Autorité de la chose jugée, le « prince d’Antsohihy » ne bénéficie plus de la présomption d’innocence quant aux infractions qu’on lui reproche. Ce n’est qu’une brute, (condamnation pour voies de fait), un vulgaire pédophile qui détourne mineure et séquestre sa victime. Voilà cinq mois que le verdict est tombé, le mandat d’arrêt établi, l’ « honorable » conseiller supérieur de la Transition, équivalent du titre de sénateur, non seulement court toujours, mais parade en ville et occupe même la place qui revient à sa notabilité dans les cérémonies publiques.
De cette situation caractérisée d’exception à l’application du droit, le Conseil Supérieur de la Magistrature s’en émeut. Les magistrats ont mis à profit l’opportunité pour se blanchir d’une réputation qui leur colle à la peau. Le message est clair, ils exécutent leur rôle, et on ne peut leur reprocher un quelconque manquement. Ce cas concret médiatisé inverse ce que l’on pense généralement : les forces de l’ordre arrêtent les suspects et ceux-ci trouvent un « blanchiment » et recouvrent leur liberté au tribunal. Ici on assiste à la situation contraire, les juges condamnent et les forces de l’ordre ne se saisissent pas du condamné.
Jao Jean jouit à ce qu’il semble d’une notoriété agissante que son arrestation menacerait de provoquer des troubles publics. La gendarmerie fait manifestement cas de ce sentiment à l’échelle locale. Les troubles suite à l’arrestation de Marc Ravalomanana en Afrique du Sud seraient-ils moindres ? On ne finit pas de s’interroger sur ce qui a provoqué ce retournement à 180° en ce qui concerne la position des forces de l’ordre par rapport au retour de l’Ex. Ceux mêmes qui la veille ont exhiber boucliers pour manifester une opposition farouche contre ce projet, expriment le lendemain une détermination belliqueuse pour aller le quérir dans son refuge. Le danger de trouble public n’a pas disparu d’un jour à l’autre comme par enchantement, l’approche adoptée pour l’évaluation de ce danger a peut-être été différente. Les grands stratèges des forces de l’ordre qui ont en poche une formule radicale pour résoudre le problème Ravalomanana, ne sont pas parvenus à trouver la bonne solution pour le cas Jao Jean.
Lu dans "SOBIKA"le 01/10/11
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