Thursday, October 06, 2011

L'eau des océans aurait été apportée sur la Terre par les comètes



De nouvelles mesures du télescope spatial Herschel de l'ESA montre que la comète Hartley 2, qui vient de la lointaine ceinture de Kuiper, contient de l'eau ayant la même signature chimique que celle qu'on trouve dans l'eau des océans de la terre. Cette découverte pourrait expliquer pourquoi la surface de la terre est recouverte d'eau.

La "planète bleue" ne l'a pas toujours été. Lors de la formation de notre système solaire, la Terre était tellement chaude que la plupart des éléments volatils, dont l'eau, se sont évaporés. Seules des régions relativement lointaines – au-delà de l'orbite de Mars – en ont conservé une grande quantité.

L'immense quantité d'eau qui recouvre aujourd'hui la Terre est donc vraisemblablement d'origine extraterrestre, même si son origine exacte fait toujours débat entre les scientifiques. Un grand nombre de chercheurs pensent qu'elle a fait son retour plusieurs millions d'années après la formation de la Terre, sous forme de glace transportée à bord de petits corps célestes : les astéroïdes et, dans une moindre mesure, les comètes.

Selon une étude publiée dans la revue britannique Nature, mercredi 5 octobre, l'action des comètes dans le retour de l'eau sur Terre aurait en fait été déterminante et une grande partie des océans qui recouvrent aujourd'hui notre planète aurait été alimentés par des comètes surgies du fin fond de l'espace.

Des astrophysiciens du télescope spatial Herschel, de l'ASE (Agence spatiale européenne), ont en effet trouvé pour la première fois de l'eau d'une composition chimique similaire à celle de la Terre sur une comète, Hartley 2, passée récemment au large de notre planète.

"Les théories actuelles ont conclu que moins de 10 % de l'eau terrestre a pour origine des comètes", noyaux de glace et de poussières, explique Paul Hartogh, de l'institut Max-Planck de recherches sur le système solaire (MPS). "Pour la première fois, nos résultats impliquent que les comètes ont pu jouer un rôle bien plus important", renchérit Miriam Rengel, du MPS.

Pour remonter la piste de l'eau terrestre jusque dans l'espace, les scientifiques utilisent un isotope (variante atomique) naturel de l'hydrogène, le deutérium, aussi appelé "hydrogène lourd". Sur notre planète, la proportion de deutérium est d'environ un atome pour 6 400 d'hydrogène et "les petits corps célestes qui ont apporté l'eau sur Terre devraient avoir une proportion similaire entre les deux isotopes", selon le MPS.

Jusqu'à présent, les astronomes avaient principalement observé cette proportion chez les astéroïdes, corps composés de roches, de métaux et de glace, provenant de la ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter. En revanche, aucune élue n'avait été trouvée parmi six comètes candidates, toutes beaucoup trop riches en deutérium et arrivant vraisemblablement du voisinage de grandes planètes gazeuses comme Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.

La comète Hartley 2, en revanche, proviendrait de la ceinture de Kuiper, une région beaucoup plus lointaine, située aux confins du système solaire. Les instruments d'Herschel l'ont donc scrutée à la loupe lors de son passage à seulement 18 millions de kilomètres de la Terre, à l'automne 2010. "Nos mesures ont montré que l'eau de la comète contient un atome de deutérium pour 6 200 atomes d'hydrogène", un taux très proche de celui de la Terre, explique M. Hartogh.

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