L'Île aux parfums souffre de coupures d'électricité, car la Jirama n'arrive plus à satisfaire les besoins. Les désagréments commencent à irriter la population.
Nosy Be, l’île réputée perle de l’océan Indien et la première destination touristique de Madagascar, n’a jamais connu un tel désagrément depuis des semaines.
Il arrive que la ville entière, sauf la zone stratégique et l’hôpital, reste toute une journée sans électricité. Des quartiers comme Dzamandzar, Ambatoloaka, Dar-es-salam sont déconnectés du réseau de la Jirama pendant plus deux jours.
La situation s’est aggravée depuis hier matin vers 8 h quand un groupe électrogène produisant 800kW est tombé en panne.
Il n’y a que quatre groupes sur dix qui sont actuellement fonctionnels. Ils ne peuvent produire que 2 000kW, alors que l'île demande une puissance de 3 900kW.
« Nous ne pouvons rien faire, toutes les machines sont toutes vétustes. Elles fonctionnent 24 h sur 24, et il n’existe même pas un groupe de réserve », ont indiqué des techniciens de la Jirama de Nosy Be, expliquant la situation actuelle.
Ces explications sont contestées par la population. Dans la ville, les uns parlent de l’incompétence et de la mauvaise foi du personnel de la Jirama. Tandis que les autres dramatisent la situation en la considérant comme un sabotage politique.
Face à cette situation lamentable qui étrangle l’économie nosybéenne, une manifestation à l'encontre de la Jirama a été annoncée par les habitants de la ville à travers les structures des quartiers.
Mesures
«Nous serons dans les rues pour exprimer notre colère contre la Jirama », ont prévenu des personnes furieuses.
La société ne trouve comme solution que le délestage tournant. Il est devenu quotidien et des quartiers, surtout ceux en-dehors de la ville sont plongés dans le noir. Même en centre-ville, il existe des endroits privés d’électricité pendant presque 24 heures, selon les riverains. Ainsi, le quartier d'Andavakotoko et ses environs ne bénéficient que de deux heures d'électricité par jour.
Selon le chef de district Malaza Ramanamahafahay, des mesures ont déjà été prises mais leur application demande un peu de temps. Il s’agit de l’acquisition d’un groupe électrogène en provenance d'Antsiranana. Cela nécessitera de gros moyens de transport maritime pour le transfert du port d’Ankify vers le port de Nosy Be. En outre, la Jirama va accélérer l’acheminement des pièces de rechange depuis Antananarivo.
La population nosybéenne commence à s’inquiéter car sa vie économique est en jeu. Beaucoup souffrent du problème occasionné par les fréquentes coupures d’électricité, tant au niveau des foyers qu’au sein des entreprises locales, surtout celles qui vivent de la filière pêche.
Les touristes, à nouveau de retour, commencent à hausser le ton. En particulier, ils n’arrivent plus à se connecter à l’internet. Des hôtels sont privés d’eau et leurs clients désertent les lieux.
La population est sevrée de radio et de télévision. Seuls les riches ont la possibilité de se procurer des groupes électrogènes.
En fin de compte, la solution n’est pas pour demain. Une nouvelle usine génératrice d’électricité de 7 000kW a été construite à Dzamandzar depuis juillet 2009, mais elle n’est pas opérationnelle jusqu'à maintenant.
Le ministre de l'Énergie sortant reconnaît les difficultés financières de la Jirama. Les consommateurs doivent dès lors s'attendre à une révision tarifaire.
La Jirama à bout de souffle. Elisé Ratsiraka, le ministre de l'Énergie sortant a révélé à la presse hier, les difficultés financières de la compagnie qui assure la gestion de l'eau et de l'électricité à Madagascar. Il a indiqué clairement que les consommateurs devront s'attendre à une révision tarifaire à cause de ce problème de trésorerie.
« La Jirama réalise une vente à perte car elle ne peut pas procéder à la hausse. Nous avons mis en place un plan de redressement, mais il est très difficile de le mettre en œuvre. La révision des tarifs est ainsi inévitable », avance Elisé Ratsiraka.
La compagnie nationale a rencontré beaucoup de difficultés dans la mise en œuvre du plan de redressement qui consiste principalement au recouvrement de ses dettes auprès de ses gros consommateurs. Ceux-ci sont constitués de grandes industries et surtout de l'État. Un planning de paiement a été conçu, mais il n'a pas été respecté.
« L'État doit énormément d'argent à la Jirama. Or, il a normalement un budget spécial pour le paiement de ses factures. Nous avons déjà abordé ce problème avec le ministre des Finances et du budget, mais nos discussions n'ont pas abouti », révèle toujours le ministre sortant. La Jirama a aussi demandé une subvention, mais elle n'a pas encore reçu de réponse sur ce point.
Demande de subvention
Elle se trouve ainsi dans l'impossibilité d'assurer correctement son approvisionnement et la révision de tarif constitue son dernier recours. De ce fait, les consommateurs devront payer davantage pour combler le trou de la trésorerie de la Jirama, dû principalement aux factures non réglées de ses gros clients. Et pour elle, la révision aurait dû se faire depuis longtemps. « La dernière hausse remonte à trois ans, or il devrait y avoir une révision tarifaire chaque semestre. Le manque à gagner s'est accumulé, ce qui explique en partie les difficultés financières de la compagnie », insiste Elisé Ratsiraka.
De grosses pertes
Le délestage continue à causer des pertes financières énormes, principalement à ceux dont les activités dépendent du courant électrique. Petite, moyenne ou grande entreprise, aucune n'est épargnée. De nombreuses poissonneries, par exemple, ont dû réduire leurs commandes pour éviter que leurs produits ne pourrissent. De même, des ménages préférant ne plus conserver de viande fraîche, ont diminué leurs achats.
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