Thursday, November 10, 2011

Antsonjombe Arrestation de 32 ouvriers

Un jeune ouvrier avec sa tête couverte de boue. À côté, ses collègues exhibent des munitions tirées par la police (Photo Seth Andriamarohasina)


Les forces de police ont croisé le fer avec une centaine d'ouvriers dans un chantier. Une quarantaine de coups de feu ont été tirés.
Panique à Antsonjombe, hier après-midi. Des échauffourées ont éclaté entre des éléments de la police et des ouvriers travaillant sur les chantiers de cons­truction d’un complexe culturel. Embar­qués à bord de deux taxi-be réquisitionnés, 32 d'entre eux ont été conduits au camp de la Direction des unités spéciales d'intervention (DIRUSI), à Antanimora.
« Brandissant des fusils Kalachnikov et des pistolets automatiques, une quizaine de policiers nous ont rassemblé dans une partie boueuse du chantier. Dans une salve de coups de feu, ils nous ont obligé à exécuter des roulades et des marches-canard », raconte un des chefs d'équipe, qui en a fait les frais.
À l'entendre, les hommes de la DIRUSI venus sur place se seraient montrés violents. 
« Il avaient roué de coups quiconque ne leur obéissait pas au doigt et à l'œil. J'ai encaissé un coup de crosse en pleine nuque en demandant des explications », poursuit-il. Pour leur part, certains de ses collègues ont vu leurs téléphones portables écrasés sous les bottes des policiers.
Vols de matériels
Près de 600 ouvriers travaillent dans les chantiers. Alors que les uns étaient obligés malgré eux de se rouler dans la boue, les autres avaient reçu l'ordre de se regrouper en se tenant les mains. Ils indiquent qu'une quarantaine de tirs en l'air ont été tirés.
Le contrôleur général Désiré Johnson Rakoton­dratsima, directeur général de la police nationale (DGPN), ne confirme pas les violences. « Le rapport qui m'a été soumis ne fait pas mention de brutalité policière », a-t-il indiqué.
C'est un vol commis dans le chantier, aux alentours de midi, qui a mis le feu aux poudres. Selon les informations recueillies sur place, trois ouvriers étaient en train de faire sortir des barres de fer rond qu'ils ont courbé ainsi que près d'un demi-kilo de clou lorsque la sécurité les a appréhendés. Alertée, la police, chargée de surveiller les locaux, s'était saisie des voleurs.
« Nos trois collègues pris sur le fait ont été brutalisés par deux policiers armés de Kalach­nikov. Face à cet abus, les ouvriers se sont insurgés», fait remarquer un maçon.
Couverts de jets de pierres par près de 25 individus en furie, vers 13 heures, les deux policiers ont battu en retraite pour revenir à la charge avec du renfort, une heure plus tard.
Les 32 ouvriers incriminés seront livrés à la brigade criminelle à Anosy. Le DGPN explique néanmoins qu'ils seront enquêtés. Pour leur part, les trois voleurs pris sur le fait ont été renvoyés par l'entreprise qui les emploie.
« Les deux policiers allaient les embarquer pour audition lorsque les fauteurs de troubles se sont manifestés. Des identifications ont permis d'arrêter les 32 suspects conduits au camp de la DIRUSI, à Antani­mora», enchaîne le DGPN.


Seth Andriamarohasina

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