Dans l'histoire de Madagascar, on distingue, dit-il, deux vagues de peuplement. La première est celle du peuplement des vazimba ou protomalgaches, et la seconde, celle du peuplement du nouveau Malgache. Ces deux vagues parlaient la même langue et avaient les mêmes cultures et civilisation. En décortiquant le terme vazimba, on obtient le préfixe « va » qui signifie peuple. Les vazimba ne sont donc autre que le peuple qui nous a précédés.
« Ils sont comme nous. Il s'agit de la première population de Madagascar ». Les études archéologiques, anthropologiques historiques et linguistiques démontrent que ce sont des Indonésiens et des Africains mélangés jusqu'à preuve du contraire. Car il n'existe pas de préhistoire pour Madagascar. L'homme est venu ici par bateau et par embarcation.
En outre, l'histoire de la Grande Ile est étayée par la lutte contre cette population vazimba. Andriamanelo, durant son règne, ne supportait plus de vivre au milieu des divers royaumes vazimba qui envahissaient les hautes terres. Il les chassait et les expulsait vers l'ouest. Mais comme ces royaumes ne disparaissaient pas pour autant, alors, Ralambo, le fils d'Andriamanelo, et Andrianjaka, son petit-fils, poursuivaient cette « mission ». Le règne de ces derniers vit enfin la destruction totale des royaumes vazimba.
Entre temps, des vazimba s'étaient confondus avec la population. Andriamanelo, lui-même, serait le fruit d'un mariage mixte car sa mère Rafohy ainsi que sa grand-mère Rangita étaient des vazimba.
Parmi les plus connus des vazimba de l'Imerina, on citera Ranoro, vazimba sainte (Ranoromasina). Elle était, selon la tradition orale, une femme normalement constituée, qui fut ensuite possédée par le vazimba et se jeta au fond d'une source. A partir du moment où on ne la vit plus, Rabodonandrianampoinimerina et le peuple, surtout celui d'Antehiroka, priaient près de la source dans laquelle elle avait plongé et y effectuaient plusieurs rites. De son côté, Andriambodilova, le mari de Ranoro, fut expulsé à Ambohimanarina par le Roi Andrianjaka. C'est l'origine des Antehiroka.
Il est surprenant de constater que les vazimba aient été durement maltraités alors que, par ailleurs, ils font actuellement l'objet de crainte et de respect, sinon considérés comme sacrés. Ne serait-ce pas en raison du "remord" ?
Les indonésiens
Tout permet de penser que ces explorateurs étaient des navigateurs austronésiens originaires de l’actuelle Indonésie. Plus précisément, les langues malgaches appartiennent au groupe dit « barito » des langues austronésiennes, également parlé dans la province de Kalimantan du sud-est de l'île de Bornéo, ce qui signe la probable origine des premiers colons, par exemple par les peuples dayaks de l’intérieur (comme les Ma’anyan)
Cette navigation des peuples malayo-polynésiens (ou nusantariens) dans l'océan Indien représente le pendant occidental d’un vaste mouvement de populations commencé depuis au moins le troisième millénaire avant notre ère dans l'océan Pacifique. Elle fut rendue possible grâce à une maîtrise précoce de l’art de la navigation, caractérisée notamment par l’utilisation des vaisseaux multicoques et des embarcations à balanciers. D’après les sources chinoises remontant aux premiers siècles de notre ère, les plus grands de ces vaisseaux pouvaient transporter un millier de passagers et des centaines de tonnes de marchandises. Ces premiers occupants asiatiques de Madagascar maîtrisaient la métallurgie, y compris celle du fer, la riziculture et le tissage de la soie. Outre le riz, ils transportaient avec eux nombre de plantes cultigènes d’Asie du Sud-Est comme notamment la banane, le cocotier, l'igname, le taro, la canne à sucre.
Il semble également que ces navigateurs indonésiens aient possédé des établissements sur les côtes africaines où commençaient à pénétrer des populations bantoues, venues de l’intérieur du continent. On a pu alors émettre l’hypothèse que l’introduction des plantes asiatiques a joué un rôle important dans l’explosion démographique à l’origine de cette expansion bantoue.
