Un commissariat de police éventré, un bus à impériale réduit à une carcasse fumante, des magasins d'électronique et de sports saccagés, des bâtiments rasés par les flammes : le quartier de Tottenham, dans le nord de Londres, ressemble à un champ de bataille. De violentes émeutes ont secoué, dans la nuit de samedi 6 à dimanche 7 août, ce quartier pauvre du nord de Londres, lors des pires incidents que la capitale britannique ait connus depuis des années.
Les troubles ont éclaté dans la foulée d'une manifestation organisée samedi soir pour réclamer "justice" après la mort d'un homme de 29 ans, Mark Duggan, tué jeudi par la police à Tottenham. Les émeutiers ont incendié plusieurs véhicules et un bus à impériale, dont il ne restait quelques heures après que les carcasses. Plusieurs bâtiments ont totalement été ravagés par les flammes, et les pompiers s'activaient encore dimanche en fin de journée pour venir complètement à bout des incendies. Les affrontements ont cessé au petit matin seulement.
Les fauteurs de troubles ont aussi saccagé des distributeurs de billets et des magasins, d'où des personnes cagoulées sont sorties en poussant des chariots remplis de marchandises, et s'en sont pris aux forces de police à coups de cocktail Molotov et autres projectiles.
"Aldi (un supermarché appartenant à une chaîne du même nom) était en feu et des barricades étaient mises en place par les émeutiers. C'était vraiment effrayant", a témoigné à l'AFP Stuart Radose, un habitant du quartier dont l'immeuble a été incendié et qui a dû trouver refuge pour la nuit chez son père.
Downing Street a dénoncé ces violences "totalement inacceptables". "Il n'y a aucune justification pour les agressions auxquelles la police et le public ont été confrontés et pour les dégâts" causés, a affirmé le bureau du premier ministre, David Cameron.
La famille du jeune homme tué jeudi a appelé au calme, dimanche. "Nous ne tolérons pas ce genre d'actions", a déclaré le frère de la victime, Shaun Hall, sur Sky News. "Je sais que les gens sont frustrés, ils sont en colère en ce moment, mais je vous dis 's'il vous plaît arrêtez'." "Ce gars n'était pas violent. Certes, il était impliqué dans des trucs, mais ce n'était pas une personne agressive", a affirmé une amie du jeune homme sur Sky News.
Mark Duggan a été tué lors d'une opération de la police contre la criminalité au sein de la communauté noire. Sa mort est "absolument regrettable", a estimé dimanche un responsable de Scotland Yard, Adrian Hanstock, "mais cela ne donne pas le droit à une minorité de délinquants de détruire des commerces (...) et de voler".
Selon plusieurs habitants, la colère montait depuis un certain temps contre les contrôles policiers. "J'habite à Broadwater Farm depuis vingt ans et depuis le premier jour, la police soupçonne toujours les Turcs et les Noirs", a expliqué à Reuters un travailleur social d'origine turque. Un habitant d'une cinquantaine d'années disait comprendre les émeutiers : "Nous savons que le gouvernement nous prend pour cibles, nous néglige. Quand on met un million de jeunes au chômage, comment voulez-vous que nous nous taisions ?"
Tottenham compte un grand nombre de minorités ethniques et certains secteurs affichent des taux de chômage parmi les plus élevés de Londres. Le quartier avait déjà été le théâtre de très violentes émeutes en 1985, après une descente de police chez des particuliers, qui s'étaient soldées par le décès d'une femme de 49 ans à la santé fragile. Lors des affrontements qui avaient suivi, un policier avait été tué à coups de machette.
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