Thursday, February 24, 2011
Albert Zafy et Didier Ratsiraka se sont finalement décidés de ne plus rentrer dans la mêlée politique
Deux ans après les marathons aériens pour des réunions interminables dans les capitales africaines, les volte-face, les tractations occultes et de multiples manœuvres de manipulation, les deux anciens présidents de la République ont décidé de ne pas adhérer à la feuille de route pour la sortie de crise à Madagascar.
De la part d’Albert Zafy, la décision n’est pas du tout étonnante. Il a déjà obtenu ce qu’il a revendiqué depuis l’avènement du régime Ravalomanana : la création d’un comité de réconciliation nationale. Cette structure est déjà contenue dans la nouvelle Constitution qui ne souffre plus d’aucune contestation sur le plan international, notamment dans les dispositions transitoires qui selon l’article 168, stipulent la création du Conseil du fampihavanana malagasy (CFM). Malgré tout, cet éminent chirurgien surprend par ses positions. Après son empêchement en 1996, il n’a jamais reconnu aucun président de la République à Madagascar. Il peut être nommé à la tête du CFM pour lequel il a fait un mini mada-raid à la fin des années 2000, mais il n’accepterait pas de l’être tout simplement parce que c’est un président reconnu qui le nommera.
Pour Didier Ratsiraka, la situation est à la fois simple et complexe. Simple parce que de toutes les formations politiques à Madagascar, l’Arema est le parti qui peut encore s’enorgueillir d’avoir une base plus ou moins fidèle. Complexe parce que la direction de l’Arema reste floue. Pierrot Rajoanarivelo qui est l’élément le plus en vue et soutenu par la base nationale n’est pas adoubé par le fondateur lequel brille par son silence, laissant ainsi ses fils spirituels s’entre-déchirer. En refusant de signer la feuille de route, Didier Ratsiraka serait en réalité en phase avec son patriotisme ardent ; il ne veut pas être soumis par l’extérieur. Il a joué le jeu des négociations parce qu’on le lui a demandées. Le stratège doublé d’un orgueilleux supposé un tant soit peu rancunier, se serait-il mis à la même table et faire cause commune avec celui qui l’a expulsé du pays sans arrière-pensée ?
En tout état de cause, le refus des deux de signer la feuille ne ferait que faciliter le travail des médiateurs internationaux dans le sens que « les vieux » n’avaient a priori aucun rôle actif dans la résolution de la crise : on les avait appelés faute d’inspiration. Si problème il y a au niveau de ces deux personnages, ce serait parmi leur entourage respectif direct. Notamment les techniciens fidèles qui ne savent plus où mettre leurs ambitions légitimes. Certains aspirent légitimement à diriger le gouvernement, d’autres à devenir ministres ou à occuper de hautes fonctions au sein de l’administration. Le refus de signer coupe toutes ces aspirations.
Ce serait pour la même raison que les partisans de Marc Ravalomanana n’ont pas livré à leur patron toutes les données sur la feuille de route et la situation politique dans le pays.
Il semble que c’est ce jour-là seulement que l’ancien président de la République a pu avoir la version corrigée de la feuille de route qui date pourtant du 16 février. Ses fidèles, Mamy Rakotoarivelo, Manandafy Rakotonirina, Hanitra Razafimanantsoa, ne lui auraient fourni que des bribes de la proposition de sortie de crise. Ces assertions confirment-elles les rumeurs lesquelles les proches de M.Ravalomanana lui-mêmes seraient contre son retour au pays ? Sinon, est-ce une nouvelle manœuvre pour gagner un peu plus de temps ?
A croire les Alain Tehindrazanarivelo, Pierrot Rajaonarivelo et les autres au sortir de la réunion avec M. Simao, ce dernier avait annoncé que M. Ravalomanana demande effectivement du temps. Quand on sait que 8 des 11 formations politiques consultées par la médiation internationale adhèrent à cette feuille de route, doit-on encore donner le temps à celui qui n’avait pas réussi à mettre en place la bonne gouvernance, la démocratie, et le développement dans le pays avec les milliards de dollars des bailleurs de fonds?
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