L’histoire de Madagascar durant le premier millénaire de notre ère nous est encore très mal connue. On peut seulement supposer que l’île joua un rôle important dans le commerce, notamment des épices, entre l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient, directement ou via les côtes africaines. Le commerce des esclaves n’en fut pas non plus absent puisque d’une part, on trouve mention de la présence d’esclaves africains (zenj ou zandj) offerts par des Javanais à la cour de Chine au début du IXe siècle, et de l’autre, Madagascar même commença à connaître une africanisation de sa population. Cette présence africaine dans l’île ne semble cependant devenir massive qu’à partir du IXe siècle, sous l’impulsion du commerce musulman. Avec en effet l’arrivée de l'islam, les Arabes supplantent rapidement les Indonésiens des côtes africaines et étendent par la suite leur contrôle sur les îles Comores et certaines parties des côtes de Madagascar. Parallèlement, sous la concurrence conjointe des nouvelles puissances maritimes chinoises (Song) et sud-indiennes (Chola), les thalassocraties indonésiennes connaissent un déclin rapide, même si les Portugais trouvent encore des marins javanais à Madagascar lorsqu'ils y abordent au XVIe siècle. Tout ceci entraîna l’isolement relatif de Madagascar qui ne fut plus fréquenté, de l’extérieur, que par les commerçants musulmans.
Aujourd'hui, la population de Madagascar peut-être considérée comme le produit d'un métissage poussé entre premiers occupants Austronésiens et Africains, et dans une moindre mesure avec des navigateurs arabes. En terme génétique, le métissage est très fort, sauf parmi les populations Merina des Hautes Terres, où l'endogamie a préservé le phénotype indonésien. Mais la majorité des populations de Madagascar a une apparence physique assez africaine.
En terme linguistique, le métissage est moins marqué. Toutes les langues de l'île sont en effet austronésiennes, et le vocabulaire d'origine Bantou est très minoritaire (une trentaine de mots). Ce vocabulaire se retrouve particulièrement dans le domaine de l'élevage (avec des mots tels que omby, ondry et akoho), ce qui implique sans doute qu'une partie au moins des techniques d'élevages malgaches est d'origine africaine. Cette origine est logique, dans le mesure ou les navigateurs Austronésiens étaient plus des horticulteurs que des éleveurs, même s'ils élevaient quelques animaux, comme les chiens ou les poulets.
Les Royaumes de Madagascar
C’est au cours des premiers siècles du second millénaire que semble véritablement se mettre en place les actuelles ethnies autochtones de Madagascar, avec leurs différences respectives. Les Merina comptent sans doute parmi les plus anciennement constitués puisque leurs plus anciens souverains dont les noms nous sont parvenus (Andrianerinerina, Rapeto) auraient régné aux environs du XIIe siècle.
Les premiers Européens qui découvrent l’île en 1500 sont les Portugais, sous la conduite de Diego Dias. Mais c’est surtout à partir du XVIIe siècle que la présence européenne affecte de manière décisive le destin de l’île par l’introduction massive des armes à feu et le développement de la traite des esclaves. En 1665, Louis XIV tient à faire de Madagascar la base avancée de la Compagnie française des Indes orientales. Il en résulte une augmentation des troubles et la mise en place de royaumes guerriers, fortement liés aux Européens, en particulier des pirates qui s’établissent dans de nombreuses régions. C’est notamment le cas du royaume sakalava, s’étendant sur la majeure partie du littoral occidental de l’île, sous l’égide des rois maroseraña, « aux nombreux ports ». Il en fut également de même sur la côte est de la confédération des Betsimisaraka, fondée au début du XVIIIe siècle par Ratsimilaho dont le père était un pirate anglais.
Pendant ce temps, d’autres royaumes se développaient à l’intérieur des terres. Les plus importants d’entre eux étaient, dans la partie sud, les royaumes betsileo et dans la partie nord, ceux des Merina. Ces derniers sont définitivement unifiés au début du XIXe siècle par Andrianampoinimerina. Radama Ier (régnant de 1810-1828), le fils et successeur de celui-ci ouvre son pays à l’influence européenne exercée principalement par les missions, et, grâce au soutien des Britanniques étend son autorité sur la majeure partie de l’île. C’est ainsi qu’à partir de 1817, le royaume merina devient pour le monde extérieur, le royaume de Madagascar.
Le Royaume de Madagascar
En dépit d'un repli d’une vingtaine d’années sous le règne de Ranavalona Ire (1828-1861), l'impulsion donnée par Radama Ier le royaume de Madagascar poursuit sa transformation tout au long du XIXe siècle.
À la tradition orale qui subsiste jusqu'à nos jours s'ajoute l'écriture (Radama lui même apprend l'alphabet latin vers 1820 avec le sergent Robin).
Un embryon d’industrialisation se met en place à partir de 1835 sous la direction de Jean Laborde, produisant du savon, de la porcelaine, des outils en métaux, ainsi que des armes à feu (fusils, canons, etc.). En 1864 s’ouvre à Tananarive le premier hôpital moderne et une école de médecine. Deux ans plus tard apparaissent les premiers journaux. Une revue scientifique en anglais (Antananarivo Annual) est même publiée à partir de 1875. En 1894, à la veille de l’établissement du pouvoir colonial, les écoles du royaume, dirigées par les missions majoritairement protestantes, sont fréquentées par plus de 200.000 élèves.
