Tuesday, December 06, 2011

Union européenne: 100 millions € pour la Transition

Si ce n’est pas encore une reconnaissance officielle, c’est tout comme de la part de l’Union européenne dont le Conseil a décidé, le 1er décembre dernier, un certain nombre de mesures qui tendent vers la reprise de ses relations avec Madagascar.

Premier bailleur de fonds du pays qui se singularise en octroyant ses fonds en subventions, l’Union européenne a été très active à l’évolution de la situation malgache. Le préambule de la décision du Conseil souligne, entre autres, « d'importants efforts réalisés par toutes les parties politiques malgaches, grâce à la médiation de la SADC, ont permis la signature, le 16 septembre 2011, par la grande majorité des acteurs politiques malgaches, d'une feuille de route pour la sortie de crise à Madagascar. Cette feuille de route expose les engagements que les signataires ont convenu de prendre pour mener à bien le processus de transition neutre, inclusif et consensuel qui devra aboutir à la tenue d'élections crédibles, libres et transparentes, permettant le retour à l'ordre constitutionnel. Sa mise en oeuvre a déjà été initiée par la nomination d'un premier ministre de consensus, le 28 octobre 2011 ».

La décision a été envoyée à Andry Rajoelina avec une matrice bien précise (voir ci-dessous) sur les actions attendues de la partie malgache et les engagements de l’Union européenne.

Concrètement, l’ambassadeur de l’Union européenne va bientôt remettre ses lettres de créance à Andry Rajoelina que l’Union reconnaît comme Président de la Transition. La visite en France de M. Rajoelina qui est prévu d’être reçu par Nicolas Sarkozy, demain à 17 heures, aurait repoussé la cérémonie. En tout cas, la France qui est actuellement en train de jouer son va-tout avec l’Allemagne pour sauver l’Europe et sa monnaie unique, n’aurait jamais pu prendre le risque de recevoir M. Rajoelina sans l’aval de l’Europe, et de son partenaire germanique. Faut-il dire que les Allemands de Marc Ravalomanana sont proches de soutenir la feuille de route qui reconnaît son jeune adversaire ?

En tout cas, la décision de l’Union européenne est d’autant réconfortante qu’elle est assortie de la disponibilité d’une ligne de financement pour les populations vulnérables. Un montant de 100 millions d’euros est notamment indiqué à cet effet. Cette subvention pourrait être ajoutée par les lignes budgétaires de l’Union européenne qui peuvent être thématiques ou attribuées à chaque pays. En plus du Fonds de développement plus connu sous le signe FED, l’organisation dispose d’un budget au titre de la coopération au développement qui est alloué, à des secteurs comme l’environnement ou la santé, ou à des pays bien déterminés. Ainsi, Madagascar bénéficie depuis le mois dernier d’une enveloppe de 8 millions d’euros pour la sécurité alimentaire.

Ce financement ne sera cependant pas disponible dès demain. Il faut que les acteurs malgaches, les ONG et autres entités non rattachées directement à l’Etat, puissent présenter des projets crédibles. Les 100 millions d’euros pour les secteurs prioritaires ne seront pas non plus décaissées dans les prochaines semaines. Les procédures de formulation et de contractualisation des programmes au niveau de l’Union européenne qui d’après les habitudes sont les plus rapides par rapport à l’ensemble des bailleurs de fonds, font qu’il ne faudrait pas s’attendre à la concrétisation des projets financés avant le second semestre 2012. D’ailleurs, les 6 millions d’euros inscrits au titre d’identification des programmes de coopération au développement seraient prévus pour financer les études et autres dépenses inhérentes à la mise en place des projets. Ce mécanisme est aussi prévu au niveau de la Banque mondiale.

Ce n’est donc pas demain que les euros et les dollars vont pleuvoir sur notre pays. Pis encore, les financements prévus par les bailleurs de fonds ne sont pas sûrs d’être disponibles au moment voulu. Au niveau de l’Union européenne par exemple, le 10ème FED a prévu 588 millions euros dont 11 au titre des aides d’urgence. Sur ce chapitre, 5,6 millions ont été déjà débloqués à la suite du cyclone Ibiza. 150 millions étaient par ailleurs prévus à titre d’aide budgétaire mais on ne peut compter sur un seul euro à ce titre, la décision du Conseil confirmant la suspension de toute aide budgétaire. Les 400 millions restants ne sont pourtant pas sûrs d’être disponibles pour le pays. Il y a le délai d’engagements qui prévoit qu’un pays défaillant comme le nôtre peut voir son budget alloué à un autre. Madagascar a déjà bénéficié de ce système tout en subissant le risque de le subir.

Ceux et celles qui sont dans les institutions de la Transition avec leur mari, leur épouse, leur beau-parent, leur progéniture et leurs sponsors, doivent savoir que si l’Union européenne consent à accompagner financièrement la transition, ce n’est pas pour eux. Ni pour Andry Rajoelina.

No comments: