L'association britannique à but non lucratif Raspberry Pi est prête à fabriquer à des dizaines de milliers d'exemplaires un mini-ordinateur de la taille d'une carte de crédit. Le tout pour 25 ou 35 dollars selon les versions (respectivement environ 19 ou 27 euros). La plus chère possède une prise permettant de se connecter à Internet avec un câble plutôt que par Wi-Fi. Sinon, ce PC possède l'essentiel, avec prise USB, lecteur de carte mémoire de type appareil photo (SD), branchement de casque audio et de micro, ainsi qu'une sortie vidéo pour se raccorder à un téléviseur. L'alimentation peut se faire par piles ou par un chargeur de téléphone portable de 5 volts.
"La taille de l'ordinateur est essentiellement limitée par les connecteurs, ce qui fait que notre modèle peut être considéré comme le plus petit du monde", explique Eben Upton, le directeur exécutif du projet, mené en collaboration avec l'université de Cambridge. Les autres fondateurs sont issus du monde industriel - comme lui -, académique ou financier. "Nous avions noté, dans les années 2000, que le nombre d'étudiants en informatique baissait, de même que leur niveau. Pour nous, l'une des raisons était que l'ordinateur était trop cher. D'où la volonté, en 2008, de concevoir une machine à très bas coût. Cela a notamment été permis par le développement des processeurs pour téléphones portables", rappelle Eben Upton, qui travaille chez Broadcom, l'un des dix plus importants fabricants de puces électroniques et fournisseur du processeur central du Raspberry Pi.
L'initiative se rapproche de celles du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ou d'Intel, baptisées respectivement One laptop per child (OLPC) et Classmate PC. Il s'agissait de produire des ordinateurs à 100 dollars pour les pays en voie de développement. Bien que d'un prix deux fois plus élevé que prévu, des dizaines de milliers d'exemplaires ont été achetés par des gouvernements en Asie, Afrique ou Amérique du Sud. "Notre philosophie est différente car nous voulions un produit encore moins cher et pas uniquement dédié à l'éducation des enfants", dit Eben Upton.
Enchères sur le Web
L'absence d'écran et de clavier du Raspberry Pi aide, bien sûr, à limiter les prix. "Nous ne sommes pas prescripteurs sur les usages. L'outil est là, et on voit ce qu'on peut faire avec." Les concepteurs de l'OLPC et du Classmate PC ont en effet développé des interfaces logiciels adaptées aux enfants et à la pédagogie. Rien de tel pour l'initiative anglaise, qui laisse assez libre la possibilité d'installer un grand nombre de systèmes d'exploitation de type GNU/Linux.
Pour les jeunes bidouilleurs, il sera ainsi moins risqué de "casser" ce PC que celui de la maison. Et, en cas de plantage, on peut graver une nouvelle carte mémoire avec le système d'exploitation et relancer un PC quasi neuf. En outre, sa petite taille permet d'imaginer des utilisations en robotique ou d'autres usages automatisés.
Pour les ventes, à partir de fin janvier, l'association est optimiste, avec ses 50 000 inscrits et les 10 000 euros récoltés grâce à la vente d'autocollants en forme de framboise. Les dix premiers exemplaires du Raspberry Pi, après la correction d'un ultime bogue, ont été mis aux enchères sur le Web, le 1er janvier, et les prix atteignent les 2 000 livres (2 400 euros)... La recherche du profit ne guidant pas l'association, le design de la machine sera prochainement rendu public sous une licence libre permettant la diffusion et la modification de ce mini-ordinateur (vendu sur raspberrypi.com). On verra alors si les jeunes retrouvent le goût de l'informatique.
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