Saturday, July 02, 2011

Livraison d'armes aux rebelles libyens: la Russie exige des explications de la France


Le ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.



Alors que le conflit libyen est toujours enlisé, la livraison d'armes aux rebelles par la France provoque des tensions au sein du Conseil de sécurité : la Russie a demandé jeudi 30 juin des explications à la France sur ces révélations.

Paris a reconnu mercredi que son armée avait procédé à des largages d'armes légères et de munitions afin de protéger les populations qui n'avaient pas les moyens de se défendre. Ces opérations, apparement menées indépendamment des alliés de la France, suscitent la controverse, les Nations unies ayant imposé en février un embargo sur les armes à la Libye.

"Nous avons demandé à nos homologues français si les informations relatives à des livraisons par la France d'armes aux rebelles libyens correspondaient à la réalité […]. Si cela se confirme, c'est une violation très grossière de la résolution 1970 du Conseil de sécurité de l'ONU", a déclaré le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov.

Mouammar Kadhafi a appelé ses partisans à reprendre aux rebelles les armes qui leur ont été larguées par la France dans la région du Djebel Nefoussa. Il a par ailleurs menacé de porter "la bataille à l'Europe" si l'OTAN ne mettait pas fin à sa campagne militaire en Libye. "Marchez sur le Djebel et saisissez les armes qui ont été larguées par les Français. Si ensuite vous voulez pardonner [aux rebelles], c'est votre affaire", a lancé le colonel Kadhafi dans une allocution relayée par haut-parleurs à l'adresse de milliers de ses partisans présents sur la Place Verte à Tripoli.

"Retirez-vous, vous n'avez aucune chance de battre ce peuple courageux, a-t-il ensuite lancé aux forces de l'OTAN. Si nous le décidons, nous pouvons fondre sur l'Europe comme une nuée de criquets et d'abeilles. Nous vous conseillons de battre en retraite sous peine de catastrophe". Sur place, les partisans de Kadhafi ont agité des drapeaux verts et des portraits du dirigeant libyen, qui a déclaré que l'importante participation à ce rassemblement était tout à fait spontanée et prouvait combien son peuple l'aimait.

L'UNION AFRICAINE REFUSE D'EXÉCUTER LE MANDAT D'ARRÊT INTERNATIONAL

"Au lieu de proférer des menaces, Kadhafi devrait plutôt penser au bien et aux intérêts de son propre peuple, quitter le pouvoir et aider à faciliter une transition démocratique", a répondu la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Kadhafi a dénoncé le mandat d'arrêt lancé contre lui ainsi que contre l'un de ses fils, Saïf Al-Islam, et contre son gendre par la Cour Pénale internationale (CPI). Les pays membres de l'Union africaine (UA) n'exécuteront pas le mandat d'arrêt lancé par la CPI contre Kadhafi, indique Reuters, ce qui préserve la possibilité d'un départ en exil du numéro un libyen dans l'un des 53 Etats de l'Union africaine.

Les dirigeants de l'UA ont proposé d'organiser des pourparlers de paix entre le gouvernement et les insurgés en vue d'une trêve et d'une transition "consensuelle" vers un pouvoir démocratique. Cette offre, présentée aux représentants de Kadhafi et des insurgés libyens qui assistent au sommet annuel de l'UA, en Guinée-Equatoriale, passe sous silence tout rôle futur pour le numéro un libyen.

IMPASSE SUR LE SOL

Toujours sur le front diplomatique, selon le journal Asharq Al Awsat, basé à Londres, des représentants de Kadhafi ont rencontré des responsables français et britanniques sur l'île tunisienne de Djerba. Citant des sources dans l'entourage de Kadhafi et dans les milieux d'opposition, le journal rapporte que le dirigeant libyen serait prêt à démissionner s'il ne faisait l'objet d'aucune poursuite et pouvait vivre dans sa ville natale de Syrte avec des garanties de sécurité. Ces informations n'ont été confirmées ni par la France, ni par la Grande-Bretagne. Les rebelles ont exclu des discussions avec Kadhafi après les mandats d'arrêt lancés par la CPI.

Sur le front terrestre, les insurgés, qui s'étaient approchés à 80 km de Tripoli, ont dû battre en retraite vendredi sous les tirs de roquettes des forces de Kadhafi. L'arrivée des rebelles il y a cinq jours aux abords de la localité de Bir al Ghanam laissait entrevoir la possibilité d'une percée dans un conflit de quatre mois qui est devenu la plus sanglante révolte du "printemps arabe". Mais les insurgés qui s'étaient regroupés sur une ligne de crête dominant Bir Al-Ghanam en vue d'une bataille se retirent à présent sous un déluge de roquettes Grad. Les responsables militaires de la coalition occidentale refusent de qualifier d'impasse la situation sur le terrain après 104 jours de frappes, même si des dissensions sur la stratégie à adopter sont apparues.

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