Sans vouloir être alarmiste, on ne peut s’empêcher de s’inquiéter de la libération des personnes qui ont été pour diverses raisons entre les mains des forces de l’ordre pour enquêtes et qui, devant le fait que les délais légaux ont expiré et que le Parquet a fermé ses portes, ont dû être relaxées sous peine que les autorités de police judiciaire ne tombent sous le coup de non respect des lois et règlements et de non observation des droits de l’homme. Ainsi, ce lundi 19 décembre 2011, les gendarmes et policiers ont remis en liberté quelque 114 individus sur les 163 qui avaient été appréhendés et retenus dans les chambres de sécurité soit des commissariats, soit des brigades de la Gendarmerie relevant de la capitale et ses environs immédiats. On ne sait combien sont-ils ceux des autres régions de l’ancienne province d’Antananarivo qui sont dans le même cas, par exemple Arivonimamo, Ankazobe, Antsirabe… D’après les explications des gendarmes, ils n’ont libéré que les auteurs des délits les moins graves (vol à la tire, pickpocket, escrocs et racketteurs) bien qu’il y ait récidive pour certains ; par contre les bandits et auteurs de crimes (attaque à main armée, blessures et/ou meurtres…), jugés dangereux, ont repris le chemin des cellules de la Gendarmerie ou de la Police.
En effet, ce lundi matin du 19 décembre, des convois de véhicules de la Police et de la Gendarmerie, à bord desquels se trouvaient au total 163 individus, objet de déferrement au Parquet ont convergé au Tribunal à Anosy. Les officiers de police judiciaire en charge de ce transfert ont trouvé face à eux un Palais de Justice fermé. Ils ont essayé de parlementer avec les juges qui observaient la grève dans les locaux de la Cour suprême sise en face mais n’ont rien obtenu. Quelques minutes leur ont suffi pour comprendre l’intransigeance des magistrats. Aussi, ont-ils procédé à la libération de près de 70% des produits de leurs efforts pour maintenir la paix. Certes on ne peut pas écarter l’idée que parmi ces 114 qui ont recouvré leur liberté, il y ait des individus innocents ; mais il est fort probable que les forces de l’ordre ont aussi remis sur les rails des voleurs et des racketteurs notoires. Ils vont ainsi continuer d’exercer parce que les magistrats et les forces de l’ordre ne s’entendent pas sur l’affaire de meurtre de Toliara.
La même scène se reproduira ce jour si entretemps les magistrats n’auront pas changé d’avis, regrettent les gendarmes et policiers qui étaient sur place. D’autres délinquants dits mineurs seront encore libérés au fur et à mesure que les délais de leur garde à vue de 48 heures seront dépassés.
En tout cas, la population citadine est dans l’expectative, voire l’indignation. Jamais elle n’a vécu pareille situation de libération de malfaiteurs par les forces de l’ordre, sauf lors de l’assassinat du Colonel Richard Ratsimandrava et l’affaire GMP (Groupe mobile de la Police) en 1975 qui ont occasionné la fuite ou la sortie des détenus de la prison d’Antanimora.
Les protagonistes de ce conflit qui oppose des fonctionnaires de la Police à ceux de la Justice ont haussé à un niveau très élevé leurs exigences respectives. C’est l’Etat qui chancelle d’avoir ses piliers ainsi secoués et c’est la population qui s’inquiète d’être prise ainsi en otage par un chantage basé sur des actions qui ne feraient qu’aggraver l’insécurité publique .La moindre des sagesses inciterait les pouvoirs publics à faire un forcing pour remettre tout le monde dans les rangs. Mais où se trouve donc le vrai pouvoir en ces moments-ci. Le Président de la Transition a rassuré que le dossier étant sur le bureau de la Présidence la solution ne saurait tarder. Actuellement c’est du côté de Mahazoarivo que les regards se tournent y compris le regard du Président de la Transition. Voilà le Premier ministre au pied du mur et il risque de se prendre les pieds dans le tapis.
Chaque jour qui passe pourrit davantage la situation, c’est une constante dans le pays concernant les conflits, chacun de son côté monte la pression pour atteindre des extrêmes qui rendent chacun coupable d’extrémisme. A ce stade les choses vont se traiter en partie hors transparence jusqu’à ce que les conditions de la solution deviennent opaques et la solution elle-même se dilue dans une conclusion sans queue ni tête.
Qui oserait aujourd’hui affirmer que suite à cette ténébreuse histoire où les corps qui ont mission de veiller au respect de la loi ont publiquement transgressé certaines de ces lois, on verra des sanctions qui seront adoptées à la mesure des transgressions. On revient toujours au même schéma, des lobbies politiques militent pour que des infractions de droit commun commises par des gens qui défendent à tort ou à raison une cause, soient considérées comme de simples actions politiques et les auteurs comme des détenus politiques. C’est ainsi que l’on débouche sur le permis de tuer..
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