À cette époque de partage du monde entre les impérialismes européens, l'Angleterre accepte les prétentions de la France à exercer son influence sur Madagascar et un traité d'alliance franco-malgache est signé le 17 décembre 1885 par la reine Ranavalona III.
Des désaccords sur l'application de ce traité, servent de prétextes à l’invasion française de 1895, qui ne rencontre d'abord que peu de résistance. L’autorité du Premier ministre Rainilaiarivony, au pouvoir depuis 1864, est en effet devenue très impopulaire auprès de la population.
L'intention des Français est d'abord d'établir un simple régime de protectorat, affectant surtout le contrôle de l’économie et les relations extérieures de l’île. Mais par la suite, l’éclatement de la résistance populaire des Menalamba et l’arrivée du général Gallieni chargé de « pacifier » le pays en 1896 conduisent à l'annexion et à l'exil de la reine à Alger.
La colonisation française et le mouvement nationaliste
La mission de "pacification" du général Gallieni (1896-1905) s'exerce avec brutalité. Au total, les conséquences de la répression se traduisent par la disparition d’environ 100 000 personnes, sur une population totale de moins de 3 millions d’habitants. Le calme revenu, Galliéni s'applique à réaliser sa "politique des races", mettant en place dans les provinces des administrateurs locaux, en lieu et place de l'administration Mérina. L'esclavage est supprimé. Les autochtones, soumis au régime de l'indigénat, perdent tout droit et toute représentation spécifique. Les écoles subissent une francisation forcée et perdent une bonne partie de leurs effectifs. Par la suite, à partir surtout de 1901, le pouvoir colonial entame la « mise en valeur » de la nouvelle colonie pour le profit des colons et de la métropole. Les voies de communication (routes, peu de voies ferrées, une ligne Tamatave - Tananarive et une Tananarive - Antsirabé, canaux navigables) et l’agriculture se développent, des ports modernes sont aménagés, etc.
Durant la Première Guerre mondiale, les autorités françaises mobilisent jusqu’à 40 000 combattants malgaches dont un cinquième tombe au combat. Parmi les survivants, certains étaient porteurs de la grippe espagnole qu'ils vont ensuite propager à Madagascar provoquant la disparition de plusieurs dizaines de milliers de personnes, en particulier sur les hautes terres dont une multitude de villages allaient être désertés. Entre temps apparut, en 1915, un premier mouvement de résistance, celui des VVS (Vy Vato Sakelika) qui subit aussitôt une violente répression. Ce mouvement nationaliste se développa ensuite vers la fin des années vingt sous l’impulsion de Ralaimongo et de Ravoahangy (Ligue malgache pour l'accession des indigènes de Madagascar à la citoyenneté française). Ses méthodes restèrent toutefois légalistes, malgré la constance de la répression. En mai 1942, Madagascar est envahi par les troupes britanniques, ce qui achève de miner le prestige de la France aux yeux des indigènes, même si le pouvoir est remis aux représentants de la France libre. Les hostilités entre Britanniques et Français vichystes ne cessent qu'en novembre 1942 : ce n'est que trois mois plus tard, en janvier 1943, que le pouvoir est ensuite remis au général Paul Legentilhomme, représentant de la France libre.
À partir de 1946, le combat pour la restauration de l’indépendance est mené par le MDRM (Mouvement démocratique de la rénovation malgache), dirigé notamment par Joseph Raseta, Joseph Ravoahangy et Jacques Rabemananjara. Ravoahangy et Raseta vont devenir les premiers députés malgaches de l’Assemblée constituante française. Pour le contrer, les Français encouragent le développement du PADESM (Parti des déshérités de Madagascar), un parti anti-indépendantiste regroupant uniquement les Mainti-enindreny et les Tanindrana ou Côtiers. L’éclatement de l'insurrection de 1947 est matée par une violente répression des autorités coloniales françaises entraînant la mort de 8 000 à 12 000 personnes environ et qui servira de prétexte à la dissolution du MDRM par les autorités françaises. Certaines estimations, allant de 80 000 à 100 000 morts, ont été récemment contestées, alors qu'elles sont issues d'une estimation militaire française de 89 000 morts, dont 75 000 tués par les insurgés datant de 1949 et reprise par le principale spécialiste de la question en 1974, Jacques Tronchon. Selon l'historien Jean Fremigacci le bilan s'établit ainsi :
* jusqu'à deux mille civils tués par les insurgés ;
* mille à deux mille civils tués par des soldats français ;
* cinq à six mille insurgés tués au combat ;
* vingt à trente mille insurgés morts de malnutrition ou de maladie.
