MORT D’ UN MAGISTRAT La police fait bloc derrière son ministre

L’ancien ministre de la Sécurité intérieure Dieudonné Ranaivoson et l’inspecteur général de police Jacky Rahaingo, lors de la conférence de presse donnée hier.



Le corps de la Police rejette en bloc les requêtes du SMM et décide de se ranger derrière le ministre de la Sécurité publique. Le bras de fer est engagé.
Le ton monte et les voix s’élèvent entre le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) et le corps de la Police nationale. La journée d’hier a d’ailleurs vu la police s’exprimer officiellement pour la première fois depuis la mort du magistrat, substitut du procureur de la République à Toliara.
Les hauts gradés ont ainsi décidé de maintenir leur ministre, au grand dam des magistrats. Entretemps, par déclarations interposées, le SMM maintient ses revendications, principalement la démission d’Arsène Rakotondrazaka, ministre de la Sécurité publique. Le syndicat des magistrats, qui a investi la Cour suprême hier pour la poursuite de sa grève, met la pression sur les dirigeants de la Transition en leur intimant de prendre leurs responsabilités, en limogeant le ministre de la Police.

Aucun diktat

Le SMM, sans son président Auguste Marius Arnaud, parti aux obsèques de Michel Rehavana à Ihosy, durcit le ton et invite les tenants du pouvoir actuel à limoger Arsène Rakotondrazaka, ministre de la Police. Haingo Ramiandrisoa, porte-parole occasionnel du SMM, hier, à Anosy, affirme à l’issue d’une rencontre de ses pairs avec certaines têtes de la Police, que « le SMM maintient sa revendication sur la démission du ministre de la Sécurité publique. Il y a eu des fautes et des hésitations. » Surtout, le SMM met également la pression sur les « chefs hiérarchiques » du ministre en affirmant que « ce qui s’est passé est désormais étalé au grand jour. »
La Police riposte et n’hésite pas à affirmer que « Désiré Rakotondrazaka ne démissionnera pas de son poste après deux semaines d’exercice seulement », rappelant que ce dernier a été nommé par Andry Rajoelina et Jean Omer Beriziky. Jacky Rahaingo, le plus haut gradé actuellement de la Police en tant qu’inspecteur général de la Police nationale, n’a pas mâché ses mots pour piquer le SMM en déclarant que « la Police saura faire face à toute velléité d’entacher son honneur et sa dignité », ajoutant qu’elle « ne se soumettra jamais à aucun diktat venant de quiconque ». N’empêche qu’hier même, l’amicale des officiers de la police a rencontré le SMM dans une ambiance plutôt conviviale et dans la bonne humeur.
Les prochains jours devraient permettre à chaque camp d’y voir plus clair. Si le SMM promet de se pencher sur cette « option », ou de prendre des mesures à l’issue de leur réunion générale demain, il est peu probable que la Police effectue un soudain revirement de cap. Par ailleurs, leurs propositions se rejoignent sur la poursuite des enquêtes approfondies. C’est dans ce sens qu’une commission d’enquête mixte, regroupant aussi bien des policiers que des magistrats, a vu le jour récemment.