Qui protègent les trafiquants de bois de rose ? La question a été soulevée depuis 2009 quand l'exportation illicite en ce bois précieux a atteint son paroxysme au point de mobiliser la communauté internationale dont les enquêtes ont révélé la liste des trafiquants. La publication de ce document nous a valu un procès de la part de l'opérateur Sam Som Miock que la Justice a débouté. Le plaignant comme la vingtaine d'exportateurs de bois de rose inventoriés n'ont pourtant fait l'objet d'aucune sanction en dépit du fait que le commerce de ce bois est strictement interdit.
Aujourd'hui, la question sur la protection des trafiquants demeure après la découverte par la douane mauricienne de 6 conteneurs de bois de rose. La saisine mauricienne et la grève des douaniers malgaches après, il semble que les propriétaires de la cargaison ne sont nullement inquiétés en dépit de l'arrestation du supposé commanditaire de l'opération.
De sources concordantes indiquent que ce dernier serait le sieur Ezekiela, membre du Congrès de la Transition. Son nom a été révélé par le transitaire aux autorités mauriciennes. Après les enquêtes menées par le Bianco qui s'est saisi de l'affaire, M. Ezekiela a été déféré à la Chaîne pénale anti-corruption qui a décidé de le placer en mandat de dépôt.
D'après nos sources, c'est lui qui aurait demandé au transitaire de traiter l'exportation d'une cargaison de cornes de zébu et d'haricots. Ces produits étant de faible valeur, les conteneurs déclarés les contenant étaient passés en couloir jaune, c'est-à-dire sans passer le scanner qui relève du couloir rouge. Les documents ont cependant suivi les procédures normales. C'est lors du contrôle à Maurice que le pot aux roses fut découvert.
Selon les mêmes sources, Ezekiela ne serait pas le propriétaire du bois de rose incriminé. La cargaison appartiendrait en réalité à un opérateur très connu dans la région de la SAVA, Mme Robertine. Dans cette opération frauduleuse, on cite également le nom de son fils, Ralph, et de son cousin Jerry. C'est la famille qui aurait approché Ezekiela pour s'occuper de l'exportation du fait de la fonction qu’il occupe et de ses éventuelles relations, ce dernier ayant été nommé membre du Congrès de la Transition sur proposition de l'ancien ministre Gilbert Raharizavoto dont il était conseiller.
Sans vouloir incriminer notre ancien collègue journaliste Raharizatovo, l'inculpation d'Ezekiela confirme, en tout cas, la conviction populaire sur l'imbrication des politiques avec les hommes d'affaires véreux. Reste pourtant à savoir si l'inculpé va couvrir ses partenaires ou si ces derniers vont bénéficier d'une certaine protection en haut lieu.
C'est à l'Etat d'apporter la réponse, celle qui va pouvoir restaurer sa crédibilité. Dans l'autre tentative d'exportation de bois de rose découverte ce week-end à Vohémar, les professionnels émettent notamment des
remarques plutôt bizarres en dépit du déplacement du Premier ministre et des actions très médiatisées du ministre de l'Environnement. En effet, on aurait décidé de remplacer le directeur régional de l'environnement de Vohémar. Ce dernier ainsi que le receveur des douanes n'ont été pourtant nommés qu'il y a seulement un an, après les trafics de l'année dernière. Depuis, indiquent les observateurs, aucun trafic n'a été enregistré jusqu'à la tentative de la semaine dernière. Le remplaçant du directeur régional serait pourtant cité dans cette tentative de trafic de 6 conteneurs de bois de rose qui appartiennent à l'établissement Mamilaza. Aucune arrestation n'a été opérée jusqu'à présent. Y aura-t-il protection quelle que part ?
Afin de mener une guerre sans merci contre le trafic du bois de rose, le Général Camille Vital a rassemblé tout le monde. Au cours d’une récente réunion, le Premier Ministre tenait à mobiliser l’ensemble des acteurs indispensables à cette lutte : le ministère de l’Environnement et des Forêts, le ministère des Finances et du Budget, le ministère de la Justice, le ministère de la Défense Nationale, le ministère de la Sécurité Intérieure, l’État-major de l’Armée malagasy, la Gendarmerie nationale, la Douane, l’Agence portuaire maritime et fluviale, les compagnies maritimes et fluviales, sans oublier les compagnies de cabotage.
Après avoir rappelé à tous les textes de lois interdisant la coupe et l'exploitation du bois de rose, Camille Vital a demandé à chacun de redoubler de vigilance, afin de démasquer tous les auteurs de trafics, sans accorder le moindre régime de faveur à qui que ce soit. Désormais, les autorités auront les pleins pouvoirs pour sanctionner non seulement les auteurs des délits, mais également les transporteurs et les transitaires.
Le gouvernement donne le ton en prenant la décision de détacher un responsable du ministère de l'Environnement et des Forêts auprès de chaque port, dans le but de surveiller le moindre mouvement suspect de container. En outre, la Gendarmerie nationale équipera de vedettes rapides les différentes unités de lutte contre le trafic.
Le trafic du bois de rose n’est pas un phénomène récent… mais comme nul autre avant lui, le gouvernement de Transition a enfin doté cette lutte essentielle de moyens conséquents. Nous devrions assister à de nombreuses arrestations et à une réduction du trafic. Une vraie bonne nouvelle !
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