Des rumeurs insistantes hier sur une invitation adressée à Andry Rajoelina, chef de la transition, pour les festivités du 14 Juillet à Paris. Ceux interrogés n’ont pas confirmé la nouvelle, mais ont admis qu’une telle invitation est du domaine du possible et est même une invitation à ne pas exclure. Attendre et voir donc. Rappelons en tout cas que lors du 14 Juillet de l’année dernière à Paris, pour saluer le cinquantième anniversaire de l’indépendance des ses anciennes colonies d’Afrique, la France a invité les troupes de celles-ci à venir défiler sur les Champs-Elysées. Par ailleurs les 14 chefs d’Etat des ex-colonies ont siégé à la tribune aux côtés de Nicolas Sarkozy, lors du défilé. Si un détachement de l’Armée malgache a bien participé à la revue militaire, par contre aucun dirigeant de l’île n’a trôné à la tribune pour les raisons que l’on connaît. Ce qui a provoqué une certaine contrariété dans les milieux officiels français mais aussi dans la presse de l’Hexagone. Qui sait, les autorités françaises veulent peut-être redresser ce tort en invitant Andry Rajoelina au 14 Juillet…
Signalons que jusqu’ici, en ce qui concerne Madagascar, la France a toujours aligné sa position sur celle de l’Union Européenne d’abord, sur celle de l’Union Africaine ensuite. Ces deux entités régionales ne reconnaissant pas Madagascar, la France en a fait de même malgré les sollicitations du régime de transition. Cette fois-ci, l’Hexagone pourrait passer le Rubicon en raison d’un évènement inédit qui est intervenu depuis le 14 Juillet dernier : sans demander l’avis de l’ONU, de l’Union Européenne ou de l’Union Africaine, la France a reconnu le Conseil National de Transition (CNT) libyen et a invité les dirigeants de celui-ci à l’Elysée. Depuis le mois de mars en effet, des émissaires de haut niveau du CNT ont été reçus à l’Elysée, auxquels Nicolas Sarkozy a manifesté sa sympathie et promis de l’aide. Des représentants diplomatiques français ont d’ailleurs été accrédités à Benghazi auprès de la rébellion libyenne, flanqués de conseillers militaires. La France est le tout premier pays à s’engager dans cette voie et depuis, son geste a été suivi par l’Italie, les Etats-Unis, le Qatar etc.
Qui sait, Nicolas Sarkozy pourrait rééditer cette audace diplomatique à l’intention de Madagascar, et frapper un grand coup dans le but de faciliter la réadmission dans le concert des nations d’une île mise à l’écart depuis plus de deus ans. Il est vrai que l’Union Européenne et l’Union Africaine ont une position trop figée. Il est vrai aussi que la Sadc, à laquelle a été confiée la médiation, met en œuvre une procédure faite de lenteur et de tergiversations et s’embourbe dans ses propres contradictions. Dans ces conditions, pour « faire bouger les lignes », Nicolas Sarkozy pourrait prendre une initiative diplomatique percutante et inviter Andry Rajoelina au 14 Juillet. De cette manière comme en Libye, il force le destin et entraîne le reste du monde dans son sillage…
Notons que depuis l’année dernière, Nicolas Sarkozy a supprimé le garden-party du 14 Juillet dans le parc de l’Elysée pour des raisons de restriction budgétaire. Lors du 14 Juillet de la semaine prochaine, il va le remplacer pour la première fois par un déjeuner où les convives sont triés sur le volet. Si Nicolas Sarkozy estime que la présence du chef de la transition à ses côtés lors du défilé est un peu trop voyante, il pourrait l’inviter à sa table. Si Andry Rajoelina déjeune à l’Elysée, c’est l’opposition qui va …déguster.
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