Monday, November 22, 2010

Direction Prison et ensuite ?


Le général Raoelina Jean Heriniaina et le colonel Coutiti Assolant sont-ils morts dans leurs cellules après leur reddition de samedi ? Le bruit en a couru avec insistance depuis lundi, d’autant que dans les effets de Coutiti remis à sa famille, il y eut une chemise tâchée de sang. Hier le général Ranaivo Tovonjanahary, gardien-chef de la prison de haute sécurité de Tsiafahy a fait une mise au point sur le sujet. Selon lui, Raoelina et Coutiti ne sont pas morts, mais sont « malades en raison de leurs blessures ». Il a ajouté que Raoelina a pu se lever hier et est depuis gardé à l’infirmerie. L’homme a terminé par l’étonnante remarque suivante : « Comparé à ce qui leur est arrivé samedi, on peut dire que leur santé aujourd’hui incite à l’espoir ».

Le visage méconnaissable et couvert d’hématomes, fracture du crâne, de la jambe et des côtes, incapacité à parler, tel est l’état dans lequel se trouve le Gal Heriniaina Raoelina. Le Cl Coutiti Assolent, lui ne va pas mieux, avec son traumatisme crânien en plus d’un traumatisme thoracique. Les rumeurs selon lesquelles les deux officiers aient perdu la vie a été aussi vite démenti par les pénitenciers de Tsiafahy sur les médias nationaux. D’ailleurs la croix rouge a été dépêchée sur les lieux pour s’occuper de leur cas. La croix rouge, qui a affirmé que l’état de santé de deux individus s’améliore et qu’ils font actuellement l’objet d’une observation stricte à l’infirmerie du département carcéral.


Le Pr Albert Zafy quant à lui a affirmé que le Gal Heriniaina Raoelina se trouve toujours dans le coma, et que les autres officiers liés à l’affaire BANI sont tous couverts de sang. Mensonges, s’exclamait le Cl Richard Ravalomanana qui maintenait qu’aucune atteinte à l’intégralité physique de ces hommes n’a été perpétré. « Ils auraient bien pu trouver du sang de volaille par exemple, pour s’en mettre sur le corps et les habits et prétendre par la suite qu’ils sont gravement blessés » tels ont été ses propos.


Bref, selon toute vraisemblance, les mutinés d’Ivato ont été sévèrement tabassés lors (ou après) leur arrestation de samedi soir. Il s’agit là de méthodes employées invariablement par les services chargés des arrestations politiques sous l’actuel régime, et qui fait qu’on les comparent à la Gestapo. On a eu un aperçu de ces brutalités lors de l’arrestation de Manandafy Rakotonirina le soir du 29 avril 2009 à l’hôtel Carlton, ou pendant l’arrestation d’Ambroise Ravonison chez Radio Fréquence Plus le 17 mai dernier.

Selon les riverains qui ont assisté à ce dernier événement, « tous ceux sortis du bâtiment et emmenés par les forces de l’ordre avaient le visage en sang » (Ambroise Ravonison a été incarcéré, tandis que deux autres opposants, Joseph Randriamiharisoa et Harrison Razafindrakoto ont été relâchés après audition).

La gendarmerie notamment devrait réformer ses méthodes au cours des interrogatoires, assimilés souvent à de la torture. Amnesty International en a déjà dit un mot. S’il prône véritablement le changement, ce régime devrait décréter la fin des brutalités policières et inciter à l’humanisation des procédés lors des arrestations et interrogatoires.

En tout cas, l’Armée et la Gendarmerie nationale, qui préconisent le respect de la discipline et de la hiérarchie, devraient mener une petite enquête sur le point suivant : de quels grades sont les militaires qui ont frappé le général Raoelina Jean et le colonel Coutiti Assolant ?

Les familles du Gal Raoelina déplorent un non respect des droits fondamentaux et ont de ce fait, déposé une plainte au sein des instances internationales.

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