Une nouvelle inédite parue dans un numéro du « Temps » de 1898: l'École professionnelle de Tananarive, toujours à l'affût d'expériences pouvant intéresser la colonisation, fait tisser dans ses ateliers de la « soie d'araignée ». Soie destinée au parc aérostatique de Chalais.
« Le spectacle n'est pas du tout banal de ces insectes, rangés par douzaines, tournant le dos à un dévidoir qui leur enlève de l'extrémité du corps, des fils d'une brillante soie jaune-rouge de 16 à 40m de long par sujet ».
Quand l'araignée n'a plus rien à donner, on coupe le fil qui la retient prisonnière. Puis rendue ingambe par cette opération de délestage, dont elle ne paraît pas souffrir, « elle se hâte de regagner le coin de l'appartement où une ample provision de moustiques et de mouches assouvit sa faim qui paraît grande ».
Au sortir du corps de l'araignée, la soie est recouverte d'une matière visqueuse dont on la dépouille par des lavages à l'eau courante. Les fils, débarrassés de ce corps gluant, peuvent être alors tissés sans difficulté. Cependant, « leur ténuité est telle qu'on doit les réunir par huit afin de leur donner la résistance nécessaire ».
Le nouveau textile, sensiblement plus léger que la soie, est tout désigné pour servir à la confection des filets dont on protège l'enveloppe extérieure des ballons aériens. « Madagascar pullule d'araignées de toutes espèces et, quelques nombreuses que puissent être les expériences tentées en France par les aéronautes, il nous restera toujours ici assez de ces insectes pour adoucir les heures de captivité des Pellissons indigènes, très paternellement traités d'ailleurs par nos magistrats ».
Un autre événement attire l'attention de la population européenne et celle « indigène » en cette année 1898. Vingt-cinq voitures Lefebvre chargées, débarquent sur la place Jean Laborde à Andohalo. Un élégant tilbury attelé, dans lequel se trouve le lieutenant-colonel Lyautey, les précède. C'est la première fois que charrettes et voitures parties de la Côte, parviennent à Antananarivo.
Traînés par des mulets, ces véhicules ont mis quatre jours par la nouvelle route à effectuer le trajet d'Ankazobe à la capitale. Amenés de Mahajanga à Suberbieville (près de Maevatanàna) par des chalands, il leur a fallu huit jours pour aller de cette dernière localité à Andriba, et six de ce point à Ankazobe.
« C'est la démonstration éclatante de l'excellente viabilité de la nouvelle route de Mahajanga. Le lieutenant-colonel Lyautey doit être hautement félicité de l'énergie et de la ténacité qu'il a déployées pour arriver à prouver aux plus incrédules que le ravitaillement de Tananarive était autrement facile par la côte Ouest que par ailleurs. Avec des crédits insignifiants, il a obtenu ce que la route de Tamatave où l'on a dépensé des sommes énormes, ne nous donnera probablement pas avant deux ans ».
Il est à préciser que la Grande île intéresse de nombreux jeunes Français comme l'attestent de nombreuses demandes d'emplois de la même année. En voici quelques exemples: « un homme marié, 34 ans, possédant l'espagnol et l'anglais, ayant l'expérience des affaires, principalement de celles de la droguerie agricole, industrielle et commerciale, voudrait trouver à employer ses facultés dans la nouvelle colonie française, Madagascar ».
Un autre jeune homme, membre du Comité de Madagascar, « disposant d'un certain capital, désire s'adjoindre une personne possédant 10 à 15 000 francs pour le commanditer ou aller entreprendre avec lui une exploitation agricole à Madagascar ».
Un autre homme de 23 ans, « valet de chambre de profession », désire une place chez un fonctionnaire ou un colon à Madagascar. Il précise: « Prétentions modestes et aucune garantie pour retour, exigée ». Et cerise sur le gâteau:
« Excellentes références fournies par ses anciens maîtres ».
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