Alors que le microcosme attend le retour de Leonardo Simao pour être fixé sur la suite des ambitions des uns et des calculs des autres, un fait divers singularise l’actualité politique avec le limogeage du ministre de la Fonction publique, du Travail et des Lois sociales. Le président de la HAT a notamment pris, hier, un décret mettant fin à la fonction de Nelson William à ce poste. Quand on sait que le remaniement ne saurait plus tarder, on se demande quelle urgence a contraint Andry Rajoelina à prendre cette mesure.
Dans le milieu politique, on rapporte des rumeurs selon lesquelles Nelson William aurait été mêlé à une affaire d’extortion de fonds. Le désormais ancien ministre aurait usé de sa fonction pour demander des dons auprès d’un opérateur karana pour le compte de l’association Fitia de Mialy Rajoelina, épouse du président de la HAT. On indique même le chiffre de 100 millions Fmg.
D’après ces rumeurs, cet opérateur aurait des liens avec le Premier ministre Camille Vital chez qui il se serait plaint. La nature du communiqué de la Présidence semble d’ailleurs corroborer cette version en précisant que le décret est « contresigné par le Premier ministre», la précision n’étant nullement nécessaire si l’on sait que la nomination et le limogeage d’un membre du gouvernement relève du seul ressort du Président.
Sitôt la nouvelle annoncée par les différentes chaînes audiovisuelles, la rédaction a reçu de nombreux appels pour révéler l’acquisition d’un véhicule Hummer, patrimoine supposé de l’ancien ministre. Vraies ou fausses, ces rumeurs doivent être confirmées ou infirmées par un document administratif en bonne et due forme. Seul le BIANCO est habilité à le faire après enquête qui serait beaucoup plus objective si le ministre Nelson William avait consenti à faire une déclaration du patrimoine.
En tout cas, le limogeage de Nelson William ne suffit pas pour oublier l’essentiel qu’est le remaniement devenu un véritable serpent de mer alors que la population souffre plus que jamais. Certains de nos compatriotes commencent même à manger du fourrage pour survivre. Ce limogeage doit être suivi de sanctions fermes car s’il a été limogé, les accusations portées contre lui sont avérées.
La transition ne va quand même pas perpétuer la culture de l’impunité alors même que son image est de plus en plus négative à cause des agissements de certaines personnalités se disant proches d’Andry Rajoelina que les milieux politique et d’affaires qualifient d’ailleurs de voyous sans foi ni loi.
En tout cas, que ce limogeage ne soit pas un rideau de fumée, destiné à cacher les carences et autres lacunes de la HAT dans la gestion des affaires de l’Etat. Sans entrer dans les détails portant sur la gouvernance d’Ambohitsirohitro, notons seulement que l’insécurité toujours grandissante ainsi que la hausse subite et considérable des prix du riz risquent gêner le régime transitoire…
Les nouveaux riches ne se cachent plus...
1,3 milliard Fmg (ou 260 millions d’ariary), c’est le prix d’un Porsche Cayenne ou d’un Hummer. Ces voitures tout terrain de grand luxe sont pourtant visibles dans les rues de la capitale. Si la personne au volant est souvent connue de tout Tanà, il n’est pas rare non plus de remarquer qu’elle ne faisait pas partie du cercle restreint des riches de la ville quelques temps auparavant. Le propriétaire d’une de ces voitures de luxe est parfois issu du monde de la politique. Mais il n’y a pas que les voitures.
Les villas aussi fleurissent un peu partout dans Tanà. Selon des tâcherons, ils ont pu tenir en 2009 et en 2010 grâce à des chantiers de construction proposés par des nouveaux riches dont des officiers militaires et de la gendarmerie, des politiciens de tous bords, des membres du réseau de la haute sphère politique tant de l’opposition que du régime en place… L’année dernière, le coût de construction d’une villa varie entre 800 millions et 1,2 milliard de Fmg (soit entre 160 millions et 240 millions d’ariary). Si l’on prend le dernier chiffre, c’est l’équivalent du revenu journalier de 96 000 pauvres. Cette proportion représente près de 5% de la population tananarivienne. C’est dire l’accaparation de richesses par une poignée de personnes dont les biens colossaux devraient être taxés pour renflouer la caisse de l’Etat.
L’impôt pour les riches existe à Madagascar mais son recouvrement n’a jamais été une sinécure à cause de plusieurs problèmes dont les pressions de toutes sortes. Or, les voitures de luxe tout comme les villas et les autres biens qui procurent un train de vie de riche devraient être frappés d’impôts. A l’heure où l’Etat se débat pour regarnir sa caisse et où les aides extérieures se font désirer, la taxation correcte des biens des riches devrait apporter quelque chose de non négligeable. Puis, le recouvrement des taxes chez tous les contribuables n’est que justice. Sans cela, les PME et les grandes entreprises seront toujours la vache à lait de l’Etat, d’autant plus que la lutte contre l’informel n’a jamais donné des résultats probants. Les dispositions de la loi de finances 2011 sur l’immatriculation des sociétés sont une bonne chose mais rien de bien palpable n’est prévu pour le contrôle. De plus, si l’on brandit des sanctions dès la création même d’une entreprise, cela risque de faire fuir les porteurs de projet ou de mettre un frein au développement de l'entrepreneuriat.
En fait, les moyens pour formaliser l’économie peuvent parfois se révéler des armes à double tranchant. En attendant des solutions meilleures, le fisc se rabat sur les contribuables auprès de qui il peut travailler sans trop de risques. Et les nouveaux riches peuvent pavaner sans crainte.
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