky Sall a remporté la victoire", a déclaré le président Wade, selon un communiqué diffusé dans la soirée par la présidence. "Comme je l'avais toujours promis, je l'ai donc appelé dès la soirée du 25 mars au téléphone pour le féliciter", a expliqué le chef de l'Etat sortant.
"JE SERAI LE PRÉSIDENT DE TOUS LES SÉNÉGALAIS"
A Dakar, dimanche soir 24 mars 2012.
"Ce (dimanche) soir, un résultat est sorti des urnes, le grand vainqueur reste le peuple sénégalais", a déclaré de son côté M. Sall, qui s'apprête à devenir, à cinquante ans, le quatrième président du Sénégal depuis l'indépendance, lors d'une conférence de presse dans la nuit dans un grand hôtel de la capitale. "Je serai le président de tous les Sénégalais", a-t-il promis, remerciant notamment le président Wade pour son appel téléphonique. "Ce soir une ère nouvelle commence pour le Sénégal", s'est félicité le vainqueur du scrutin, qui lui aussi a salué la maturité des électeurs et de la démocratie sénégalaise. "L'ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l'immensité des attentes de la population, j'en prends toute la mesure. Ensemble, nous allons nous atteler au travail", a-t-il conclu.
"C'est encore une preuve de la maturité du peuple sénégalais et de la classe politique", a commenté le président de la Commission électorale nationale autonome (CENA), chargée de superviser le scrutin. Les premiers résultats officiels ne sont pas attendus avant mardi ou mercredi, mais les chiffres bureau par bureau égrenés depuis la fermeture des bureaux de vote à 18 heures par les médias sénégalais donnent l'opposant, en tête dans la plupart d'entre eux.
Dans le quartier du Plateau à Dakar dimanche soir 24 mars 2012.
"CETTE FOIS ÇA Y EST !"
Avant même l'annonce de sa victoire, des milliers de personnes se sont rassemblées devant le siège de campagne à Dakar de Macky Sall, aux cris de "Macky président", "Cette fois ça y est !" ou "On a gagné" et en dansant au son d'une musique rythmée poussée à fond par une puissante sonorisation. Des scènes de liesse similaires ont eu lieu toute la soirée dans plusieurs quartiers de Dakar, y compris au cœur de la ville, Place de l'Indépendance, proche du palais présidentiel. Hormis l'action d'hommes armés qui ont perturbé le vote dans quelques bureaux en Casamance (sud), région en proie à une rébellion indépendantiste depuis trente ans, aucun incident grave n'a été signalé lors du scrutin dans le reste du pays.
La campagne pour le premier tour laissait craindre que le Sénégal, seul pays d'Afrique de l'Ouest à n'avoir jamais fait l'expérience d'un coup d'Etat, bascule dans un cycle de violences. Des manifestations avaient éclaté lorsque le Conseil constitutionnel avait validé la candidature de Wade à un troisième mandat. Six personnes avaient été tuées dans ces manifestations pré-électorales, la France et les Etats-Unis faisant part de leurs doutes sur les velléités du président sortant.
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