Friday, August 12, 2011
Madagascar: La surprise empoisonnée
Pro ou anti, une bonne partie de l'opinion, du moins celle qui s'attache encore à suivre ce que trame la classe politique, attendait un nouvel éclairage qu'auraient pu apporter des précisions sur la "feuille de route". On en faisait autour, tellement de mystères que nombreux ont fini par en espérer naïvement une solution miraculeuse. Dans cette ambiance d'excitation irraisonnée à bien y regarder, Andry Rajoelina a trépigné d'impatience et comme souvent il ne résiste pas à la tentation dès que l'occasion se présente de vouloir démontrer à une foule réunie sa grande hardiesse, il a interpellé la médiation internationale, une façon de dire au bon peuple sa capacité à houspiller les grands méchants loups, et qu'il va jusqu'à les faire sortir du bois pour mieux les affronter de face... Presque du: "Ils verront ce qu'ils verront".
La réponse ne s'est pas faite attendre sous la forme d'une surprise, une pomme empoisonnée qui est restée en travers de la gorge du régime HAT. D'une grande toxicité! Joaquim Chissano dans sa lettre ne traite que subsidiairement de la feuille de route, l'objet principal de sa missive étant d'anticiper sur le plan B de la HAT et de donner un coup de frein brutal au spectacle des préparatifs d'élections.
Dos aux murs la HAT se trouve face à un dilemme cornélien: la peste, se soumettre aux injonctions "des gendarmes et autres juges de paix", et y laisser ainsi une bonne part de sa superbe ; le choléra, entraîner le pays dans une entreprise aventureuse, les élections. a vouloir les tenir hors d'un cadre défini par un consensus large, autre qu'un faux-semblant regroupement riquiqui de forces vives, celles-ci composées de microscopiques organisations satellitaires dans la vassalité ne trouve valeur qu'à se vouloir obtenir un statut de complice. Des élections organisées en dehors des conditions établies de façon précise par tous, non seulement ne contribueront pas à obtenir une reconnaissance internationale, mais à l'intérieur du pays menaceraient d'enfoncer encore plus dans la crise. difficile après des déroulements d'élections et la proclamation des résultats non reconnus par tous de faire comme si de rien n'a été. D'un impossible retour en arrière, l'expression fuite en avant trouve ici pleine justification.
Cette lettre de Joaquim Chissano ne fait qu'épaissir le brouillard autour du personnage. Alternativement honni ou encensé par l'un des deux camps à tour de rôle, quand l'un se félicite d'une initiative l'autre le descend en flammes, le qualifiant de vendu. Cette fois-ci c'est la bouteille d'encre, les intentions sont opaques.
Le stop adressé au projet des élections communales peut s'interpréter comme une mesure conservatoire des chances de Marc Ravalomanana. Les maires actuels sont élus TIM de l'époque et sans doute fidèles pour la majorité d'entre eux. Maintenus à leur poste ils garderaient une influence non négligeable dans le déroulement des législatives et présidentielles à organiser. A l'inverse, cette proposition avancée par Chissano ne fait que reculer l'échéance d'une issue de la crise, déjà que l'on prête à Andry Rajoelina la détermination cachée de manœuvrer par derrière en vue d'une prolongation répétitive de la période de transition.
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