Alors que l’on croyait que la feuille de route amendée allait passer comme une lettre à la poste devant le Conseil pour la paix et la sécurité (CPS) de l’Union africaine, il n’en est rien. C’est de nouveau la déception sinon l’amertume qui a assommé tard dans la soirée ceux et celles nombreux qui souhaitaient que le véritable début de la crise allait être enclenché hier à Addis-Abeba.
Aucune résolution n’a été, en effet, prise, après la réunion des représentants de l’Union africaine et de la SADC, rapporte l’Agence France Presse en citant le directeur du CPS, El-Ghassimm Wane. Ce dernier ajoute qu’un accord pourrait être trouvé dans les prochaines semaines.
Cette réunion était consacrée à la feuille de route qui a été initiée par la SADC en vue de l’organisation des élections destinées à mettre fin à la crise politique à Madagascar. Aucun détail n’a été pourtant donné sur les causes de ce refus de l’Union africaine au schéma présenté par Joaquim Chissanno. Les déclarations faites par ce dernier semblent indiquer que les deux parties ont beaucoup discuté du retour de Marc Ravalomanana.
Il semble que l’Union africaine est sceptique quant au respect de l’amendement selon lequel Marc Ravalomanana doit retourner au pays. La dépêche de l’AFP rapporte d’ailleurs la déclaration du Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, Ramtane Lamamra, selon lequel Andry Rajoelina n’est pas favorable à cette mesure.
Et pour apaiser sans doute les appréhensions de l’organisation régional, Joaquim Chissanno a déclaré à la presse après la réunion que « Ravalomanana devrait être autorisé à retourner à Madagascar ». « Il devrait être autorisé à retourner dans son pays et il devrait lui être permis de participer à la politique locale ».
Cette déclaration ne manquera pas de raviver les critiques des opposants à l’ancien président contre le principal médiateur qui n’ose plus venir à Madagascar depuis plusieurs mois, depuis qu’on l’accusait de ne pas vraiment œuvrer en faveur de la résolution de la crise à Madagascar. C’est son délégué, Leonardo Simao, qui a depuis fait le travail sur place. Et sur cette question épineuse du retour de Marc Ravalomanana, M. Simao avait réussi à tempérer la colère des anti-Ravalomanana en expliquant l’amendement de la feuille de route. Ainsi si le retour de M. Ravalomanana ne peut être conditionné, sa sécurité ainsi que sa condamnation par la justice malgache font que la SADC a recommandé la mise en place et l’adoption d’un cadre juridique permettant son retour ainsi que les autres exilés politiques. La loi d’amnistie est une des principales mesures suggérées implicitement. Elle « devrait être élaborée dans la norme internationale », a ajouté le Dr Simao. Une précision qui a été tout de suite interprétée comme l’impossibilité pour M. Ravalomanana de se faire amnistier à cause du carnage perpétré devant son palais le 7 février 2009. Un procès impliquant les responsables de la sécurité du palais d’alors sur cette affaire, pourrait confirmer la condamnation de M. Ravalomanana.
En tout cas, la vie de ce pays et le sort de 20 millions d’habitants ne doivent pas suspendus à une seule personne qui s’est enrichie scandaleusement sur le dos de la population. S’il veut revenir, qu’Andry Rajoelina et consorts lui ouvrent les frontières. Plus d’un Malgache n’attendent que cela pour se faire justice.
Cet état d’esprit n’est cependant pas bon pour une société dont le socle du « fihavanana » est plus que jamais perturbé par les agissements des politiciens et intellectuels locaux qui ne militent que pour leur seule marmite ; ainsi que les manœuvres des puissances internationales qui sont contre une sortie de crise sous Andry Rajoelina ou plutôt sans Marc Ravalomanana. A preuve, ce n’est pas demain que la feuille de route recevra la reconnaissance internationale. Hier, l’Union africaine a rejeté le plan de la SADC. L’issue était a priori déjà connue sinon pourquoi avoir annulé dès mardi la rencontre de Joaquim Chissanno avec le Groupe de Contact International qui était programmée ce jour à Addis-Abeba où l’on espérait que la feuille de route allait être entérinée par la communauté internationale. Si c’est ainsi, Andry Rajoelina a bien raison de vouloir organiser les élections par nos propres moyens. Finalement, la communauté internationale lui pousse dans cette voie.
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