Le club très fermé des pays notés "triple A" se réduit après la dégradation, vendredi 5 août, de la note souveraine des Etats-Unis par l'agence de notation Standard & Poor's.
Le "triple A" de la France, qui lui permet de se financer à des taux avantageux sur les marchés financiers, a été confirmé ces derniers mois par les trois grandes agences de notation : S&P, Moody's et Fitch. Ces deux dernières maintiennent d'ailleurs le "AAA" américain – la note la plus élevée de l'échelle des agences de notation.
Ciaran O'Hagan, stratégiste taux à la Société Générale , expliquait samedi à Reuters ne pas s'attendre à la disparition d'un autre "triple A" dans le monde, notamment celui de Paris. Des observateurs soulignent pourtant régulièrement que la France est le "triple A" de la zone euro affichant les moins bons ratios budgétaires, un des éléments pris en compte par ces agences pour déterminer les notes données aux dettes des pays.
Le déficit public s'est ainsi élevé à 7,1 % du produit intérieur brut l'an dernier en France, un niveau supérieur à ceux des autres "triple A" de la zone euro – Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Finlande et Luxembourg. Pour 2011, la Commission européenne prévoit que cet écart subsistera, le déficit français s'élevant à 5,8 % contre -3,7 % pour les Pays-Bas et l'Autriche, -2 % pour l'Allemagne et -1 % pour la Finlande et le Luxembourg.
BAISSER LE RATIO DETTE-PIB
Surtout, la France est le seul de ces pays à afficher un déficit primaire important. Ce solde, qui correspond au déficit hors coût de la dette, devrait être de -3,1 % du PIB en France en 2011, selon la Commission, contre -1,6 % aux Pays-Bas, -0,9 % en Autriche et -0,5 % au Luxembourg. L'Allemagne et la Finlande devraient afficher un excédent primaire de 0,4 % et 0,2 % respectivement, l'arme la plus efficace pour réduire le ratio d'endettement.
Le gouvernement français assure qu'il prendra toutes les mesures nécessaires pour tenir ses objectifs de réduction du déficit, qui permettront selon lui de baisser le ratio dette-PIB dans les prochaines années. Il a ainsi déjà annoncé qu'il réduirait au besoin les niches fiscales qui amputent les recettes publiques dans une proportion supérieure aux 3 milliards d'euros prévus pour l'instant pour 2012.
"Le 'triple A' a été confirmé par les trois agences et on a une ligne rouge à ne pas franchir sur la réduction des déficits, a dit samedi une source proche du ministre des finances, François Baroin. Ça se traduira par des mesures dans le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la sécurité sociale présentés en conseil des ministres en septembre". Le gouvernement prévoit de réduire le déficit public à 5,7 % du produit intérieur brut fin 2011, 4,6 % fin 2012, 3 % fin 2013 et 2 % fin 2014. Cette trajectoire devrait selon lui permettre d'inverser la progression du ratio de dette-PIB à partir de 2013 pour le mettre sur une trajectoire décroissante. Le gouvernement estime pour l'instant que ce ratio de dette continuera d'augmenter cette année et l'an prochain à 85,4 % du PIB fin 2011 et 86,9 % fin 2012 puis baissera à 86,4 % fin 2013 et 84,8 % fin 2014.
"REGLE D'OR"
Les responsables français mettent aussi en avant la qualité de la main d'œuvre dans le pays, la vigueur de sa démographie, la solidité de son système bancaire et un endettement privé qui reste sous contrôle. Les agences elles-mêmes soulignent ces derniers points et ont accueilli favorablement la réforme des retraites menée par Nicolas Sarkozy et François Fillon, dans laquelle elles ont vu un signe de la capacité du pays à se réformer pour faire face à la perspective d'une explosion des comptes de retraite et de santé avec l'accroissement de la durée de la vie.
Au registre des mauvais points, en revanche : la dégradation des comptes extérieurs de la France, le déséquilibre de ses comptes courants, unique parmi les 'triple A' de la zone euro, et le déficit croissant du commerce extérieur qui signale une perte de compétitivité menaçant la solidité économique du pays.
Majorité et opposition se disputent en parallèle sur la "règle d'or" de contrôle des déficits que Nicolas Sarkozy souhaite inscrire dans la Constitution. Le gouvernement français considère que l'adoption de cette règle pourrait conforter les observateurs.
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