Nicolas Sarkozy est consterné par l’annonce de référendum faite, à la surprise générale, par le premier ministre grec, Georges Papandréou. Le président français croyait avoir réglé le cas de la faillite de la Grèce et de la recapitalisation des banques lors du conseil européen de mercredi, tout en sachant qu’il fallait renforcer le fonds européen de stabilité financière et s’assurer que l’Italie n’allait pas être gagnée par la contagion de la crise. Soudain, tout est à recommencer.
« Le geste des Grecs est irrationnel et de leur point de vue dangereux », estime un proche du président. Les 8 milliards d'aides du FMI n'ont pas été versées. Il est peu imaginable qu'elles le soient tant que la situation n'est pas éclaircie. La Grèce fera-t-elle défaut entretemps? C'est le scénario catastrophe qui inquiète un visiteur du soir de M. Sarkozy.
Réunion d'urgence mardi à 17 heures à l'Elysée
En réponse, Nicolas Sarkozy a convoqué une réunion d'urgence, mardi à 17 heures. Seront présents les principaux ministres concernés, le premier ministre, François Fillon, et les ministres des affaires étrangères, des affaires européennes, de l'économie et du budget, Alain Juppé, Jean Leonetti, François Baroin et Valérie Pécresse, ainsi que le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
Plus tôt, mardi midi, Nicolas Sarkozy a téléphoné à la chancelière allemande Angela Merkel, avant que Paris et Berlin ne s'affirment, dans un communiqué commun, "déterminés à assurer avec leurs partenaires européens la pleine mise en oeuvre, dans les meilleurs délais, des décisions adoptées par le sommet, qui sont aujourd'hui plus que jamais nécessaires".
Le scénario tant redouté par l'Elysée s'esquisse : la mise sous tutelle d'une Europe incapable de résoudre ses difficultés à la veille du G20 de Cannes, qui rassemblera jeudi 3 et vendredi 4 novembre les dirigeants des principales puissances de la planète. Un sommet avant lequel Mme Merkel et M. Sarkozy ont prévu de se rencontrer mercredi après-midi.
M. Papandréou semble avoir été victime d’une rébellion au sein du Pasok, le parti socialiste au pouvoir à Athènes. Le référendum grec, qui reviendrait à approuver le plan de sauvetage européen, n’aurait lieu que cet hiver, sans doute en février. D’ici là, c’est tout le plan décidé à Bruxelles qui s’effondre : comment imaginer que les banques internationales vont accepter d’effacer 50 % de leurs créances si les Grecs, par référendum, décident de faire défaut ? Comment imaginer que le Bundestag allemand va voter l’octroi d’aide supplémentaire à ce pays ? Jusqu’à présent, Berlin n’a fait valider que le projet de FESF. Côté français, on ne voit donc pas comment la Grèce va pouvoir vivre d’ici à ce référendum, s'il a lieu.
Un rejet par la population grecque du plan de sauvetage de Bruxelles signifierait qu’il faut aller plus loin dans l’effacement de la dette d'Athènes et donc prononcer un défaut de ce pays, catastrophique pour toute la zone euro. Les Allemands sont eux-aussi stupéfaits, furieux d'avoir découvert l'initiative de M. Papandréou, tout comme Christine Lagarde, directrice générale du FMI.
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