Sunday, July 31, 2011
La dette des Etats-Unis : le Congrès de la Honte
La manière dont les Républicains ont géré leur majorité a la Chambre des Représentants fait du Congrès celui de la honte pour les Etats-Unis. Le plan Boehner est passé à la Chambre, malgré le fait que 22 Républicains ont suivi les Démocrates dans un vote négatif. Le rejet par le Senat était prévisible.
Entre les deux plans, deux différences essentielles : Les Républicains ne veulent pas réduire les dépenses militaires liées aux guerres d’Iraq et Afghanistan (1.200 milliards de dollars dans le plan démocrate) et ils ne sont pas disposés à donner une autorisation qui aille au-delà de l’élection présidentielle. Ils veulent a tout prix faire de cette question un enjeu électoral.
Entendons-nous bien. Le déficit budgétaire est trop élevé, mais le refus d’augmenter les impôts des plus fortunés, de toucher au budget exorbitant de la défense, et de maintenir les privilèges de certaines entreprises -alors que les Démocrates avaient commencé à toucher à certains avantages sociaux- est irresponsable. Qui plus est, si l’augmentation ne passe pas, le cout financier de la dette publique américaine augmenterait, créant un surcroît de déficit budgétaire de 100 à 200 milliards de dollars.
Mais ce n’est pas le débat. Il ne s’agit pas d’une approbation du budget. Il a été approuvé à la fin 2010 après une concession majeure des Démocrates : le maintien des avantages fiscaux des contribuables les plus fortunés. Le seul abandon des privilèges de l’ère Bush, diminuerait à terme la dette publique américaine de 2.000 milliards de dollars, selon une étude publiée par JP Morgan ce vendredi.
Il s’agit ici de donner au Gouvernement la possibilité de « payer ses factures » comme le disait le Président Obama hier. L’hypocrisie est totale : on vote un budget et on bloque les autorisations d’emprunt de ce budget. Il est irresponsable de voter un budget et de ne pas donner au Gouvernement les moyens de le financier. Ce double langage est proprement scandaleux.
Faut-il rappeler que dans les 14.000 milliards de dollars de dette publique la seule guerre en Irak atteint un montant de 3.000 milliards de dollars ? Que la guerre en Afghanistan représente plus de 1.000 milliards ?
Ce faisant les Etats-Unis risquent de s’empaler sur leur propre sabre, et la réaction de Wall Street a enfin commencé a faire savoir au Congres que plus personne n’accepte cette attitude. Une impasse le 2 aout pourrait provoquer une crise mondiale des finances publiques comme nous n’en avons jamais connue.
Je suis convaincu que, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, nos dirigeants politiques et les élus du peuple ont perdu leur compas. Rivés plus que jamais sur leurs échéances électorales et maladives des sondages, Ils sont devenus incapables de prendre des décisions cohérentes.
Si le problème va au-delà des Etats-Unis, le blocage politique aux Etats-Unis est dramatique. Car l’inquiétude, la vraie, c’est un retour à la croissance faible. Les chiffres corrigés de la croissance américaine au second trimestre représentent une baisse de 50% par rapport au premier trimestre. Nous n’avons pas de croissance en Occident et nous continuons à vouloir a tout prix maintenir un train de vie des Etats qui est au-dessus de leurs moyens. Quant à Madame Lagarde (FMI) qui tance Madame Lagarde (Ministre des Finances) sur le déficit budgétaire français, ce serait comique si ce n’était dramatique.
Lors du post que j’ai publié en novembre 2010 et qui annonçait cette crise, au milieu d’un scepticisme général, je me suis permis de conclure que la démocratie est en jeu. Plus que jamais, des deux côtés de l’Atlantique, c’est le fonctionnement des institutions démocratiques qui est menacé par une politisation à outrance qui ignore le bien-être général et ne cherche que sa propre satisfaction narcissique et électorale.
Même si, en fin de compte, le problème se résout, une partie du dommage est irréversible. Pour le reste du monde (et je suis en ce moment en Asie), le simple fait que des problèmes aussi fondamentaux se posent aux Etats-Unis est une énorme surprise, qui les amènera incontestablement a être plus prudents dans leurs évaluation du risque américain.