Il reste que cette querelle de chiffres, en l'absence d'archives précises, ne peut être tranchée avec certitude, et que ces estimations détaillées, rapportées à près de soixante années de distance, posent la question de leur fiabilité.
Après leur défaite en Indochine en 1954 cependant, les Français sont obligés d’envisager la possibilité de l’accession de leurs autres colonies à l’indépendance. C’est ainsi que la loi-cadre, prévoyant le transfert du pouvoir exécutif aux autorités locales est mise en place en 1956. Ceci permet en juillet 1958 l’accès à la tête du gouvernement de Philibert Tsiranana, un ancien leader du PADESM, devenu député en 1956. Le 14 octobre de la même année, la République malgache est instituée par le pouvoir colonial, suivie le 26 juin 1960 de la proclamation de l’indépendance.
La République malgache
Sous la présidence de Philibert Tsiranana (1959-1972), les Français continuent à exercer une domination sur l’administration et l’armée de la nouvelle république, ainsi que sur les activités économiques et la vie culturelle. En 1972 cependant, la révolte des étudiants, massivement appuyée par les lycéens et le monde ouvrier de la province de Tananarive aboutit à la chute du régime. Le général Ramanantsoa, chef de l’état-major se voit confier par la rue les rênes du pouvoir. Mais celui-ci ne réussit pas à affermir son autorité et, confronté à l’aggravation des troubles et au risque d’éclatement du pays, préfère se retirer au début de 1975 en abandonnant le pouvoir aux mains du colonel Ratsimandrava, qui est assassiné au bout d’une semaine. Au terme enfin d’une instabilité de plusieurs mois, une conjuration militaire place à la tête de l’État le capitaine de corvette Didier Ratsiraka, qui avait en charge le ministère des Affaires Etrangères sous le gouvernement de Ramanantsoa.
Dès son accès au pouvoir, Ratsiraka proclame sa volonté d’instaurer un régime « révolutionnaire », proche du « bloc socialiste », sous l’égide d’une Deuxième République. De nombreux secteurs de l’économie sont ainsi nationalisés et un parti unique, l’AREMA (Avant-garde de la révolution Malgache) domine toute la vie politique. Découragés, les investisseurs se retirent, entraînant une dégradation rapide de l’activité économique et une aggravation de la paupérisation. Des troubles, chaque fois durement réprimés éclatent alors un peu partout, achevant de démoraliser la population. Au bout d’une quinzaine d’années de ce régime, Madagascar se retrouve parmi les pays les plus pauvres de la planète.
La résistance au régime ne devient véritablement efficace qu’au début des années 90, sous l’impulsion du mouvement Hery Velona (Forces Vives) qui réussit en février 1993 à faire tomber Ratsiraka. Le nouveau président, Albert Zafy, procède aussitôt à une libéralisation forcenée de toutes les institutions dans le cadre d’une Troisième République. Mais la situation, au lieu de s’améliorer se dégrade davantage encore. Les investisseurs boudent Madagascar, d'autant que le pouvoir même est paralysé par les intrigues entre les clans rivaux dominant le Parlement, sur fond de corruption généralisée. Tout ceci aboutit à la destitution de Zafy par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) le 5 septembre 1996, la gestion du pouvoir étant confiée en interim au Premier ministre Norbert Ratsirahonana.
La nouvelle élection présidentielle qui se termine le 31 janvier 1997 consacre le retour de Didier Ratsiraka au pouvoir pour cinq ans. En 1998, celui-ci organise un référendum renforçant le pouvoir présidentiel tout en procédant à la mise en place des « provinces autonomes » qui demeurent en fait sous son contrôle direct.
Le résultat de l'élection de décembre 2001 est contesté entre Didier Ratsikara et Marc Ravalomanana, maire de Tananarive. Marc Ravalomanana devient président à l'issue d'une crise politique qui dure tout le premier semestre 2002. Didier Ratsiraka quitte Madagascar en Juillet 2002 pour la France et l'élection de Marc Ravalomanana est reconnue par la France et les États-Unis.
Après avoir lancé la reconstruction de routes et d'une partie des infrastructures du pays, Marc Ravalomanana est réélu lors de l'élection du 3 décembre 2006 en gagnant au premier tour avec la majorité absolue devant 13 autres prétendants, et est investi de nouveau président de la République de Madagascar pour un nouveau mandat de 5 ans. Il appelle de nouveau les Malgaches aux urnes pour le 4 avril 2007 pour un référendum qui a pour objet principal la suppression des six « provinces autonomes » et l'instauration des « régions » au nombre de 22.
À partir de janvier 2009, une crise politique entre le maire de la capitale Andry Rajoelina et le président Marc Ravalomanana fait une centaine de victimes.
Le peuplement
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