Thursday, December 01, 2011

Tojo Ravalomanana: D’une ambassade à l’autre…

Enfin une indication claire sur la planque de Tojo Ravalomanana et de son compagnon de voyage John Ferry : ils se sont réfugiés à l’ambassade des Etats-Unis, à Andranomena. On l’a appris hier lors de l’apparition devant la presse de Me Hanitra Razafimanantsoa, avocate de la mouvance Ravalomanana qui défend aussi les intérêts des deux « fuyards ». On rappellera un fait : évoquant mardi le sort de ces derniers, cette avocate n’a pas dévoilé le lieu de leur cachette. Idem chez Marc Ravalomanana qui, s’adressant en direct mardi à ses partisans de Magro, s’est contenté de révéler que son fils s’est abrité dans un « masoivoho » (ambassade ou consulta), sans plus de précision.

En fait les fortes rumeurs de mardi, portées dans nos colonnes et dans celles de quelques journaux de la place, semblent être fondées : Tojo Ravalomanana et son camarade se sont réfugiés dans l’ambassade d’Afrique du Sud à Ankorondrano. Mais il ne fallait pas le dire pour des raisons politiques… S’engouffrer dans cette chancellerie était un premier réflexe tout à fait compréhensible, surtout quand la traque des gendarmes s’est faite plus serrée. En effet Tojo s’est abrité dans l’ambassade du pays qui a donné asile et protection à sa famille. Il est vrai aussi que poursuivi par la gendarmerie, il lui fallait se réfugier dans une ambassade située non loin du centre-ville. Aller plus loin eut été s’exposer à des contrôles des forces de l’ordre à un barrage, et risquer une arrestation en cours de route…

En tout cas, l’irruption de Tojo a provoqué un extrême embarras dans l’ambassade sud-africaine. D’abord car en tant que représentant du chef de la Troïka des chefs d’Etat (Jacob Zuma), l’ambassadeur est un médiateur dans la crise malgache et se doit de manifester la plus stricte neutralité. Ensuite car le local sert de siège au Bureau de Liaison de la Sadc, et il ne convenait pas d’impliquer l’entité régionale d’Afrique Australe dans l’affaire. Bref, l’ambassadeur et le Bureau ne devaient pas provoquer des soupçons de partialité, car cela ne pouvait que nuire à leur tâche de médiation. Accessoirement et étant donné sa position dans la résolution de la crise malgache, l’Afrique du Sud ne devait pas accentuer sa réputation de pays favorable à Marc Ravalomanana…

En tout cas mardi, l’ambassade a engagé des consultations avec son ministère des Affaires étrangères à Prétoria, avec le secrétariat exécutif de la Sadc à Gaborone, avec l’Union africaine mais aussi avec …le régime de transition. Ces échanges débouchèrent sur la décision d’exfiltrer les deux « fuyards » et de les confier à une ambassade « amie ». C’est l’ambassade des Etats-Unis qui accepta de donner asile aux deux compagnons, la première raison et la plus forte étant que John Ferry, condisciple de Tojo Ravalomanana à la Harvard University (Massachussets), est un ressortissant des Etats-Unis. John Ferry y est chez lui et il est probable que l’ambassade est en contact avec les autorités malgaches quant à sa véritable situation professionnelle (l’homme passe pour un mercenaire). Tojo Ravalomanana y est un réfugié politique et il ne sera pas livré à la gendarmerie, sauf dans le cas improbable où celle-ci produit une condamnation judiciaire et un mandat d’arrêt.

En tout cas, ce n’est pas un crime de se réfugier dans une ambassade étrangère quand on se croît injustement persécuté. Andry Rajoelina aussi l’a fait en mars 2009 en demandant asile à l’ambassade de France. Bref, de ce genre de besoin, nul n’est à … l’abri.

John Ferry : Harvard choqué

Dans un communiqué remis hier à notre rédaction, les grands responsables au sein de l’université Harvard (aux Etats-Unis) condamnent l’attitude des forces de l’ordre malgaches traitant l’Américain John Ferry de mercenaire. « John Ferry était un brillant étudiant et il n’a rien à voir avec les mercenaires », déclarent-ils. Ces grands responsables au sein de cette prestigieuse université américaine se sentent choqués devant l’affirmation gratuite selon laquelle le collègue de Tojo Ravalomanana est un grand mercenaire. « La réputation et la renommée internationale même de l’université se trouvent souillées devant cette situation. Il est inimaginable que l’université n°1 mondiale sorte des mercenaires », déplore le communiqué.

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