Qu’il est malheureux de lire dans les colonnes d’un même journal une annonce d’un patient au bord du désespoir implorant la générosité de ses congénères pour pouvoir poursuivre un traitement pour le maintenir en vie et une information faisant mention d’une seconde évacuation sanitaire d’un militaire haut gradé vers un établissement étranger, aux frais de l’Etat, c’est-à-dire du contribuable.
Combien sont-ils ces malheureux atteints d’un accident vasculaire et cérébral, d’un cancer ou d’une insuffisance rénale, condamnés à compter le nombre de jours qu’il leur reste à vivre et ces chanceux, lesquels, de par leur position politique ou de leur statut dans le microcosme, bénéficient, en plus de leurs salaires, d’autres avantages que ne pourront que rêver la majorité des Malgaches.
Il n’est pas normal que l’Etat fasse deux poids deux mesures en octroyant à certains des avantages qu’il n’accorde pas à d’autres. Humainement parlant, l’Etat n’a pas le droit de laisser mourir les citoyens et doit tout faire pour préserver la vie. C’est un « droit » de l’homme. Il n’a pas le droit de disposer de la vie et de la mort car « tous les hommes sont égaux ».
C’est dans de tels cas que l’on se rend compte de l’injustice flagrante que beaucoup de nos dirigeants feignent d’ignorer. A l’exemple des fonctionnaires qui sont pris en charge jusqu’à la fin de leur vie par l’Etat, alors que les employés du privé ne touchent que le tiers de leur salaire, tous les trois mois, lorsqu’ils sont admis à la retraite. Et pourtant, ces derniers paient les mêmes impôts que les agents de l’Etat, et même plus pour certains cadres. Et inutile de dire que ce sont souvent ces employés du privé qui sont les plus défavorisés en matière de santé : ils doivent payer eux-mêmes les frais d’hôpitaux, les médicaments et, s’ils le peuvent, les évacuations sanitaires. Imaginez leur abattement quand, pour un scanner, ils doivent payer de leur poche 420.000 Ar.
La politique en matière de santé est complètement à revoir à Madagascar. De nombreux proverbes malgaches le rappellent : rien ne vaut un corps bien portant. C’est la première richesse avant les espèces sonnantes et trébuchantes, une belle villa ou les voitures. Certes, le régime de la Transition actuel projette de construire des hôpitaux aux normes internationales. C’est déjà une bonne chose. Mais il faudra encore les équiper, y affecter un personnel qualifié. Aurons-nous les ressources nécessaires pour ce faire ? Le doute est permis quand on sait que depuis deux ans, le service de radiothérapie de l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona à Ampefiloha, le SEUL service traitant le cancer à Madagascar n’est plus fonctionnel.
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