Les mouvances des anciens présidents Ravalomanana et Zafy jouent le jeu en intégrant le gouvernement. Mais la partie est loin d'être gagnée pour le Premier ministre Omer Beriziky.
Une étape de franchie dans la formation du gouvernement. Les mouvances Ravalomanana et Zafy et l'organisation de l'ancien Premier ministre Monja Roindefo sont d'accord pour prendre part à la mise sur pied de l'équipe gouvernementale. Elles réclament cependant certaines « assurances » de la Troïka, l'organe de coopération de la Communauté de développement de l'Afrique australe.
« Nous avons décidé de remettre la liste de nos ministrables », a indiqué Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation de la mouvance Ravalomanana, hier, en début d'après-midi à Mahazoarivo. Les partisans de l'ancien Président ne sont pas venus seuls. Ils étaient accompagnés de Marcel Miandrisoa de la mouvance Albert Zafy et de l'ancien Premier ministre Monja Roindefo à la tête du parti Madagasikara Otronin'ny Malagasy (Monima) qui ont agi comme leur allié.
Après quelques jours de tergiversations et de surenchères, l'« opposition » signataire de la Feuille de route intègre ainsi le processus de formation du gouvernement. « Nous avons reçu, non pas une garantie, mais une certaine assurance par rapport à nos réclamations », explique Mamy Rakotoarivelo, au nom des trois entités. « Nous souhaitons l'équilibre des pouvoirs, matérialisé par le partage en deux des portefeuilles ministériels entre ceux qui soutiennent Andry Rajoelina, président de la Transition, et l'opposition (…) Nous réclamons également le retour des exilés politiques et la libération des prisonniers politiques, le plus rapidement possible dès que le gouvernement est installé », a-t-il poursuivi.
Les partisans du régime ne souhaitent pas accorder trop d'importance à l'événement. « C'est tout à fait normal. Ils se sont donc finalement pliés à la remise des noms de leurs ministrables comme toutes les autres entités, selon le processus prévu », a banalisé Lanto Rakotomavo, secrétaire nationale du parti Tanora malaGasy Vonona fondé par Andry Rajoelina.
En revanche Evariste Marson, vice-président de l'Union des démocrates et des républicains pour le changement voit plutôt d'un mauvais œil la situation. « Elles , « trois mouvances », montrent un état d'esprit qui n'est pas irréprochable, ces derniers jours. Je vois dans cette décision d'entrer dans le gouvernement une manière de mieux bloquer le processus de sortie de crise », a-t-il appréhendé.
Équilibres à trouver
Les puzzles se complètent un peu plus pour Omer Beriziky en vue de la formation de son gouvernement. Mais tout n'est pas encore réglé. Loin de là. L'un des problèmes auquel le Premier ministre doit trouver une solution concerne l'équilibre politique, technique et régional dans la répartition des sièges entre les signataires de la Feuille de route.
Les entités représentées au sein des institutions transitoires ne cachent pas leur désaccord concernant la revendication d'un partage égalitaire des sièges entre pro-régime et « opposition ». « Cela ne figure pas dans la Feuille de route. C'est un souhait comme un autre », a signalé Lanto Rakotomavo. Pour sa part, Evariste Marson considère tout simplement cette réclamation comme
« irréaliste ». « La mouvance Ravalomanana n'est pas consciente que la situation a évolué depuis 2009. Elle n'est plus au pouvoir », a-t-il asséné.
Mais les divergences ne se limitent pas au clivage Haute autorité de la transition-« opposition ». La définition des critères d'attribution des postes ministériels risque de constituer un casse-tête chinois pour le chef du gouvernement, sans parler des luttes intestines au sein des entités signataires de la Feuille de route.
Omer Beriziky dispose de cinq jours pour rendre sa copie si l'on se fie au calendrier prévu par le cadre de mise en œuvre de la Feuille de route qui fixe jusqu'au 17 novembre la formation du gouvernement. À l'allure où vont les choses, le souhait émis par Andry Rajoelina de boucler le sujet « au plus vite » semble difficile à tenir. Selon certaines indiscrétions, la Présidence aurait songé à fixer le délai jusqu'à aujourd'hui. Harry Laurent Rahajason, ministre de la Communication sortant et conseiller spécial de l'homme fort de la Transition avait précisé, dimanche, « avant la fin de la semaine, sauf si des événements surgissent entre-temps ».
L'Escopol continue son cirque
Ça ne s'arrête pas. Entre éclatements et regroupement, l'Espace de concertation politique (Escopol), l'une des entités politiques à avoir signé la Feuille de route, continue à s'entredéchirer et ne se gêne pas pour le montrer en public.
Brigitte Rasamoelina, Cyril Rasambozafy et Ephraïm Randrianasolo se sont déplacés à Mahazoarivo, hier. Affirmant qu'ils sont à la tête d'un Escopol « nouvelle coordination », ils sont venus à la Primature pour consultation de ses membres en vue de la formation du gouvernement.
Le Tiako i Madagasikara, aile Raharinaivo Andriantoandro et une « soixantaine d'associations et de partis », font partie de ce mouvement, selon Brigitte Rasamoelina. L'Escopol « nouvelle coordination » a proposé... quinze candidats au chef du gouvernement. « Toutes nos décisions sont prises collégialement par les coordonnateurs généraux (…) Nous n'avons pas à désigner nos candidats. Ceux qui se considèrent comme qualifiés pour occuper un poste au sein du gouvernement se désignent eux-mêmes », explique la vice-présidente du Congrès.
Ce n'est pas la première fois que des dirigeants de parti, qui affirment agir au nom de l'Escopol, se présentent à Mahazoarivo pour présenter leur liste de postulants ministres. Cela s'est déjà vu quand Benjamina Ramanantsoa, coordonnateur général de la plateforme, et ses « ministrables ont été contestés par Ephraïm Randrianasolo, un autre " coordonnateur général » du groupement politique, venu avec sa propre liste.
Outre le message politique qui conteste le pouvoir de Benjamina Ramanantsoa, la démarche de l'Escopol « nouvelle coordination » peut se qualifier de symbolique. En principe, seuls les signataires de la Feuille de route ont droit de considération dans la formation du gouvernement. Mais les autres groupements ne désespèrent pas de bénéficier d'un joker si le président Andry Rajoelina bénéficie d'un « quota », comme c'était le cas lors de la mise en place des précédents gouvernements et des deux Chambres.
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