C’est la montée du pessimisme, depuis hier, sur la sortie de crise. Les parties prenantes se sont réunies pour concevoir les propositions qui seront remises à Andry Rajoelina, chef de la transition. Si les pro-Rajoelina sont arrivés en nombre au rassemblement, par contre les mouvances d’opposition ont brillé par leur absence.
Si la mouvance Zafy a adressé une lettre d’excuse pour motiver son absence, les mouvances Ravalomanana et Ratsiraka (celle-ci, non signataire de la feuille de route, n’était pas attendue) n’ont pas cru utile de se plier à une telle formalité. Bref, le pays pourrait cheminer ainsi vers la sortie de crise, en sautillant sur une seule jambe. Au bout d’une certaine distance, cette progression pitoyable pourrait être stoppée par la communauté internationale. Selon celle-ci en effet, les deux camps devraient se donner la main afin de former une « transition consensuelle et inclusive ». Si l’opposition fait défection et se retire de l’attelage, la communauté internationale pourrait prononcer le gel de l’application de la feuille de route…
Si l’opposition manifeste de la réticence, c’est notamment car elle constate chez le régime de transition une absence de sincérité et de volonté de rapprochement. Plutôt que de favoriser une atmosphère propice au dialogue, les tenants du pouvoir agissent de manière à entretenir la tension et à provoquer des frictions. Conscientes de cette disposition d’esprit portée au conflit, les mouvances d’opposition font marche arrière et se replient sur elles-mêmes. En effet, des signes évidents témoignent d’une volonté de brimer et de marginaliser les mouvances d’opposition.
En premier lieu, invoquant la souveraineté de la justice malgache, la ministre Christine Razanamahasoa a annoncé que dès qu’il mettrait les pieds sur le territoire national, Marc Ravalomanana serait mis en état d’arrestation. En second lieu, l’Armée a fait part de son projet de procéder à l’arrestation de Marc Ravalomanana en Afrique du Sud. L’ex-chef d’Etat serait ramené au pays afin qu’il y purge sa peine. En troisième lieu, Andry Rajoelina, chef de la transition, repousse l’idée d’une rencontre au pays des quatre chefs de mouvance, souhaitée par les mouvances d’opposition. Selon lui en effet, une telle rencontre n’est pas prévue dans la feuille de route et apparaît comme inutile. En dernier lieu, alors que l’opposition revendique une dissolution puis une recomposition de toutes les institutions de la transition, les tenants du pouvoir s’en tiennent à l’« élargissement », porté dans la feuille de route.
En fait, le topo est simple : dans toutes les instances de la transition, les barons du régime ont goûté aux fruits du pouvoir et ne tiennent pas à en être privés. Leur souci premier n’est pas de sortir le pays de la crise, mais de conserver leurs positions et les avantages qui y sont attachés. Les opposants seraient donc réduits à la portion congrue, avec des sièges marginaux et au nombre restreint. S’il en est ainsi, ils seront largement minoritaires dans toutes les institutions, notamment dans le gouvernement, et ne pourront faire valoir leurs vues. Majoritaires et en position de force, les pro-Rajoelina vont dicteur leur loi.
Les intentions des tenants du pouvoir commencent à transparaître : user de l’adhésion des opposants à la feuille de route comme d’un alibi. Et ce, afin de décrocher la reconnaissance internationale et la reprise des financements extérieurs. En tout cas, ils trustent les postes-clés et ont la haute main sur la barre de l’Etat. On attend une réaction de l’opposition. Si celle-ci se contente de miettes, les gens diront : quel drôle… d’oiseau !
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