Il y a les amis des animaux. Et il y a leurs amants. La science improbable - et cette chronique qui l'est tout autant - faisant fi des tabous, il nous faut rendre compte d'une étude brésilienne, parue le 24 octobre dans The Journal of Sexual Medicine, consacrée aux pratiques zoophiles masculines. L'article n'a pas été écrit à des fins sensationnalistes : en tout bien tout honneur, les 20 médecins qui l'ont signée se sont intéressés au lien pouvant exister entre cette pratique sexuelle et le cancer du pénis, beaucoup plus fréquent au Brésil qu'en Europe. Pour leur étude, les auteurs ont soumis à un interrogatoire poussé sur leur vie sexuelle 492 hommes, de 18 à 80 ans, provenant des régions rurales et pauvres du pays. Cent dix-huit d'entre eux étaient atteints d'un cancer du pénis, les autres servant de groupe de contrôle. Les résultats de ces entretiens sont un choc pour ceux qui croient que ce que l'on appelait autrefois la "bestialité" constitue une pratique hors normes. Près de 35 % des sujets interrogés ont reconnu avoir forniqué avec un animal ou plusieurs. L'affaire commence en général à l'adolescence, vers l'âge de 13 ou 14 ans, et s'arrête environ quatre ans après, la majorité des zoophiles cessant d'abuser des animaux quand ils obtiennent les faveurs d'individus appartenant à l'espèce humaine. Il existe tout de même des béguins durables : un homme de l'étude a connu l'amour "bestial" pendant vingt-six ans...
Rares sont les hommes qui se contentent d'une passade ou qui plaident l'erreur d'un soir. Près de 40 % de ceux qui ont goûté à la chose accomplissent au moins une fois par semaine leurs devoirs de basse-cour. Car ferme rime avec harem. Dans l'ordre des favori(te)s, on trouve en premier les juments, suivies des ânesses, des mules, des chèvres, des poules, des veaux, des vaches, des chiens et chiennes, des moutons et brebis, cochons et truies. L'étude dessine une carte du Tendre qui décalque celle de l'élevage brésilien : on préfère la volaille dans le Sud ou le Sud-Est, et les équidés dans le Nord-Est. On ne peut que déplorer le manque regrettable de précision de l'étude, car trois cas figurent dans la catégorie des "autres espèces"... La fidélité n'est pas toujours de mise, et nombreuses sont les personnes interrogées reconnaissant passer d'une espèce à l'autre. La zoophilie s'expérimente aussi en groupe, plusieurs hommes ayant expliqué s'être adonnés à des "tournantes" animalières. L'article montre que les patients souffrant d'un cancer du pénis ont eu, de manière significative, plus de relations sexuelles avec les animaux que les hommes du groupe témoin. Les premiers sont d'ailleurs adeptes des pratiques à risques : multiplication des partenaires, recours plus fréquent aux prostitué(e)s, tabagisme.
Les auteurs de l'étude avancent deux pistes pour expliquer le lien entre la zoophilie et le cancer qui les intéresse. Primo, le contact fréquent avec les muqueuses animales et les microbes qui les peuplent. Secundo, en commençant leur vie sexuelle en insérant leur membre viril dans des orifices qui n'y sont pas vraiment adaptés, les zoophiles peuvent multiplier les microtraumas, ce qui les exposera davantage à la maladie. Les amours "bestiales" s'avèrent donc des liaisons dangereuses. Dans une majorité des cas, le traitement de la maladie implique une amputation partielle ou totale de la verge. Adieu veau, vache, cochon, couvée...
Journal LE MONDE du 25.11.11
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