Les talibans afghans ont juré lundi de venger le massacre de 16 civils, dont trois femmes et neuf enfants, perpétré la veille par un soldat américain dans la province de Kandahar, bastion taliban du sud de l'Afghanistan, promettant de redoubler leurs attaques contre les "sauvages américains malades mentaux".
Les talibans "vont venger chacun des martyrs tués sauvagement par les envahisseurs", lit-on sur le site Internet des insurgés islamistes à l'évocation du carnage de dimanche. "La majeure partie des victimes sont des enfants innocents, des femmes et des vieillards, massacrés par les barbares américains qui ont volé leur vie précieuse sans merci et maculé leurs mains de leur sang", disent encore les talibans dans leur communiqué.
"Les terroristes américains cherchent des excuses à celui qui a perpétré ce crime inhumain en prétendant […] que c'est un malade mental, poursuivent les insurgés. Si les auteurs de ce massacre étaient réellement des malades mentaux, alors cela illustre une nouvelle transgression morale de l'armée américaine parce qu'ils arment, en Afghanistan, des fous qui tournent sans réfléchir leurs armes sur des Afghans sans défense."
Dimanche, vers 3 heures du matin, "un soldat est sorti de sa base et il s'est mis à tirer. [Puis] il est rentré dans son bureau et a été placé en détention", a indiqué un responsable occidental. L'homme était "lourdement équipé" et disposait vraisemblablement "de lunettes à visée nocturne" pour perpétrer son forfait, selon une autre source occidentale. Onze personnes ont été massacrées dans une maison, quatre dans une autre et une dans une troisième, ces trois habitations se trouvant dans deux villages différents.
"Je ne peux pas expliquer les motivations à l'œuvre derrière ces actions insensées, mais ce n'était en aucun cas autorisé par l'ISAF", a observé le général Adrian Bradshaw, commandant adjoint de la force internationale présente dans le pays.
Selon la Maison Blanche, le président Obama a souligné auprès de M. Karzaï "l'engagement de son administration à établir les faits aussi vite que possible et à faire rendre des comptes à toute personne ayant une responsabilité" dans ce massacre. Le secrétaire américain à la défense, Leon Panetta, a assuré dimanche au président Karzaï qu'une "enquête complète" était "en cours". "Un suspect est en détention et j'ai assuré le président Karzaï que nous traduirions les responsables en justice", a dit M. Panetta dans un communiqué, soulignant combien il était "choqué et attristé qu'un soldat américain […] agissant clairement hors du contrôle de sa hiérarchie" soit impliqué dans cette tuerie. Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a fait part dimanche de sa "consternation" et de sa "tristesse".
La mort de ces civils est de nature à retarder la signature de l'accord de partenariat stratégique entre Etats-Unis et Afghanistan, indique un responsable gouvernemental afghan. Cet incident risque d'attiser la colère de la population afghane contre les Américains après la profanation d'exemplaires du Coran, brûlés sur la base américaine de Bagram, qui a soulevé en février une vague de manifestations et d'actes hostiles aux Etats-Unis.
La fusillade de dimanche, qui plus est dirigée contre des civils, une première en Afghanistan, est une catastrophe pour l'OTAN et ses troupes, déjà visées de plus en plus régulièrement par des "tirs amis" de soldats afghans qu'elles forment, ce qui a plombé la confiance entre les deux camps.
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