Thursday, July 14, 2011

Marc Ravalomanana: Feu vert pour son retour



Marc Ravalomanana pourra rentrer au pays, sans condition aucune. Ainsi en a décidé le Conseil pour la Paix et la Sécurité (CPS) de l’Union africaine. Il aura fallu une semaine pour cet organisme de trancher sur le dossier Madagascar qui a été présenté par l’équipe de Joaquim Chissano le 5 juillet dernier avant de connaître une décision mardi.

Toujours avec la même ambiguïté que la décision des Chefs d’Etat de la SADC à Sandton (Afrique du sud) le 12 juin, le CPS a « approuvé, avec amendements, la Feuille de route pour une sortie de crise à Madagascar ; exhorté les dirigeants des mouvances Ratsiraka, Ravalomanana et Zafy à parapher la Feuille de route dès que les modifications nécessaires auront été effectuées ; exhorté la Haute Autorité de la Transition à autoriser les personnalités malgaches en exile pour des raisons politiques à retourner dans le pays sans condition, y compris M. Ravalomanana ; et exhorté la HAT à élaborer et à mettre en œuvre de toute urgence tous les instruments juridiques encore en instance, afin d’assurer la liberté politique pour tous les Malgaches dans le processus inclusif devant mener à des élections libres, régulières et crédibles » (…).

En un mois, rien n’a donc changé. Et à l’allure où vont les choses, les mêmes exigences seront adoptées par le Groupe International de Contact lors de la réunion que le CPS recommande à la SADC de convoquer dans les meilleurs délais. Le communiqué de presse annonçant la décision du CPS indique d’ailleurs que celle-ci a été prise à l’issue de nombreuses communications dont celles des représentants de l’OIF et de l’ONU.
Bref, la Communauté internationale exige de Andry Rajoelina de permettre à Marc Ravalomanana de revenir au pays et de laisser libre ce dernier à exercer des activités politiques, in fine se présenter à l’élection présidentielle.

A priori, il s’agit de lever le Notam contre le président démissionnaire. Soit-dit en passant, des opposants à Marc Ravalomanana veulent à ce sujet interpeler les Etats-Unis qui demandent au président yéménite Ali Abdallah Saleh de signer le transfert du pouvoir. Mais la Communauté internationale étant ce qu’elle est avec sa puissance et son arrogance, on ne peut lui demander une certaine équité entre le Capsat anti-Ravalomanana et la puissance militaro-industrielle anti-Saleh.

Secundo, cela exige la prise d’une ordonnance d’amnistie par Andry Rajoelina ou l’adoption d’une loi d’amnistie par le Congrès et le Conseil supérieur de Transition qui font office de Parlement. Dans l’un ou l’autre cas, cela équivaut à une reconnaissance en bonne et due forme de la HAT, du CT et du CST.

Ces institutions devraient positiver ainsi la décision même si humainement, on est heurté par le comportement de gens qui l’on considère avoir dès le début de la crise un parti pris certain et ne s’offusquent guère de leurs incohérences.

En tout cas, si l’on considère qu’il est le problème de ce pays (une expression attachée dans le temps à Didier Ratsiraka dont le retour ne pose aucun obstacle politique ni sécuritaire), que Marc Ravalomanana revienne. Au terme de deux ans et demi de crise, son retour est même souhaité pour régler la crise.

Sur le carnage du 7 février 2009 devant le Palais d’Ambohitsorohitra, l’enquête de l’ancien président pourrait être décisive. Sur ses avoirs et plus particulièrement les poursuites de l’Administration fiscale sur les impositions, le fondateur du groupe Tiko aura largement l’occasion de s’expliquer sur place. Bref, la décision du CPS ouvre à Marc Ravalomanana un grand boulevard de s’expliquer sur tous les griefs qu’on lui reproche.

Certes, ses anciens proches ne sont pas favorables à son retour. Mais on se demande aussi si M. Ravalomanana lui-même est disposé à revenir en dépit de ses déclarations, lui qui par rapport aux présidents africains déchus, a une chance inouïe de se voir garantie la protection de sa famille et de ses biens (article 14 de la Feuille de route).

Le mieux pour la sortie de crise ne serait pas d’obliger la HAT de laisser Marc Ravalomanana rentrer librement au pays. Ce serait plutôt d’obliger Marc Ravalomanana de rentrer au pays dans un délai précis. C’est à lui de régler ainsi une crise constitutionnelle qu’il a provoqué en démissionnant sans l’assentiment de … la communauté internationale.

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