Accord provisoire en vue sur la dette américaine
A 48 heures de la date butoire à partir de laquelle les Etats-Unis se retrouveront en situation de défaut de paiement, le suspense est à son comble. Selon plusieurs hauts responsables américains, un accord de dernière minute serait en train de se dessiner entre les dirigeants démocrates et républicains du Congrès et la Maison Blanche. Cet accord viserait à relever le plafond de la dette de près de près de 3 000 milliards de dollars, et prévoirait des réductions budgétaires d'un montant équivalent.
Le chef de la minorité républicaine du Sénat américain, Mitch McConnell, a déclaré dimanche sur CNN : "Nous sommes très proches d'un accord, nous avons eu une excellente journée hier". Il a apporté quelques précisions sur les principaux points de l'accord en discussion, dont les termes encore à finaliser sont susceptibles de changer au cours des prochaines heures :
Relèvement du plafond et réduction budgétaires. L'accord vise à relever le plafond de la dette - actuellement de 14 294 milliards de dollars - d'environ 2 800 milliards de dollars. Ce relèvement interviendrait en deux étapes : une première tranche couvrirait environ 1 000 milliards de dollars, accompagnée de coupes d'un montant équivalent sur 10 ans.
En tout, les discussions portent sur 3 000 milliards de dollars de baisse des dépenses sur dix ans, a précisé Mitch McConnell. Une commission spéciale bipartite serait également créée afin d'identifier d'autres postes pouvant être soumis à des réductions avant la fin de l'année. Cet organe serait chargé de faire des recommandations sur quelque 1 800 milliards de nouvelles réductions budgétaires avant Thanksgiving, fin novembre.
Une commission spéciale. L'accord mettrait sur pieds une commission spéciale bipartite du Congrès chargée de faire des recommandations équivalentes à la deuxième tranche de relèvement du plafond de la dette, soit environ 1 800 milliards de dollars. Les recommandations devraient être publiées à Thanksgiving, fin novembre, cette année, a précisé M. McConnell.
Mécanisme contraignant. En cas de blocage au sein de la commission spéciale, un mécanisme contraignant se mettrait en place, imposant automatiquement un certain nombre de coupes, y compris pour la défense et le programme de santé Medicare pour les personnes âgées. C'est sur ce point notamment que les négociations ont stagné ces derniers jours.
LA HAUSSE DES IMPÔTS AU CŒUR DES DISCUSSIONS
Les deux parties ont fait des concessions au fil des négociations, mais leurs positions restent largement opposées. D'un côté, les républicains réclament des baisses d'impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l'autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d'efforts fiscaux de la part des plus riches.
M. McConnell a également affirmé que le compromis ne prévoyait aucune hausse d'impôts sous aucune forme. Ce dernier point risque de mal passer auprès de certains démocrates. Le président Obama lui-même avait espéré une augmentation des revenus, notamment en taxant les ménages les plus riches et certaines niches fiscales.
"IL N'Y A PAS D'ACCORD. L'HORLOGE TOURNE"
Sur son compte Twitter, le directeur de la communication de la Maison Blanche, Dan Pfeiffer, a tempéré l'enthousiasme ambiant. Républicains et démocrates ne sont pas parvenus à trouver un accord sur un relèvement du plafond d'endettement de Washington, écrit-il : "D'importantes difficultés doivent encore être résolues".
Le chef de file des démocrates au Sénat, Harry Reid, s'est dit "prudemment optimiste", mais souligne également qu'aucun accord n'a pour le moment émergé des négociations. Le conseiller de Barack Obama, David Plouffe, s'est lui aussi voulu prudent : "La journée d'aujourd'hui (dimanche) est bien évidemment cruciale", a-t-il déclaré dans l'émission "Meet the Press" sur la chaîne NBC. "Il n'y a pas d'accord. L'horloge tourne", a-t-il rappelé.
Le sénateur démocrate Charles Schumer a assuré sur CBS qu'il se sentait "beaucoup mieux" maintenant qu'il savait qu'un défaut pouvait être évité. Mais il a aussi estimé sur CNN qu'il y a avait "encore beaucoup d'espaces blancs à remplir".
De son côté, l'économiste Mark Zandi, de l'agence Moody's, a qualifié dimanche de "bonnes nouvelles" les derniers développements sur un projet d'accord au Congrès.
En relevant ainsi le plafond de la dette, qui permettra au Trésor d'emprunter de l'argent frais, le Congrès éviterait que les Etats-Unis ne soient plus en mesure de rembourser leurs créances après la date butoir du mardi 2 août ou de devoir faire des choix dans le paiement d'aides sociales et de retraites ou des traitements des fonctionnaires.
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment