Depuis plusieurs années, on a constaté la prolifération des sectes ou associations religieuses dans la Grande Ile. Ces associations cultuelles, selon leur statut auprès du ministère de l’Intérieur, prêchent l’Evangile à leur façon,tout en demandant aux ouailles de donner 10% de leur fortune ou salaire.
Mais, le un dixième de la richesse ainsi réclamé, évoqué dans l’Evangile, n’est qu’une façade pour couvrir des opérations financières douteuses comme les fraudes douanières, fraudes fiscales, etc., afin d’intégrer des capitaux douteux dans le circuit financier normal. Le service de renseignements financiers (Samifin), dirigé par Jean-Claude Razaranaina, lors de la célébration de son troisième anniversaire, a publié un rapport relatant les modes opératoires de ces « blanchisseurs ».
Ce service de renseignements ainsi que les établissements assujettis ont remarqué au début de l’année 2010, un mouvement de fonds inhabituels au niveau des établissements bancaires. Il s’agit d’un rapatriement de fonds d’un montant de 1 426 336 dollars soit 14 263 360 000 FMG, supposés être une donation.
Les enquêteurs doutent, en effet, qu’un tel montant puisse être une donation. D’autant plus que l’importante somme d’argent provient d’une société off-shore (holding financier), enregistrée à Tortola (îles Britanniques dans l’Océan Atlantique), détenant un compte dans une banque suisse. Les fonds en question ont été transférés dans un compte bancaire d’un établissement financier, établi à Antananarivo, enregistré au nom du président d’une organisation religieuse bien connue dans la capitale. On apprend que le président de ladite association a été dans l’impossibilité de fournir des explications sur l’origine des fonds, d’autant plus que l’intéressé n’a pas payé les obligations fiscales dans le cas de dons et legs prévus par la législation malgache. Bon nombre de ces organisations religieuses s’organisent en vue d’échapper aux contraintes fiscales, en effectuant des fraudes.
On rapporte aussi que le président de ladite secte a effectué plusieurs retraits par des chèques pour des investissements dans le cadre des « affaires religieuses » intéressant l’organisation telle que l’achat de terrains et la construction de bâtiments, l’achat de véhicules automobiles, l’achat de denrées alimentaires… D’ailleurs, un certain gourou ne se prive pas d’étaler en public ses réussites financières, concurrençant les hommes d’affaires malgaches et étrangers, en s’affichant avec des 4x4 dont un Hummer, frappés aux « armoiries » de son association. L’Etat devrait surveiller de près les mouvements de fonds de ces sectes qui infantilisent des Malgaches à travers des prêches rétrogrades....
N’ayant pas le pouvoir répressif, le Samifin se contente de collecter les renseignements relatifs aux déclarations d’opérations suspectes (DOS) et les transmet au gouvernement, principalement au ministère des Finances et du Budget et à celui de la Justice, pour que ce dernier prenne l’initiative de la suite à donner. Il s’agit en effet de crime puisque le blanchiment d’argent forme à lui seul une économie parallèle, échappant aux contrôles des autorités étatiques. La circulation de capitaux douteux dans le circuit parallèle, introduits par la suite dans le circuit légal, constitue un danger pour l’économie nationale et surtout pour les caisses de l’Etat. Il appartient donc au pouvoir exécutif de réprimer ce genre de crime.
Toutefois, le Samifin a reçu plus de 90 déclarations d’opérations suspectes dont 72% proviennent des établissements bancaires. Comme le transfert suspect de fonds pour une organisation religieuse. Et les infractions d’origine sont les mêmes telles que les fraudes fiscales, les fraudes douanières, les défauts de domiciliations bancaires.
Notons que le montant en jeu des déclarations d’opérations suspectes, transmises au parquet, s’élève à 316 milliards Ariary, les transactions douteuses qui prédominent se situent au niveau du secteur BTP (bâtiments, travaux publics et promotion immobilière) qui représentent 231 milliards Ariary, tandis que les capitaux détournés au niveau de l’administration publique s’élèvent à 136,8 millions Ariary.
Le recyclage de fonds douteux apparaît sous différentes formes, mais il existe aussi le blanchiment d’argent, destiné à financer des actions terroristes. Madagascar a été cité à plusieurs reprises, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 et sous le régime Ravalomanana avec l’assassinat d’un ex-parent de Ben Laden, comme étant un pays appartenant au rouage du financement terroriste. La prolifération des sectes et des cellules terroristes ne pourrait que nuire à l’image et à l’économie du pays.
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