Alors qu’on l’attendait pendant tout le courant de la semaine qui s’achève, Marius Fransman, vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères et représentant du président de la Troïka de la Sadc, ne s’est finalement manifesté qu’hier…par le biais d’un message. Du dépit donc chez beaucoup, d’autant que l’homme a déclaré avoir été admis dans un hôpital et n’être sorti de l’établissement que jeudi soir. C’est dire que Marius Fransman ne mettra pas de sitôt le cap sur l’île, alors que sa venue aurait grandement aidé au déblocage d’une situation presque inextricable. Dans son message d’ailleurs, le vice-ministre a lancé un curieux ultimatum : indiquant que le délai pour la formation du gouvernement était dépassé, il exhorte les parties malgaches, le président de la Transition et le Premier ministre à annoncer la formation du gouvernement à la fin de la journée d’hier. C’est-à-dire à la fin du jour même où il a expédié le message…
L’ultimatum a étonné par la brièveté du temps accordé aux parties prenantes. Marius Fransman n’ignore en effet rien de la complexité du cas malgache, et l’homme d’ailleurs s’y est frotté lors des péripéties relatives à la nomination du Premier ministre. Le délai étriqué a donc surpris, certains se demandant même si le vice-ministre est véritablement remis de sa maladie… En fait, l’homme et la Troïka en général sont coutumiers du fait. On se souvient que pour le dépôt des noms des candidats ministres, la Troïka a envoyé un télégramme daté du 4 novembre dernier dans lequel elle demandait aux partis et mouvances de soumettre les noms au plus tard le … 4 novembre à 12 heures ! Même topo à peu près pour la proposition des noms de Premiers ministrables, le message reçu le 17 octobre à 19 heures enjoint les partis de déposer leurs listes le …19 octobre entre 10 heures et 17 heures. Beaucoup d’incohérence donc dans les méthodes de Marius Fransman. Notons d’ailleurs que l’authenticité du message du 4 novembre a été publiquement mise en doute par Mokgheti Monaisa, ambassadeur d’Afrique du Sud à Antananarivo et responsable par intérim du bureau de liaison de la Sadc dans l’île. D’abord car ce diplomate, contre toute raison, ne comptait pas parmi les destinataires de la missive. Ensuite car le message n’était pas signé et daté. Qui sait, peut-être que Marius Fransman aurait dû être hospitalisé depuis un certain temps… Dans l’introduction de ce message qui aurait dû être rédigé dans un style administratif impersonnel, le vice-ministre demande aux parties prenantes malgaches de se lever et de briller pour … la Gloire de Dieu. Le passage, ponctué par trois points d’exclamation, fait bizarre dans notre pays où, en vertu de la laïcité de l’Etat, on n’invoque pas Dieu et son rayonnement dans les correspondances officielles.
De toute évidence en tout cas, il ne faut pas compter sur Marius Fransman, souffrant ou convalescent, pour servir d’arbitre dans la conjoncture délicate actuelle marquée par la formation du gouvernement. Signalons néanmoins un fait : alors que mardi, des journaux annonçaient son débarquement dans l’île dans la journée, Marius Fransman honorait une invitation de l’Université de Prétoria et donnait sur le campus une conférence intitulée « La politique étrangère sud-africaine et les négociations multilatérales ». Qui sait, n’ignorant rien du caractère dur et acharné des discussions pour l’attribution des ministères, l’homme a peut-être esquivé l’épreuve en se camouflant dans son pays. Si tel est le cas, il n’aurait pas dû lancer cet « ultimatum » qui oblige à former le gouvernement le soir même de l’expédition de son message.
Car ce faisant, beaucoup se demandent si l’hôpital où il a été admis n’est pas …psychiatrique.
Adelson RAZAFY
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