Vendredi, 06 Janvier 2012
Une bonne quinzaine de stations-service ont fermé leurs portes en 2011. Et dans une grande ville comme Antsiranana, 4 sur les7 stations présentes sur le marché sont opérationnelles. Le phénomène ira en s’amplifiant selon un pétrolier. Il avance, par ailleurs, que ce problème va par la même occasion développer le marché noir. Celui-ci n’affecte plus seulement la brousse où le litre du pétrole frôle les 3 000 Ar dans des localités rurales d’Amoron’i Mania, Androy, Analamanga… La moyenne nationale avancée par l’Observatoire du riz qui fait aussi le suivi des prix d’autres PPN, dépasse largement les 2 400 Ar/litre sur les derniers mois de 2011. Puis, ce prix ne cesse pas de monter. Comme quoi, si l’Etat peut contenir les prix à la pompe à 1 850 Ar/litre depuis plusieurs mois, les ruraux n’en profitent pas. Ils sont pourtant 82% à vivre sous le seuil de la pauvreté, c'est-à-dire à enregistrer un revenu de moins de 2 500 Ar par jour, alors qu’ils ont besoin d’au moins 300 à 500 Ar de pétrole par jour pour l’éclairage domestique. Le maintien des prix à la pompe par l’Etat profite finalement aux citadins. Mais encore ! Le pays a connu en 2011 une inflation à deux chiffres, soit un coût de la vie élevé. Si les prix à la pompe ont augmenté, l’inflation aurait été plus importante, mais la situation actuelle risque de déboucher sur des problèmes plus profonds.
L’exemple en est le développement du marché noir qui commence à gagner des localités urbaines où l’approvisionnement en carburant régresse et/ou les stations se font rares. Les importations risquent aussi de fléchir à terme. Notre interlocuteur explique : « Tous les opérateurs du secteur pétrolier sont dans le rouge. Particulièrement pour les pétroliers, ils enregistrent des pertes allant de 15 à 30 milliards Ar en 2011. De quoi rendre les banques frileuses quant au financement des futures importations pétrolières. Certes, l’Etat essaie parfois de lancer quelques bouffées d’oxygène en accordant la subvention de 15 milliards Ar en 2011. Mais cette subvention a fait seulement l’objet de jeux d’écriture. Le fond du problème n’est pas résolu pour autant puisque les pertes enregistrées par les pétroliers sont de 150 milliards Ar alors que la subvention est seulement de 15 milliards Ar ». Des négociations se font actuellement. Les pétroliers demandent une nouvelle subvention plus conséquente pour compenser leurs pertes passées, présentes et futures. Ils veulent que cette subvention soit répartie sur l’année. L’idée est d’avoir un peu de visibilité quant à la conduite des affaires.
Fanjanarivo
Cours pétroliers : 600 Ar/l au moins s’il y a vérité des prix
Les prix à la pompe devraient connaître actuellement une hausse minimale de 600 Ar/litre selon le calcul de pétroliers, des calculs censés refléter la vérité des prix, c'est-à-dire la prise en compte de tous les paramètres comme l’évolution des cours mondiaux des produits pétroliers, le transport, le change, les taxes et redevances... En fait, s’il devait y avoir une hausse des prix à la pompe, des pétroliers affirment qu’ils doivent prendre leurs responsabilités et n’augmenteront jamais les prix d’un seul coup. Ils proposent des hausses par palier même si leurs pertes ont atteint 150 milliards Ar en 2011. Il faut seulement rappellent que cette proposition a été déjà formulée mais rejetée par l’Etat qui préfère le maintien des prix à un niveau jugé raisonnable pour les consommateurs. Personne, sauf les pétroliers et les autres acteurs de la filière, ne veut une hausse certes, mais si la situation actuelle perdure, l’approvisionnement en carburant sera compromis bientôt d’après des experts du secteur. Rappelons que le Trésor public a dernièrement pointé du doigt ce bras de fer entre l’Etat et les pétroliers. Un conflit qui a des répercussions sur la caisse de l’Etat car déclarant être dans le rouge, les pétroliers ne paient pas des taxes et ne versent pas des traites. Si l’Etat veut accorder des aides financières aux pétroliers, le Trésor a proposé l’année dernière d’inscrire celles-ci dans la loi de finances 2012. Mais apparemment, sa proposition n’a pas été prise en compte. Aucune ligne de subvention pour les pétroliers n’est inscrite dans cette loi de finances. Comme d’habitude, il faudra donc faire de la gymnastique budgétaire en cas d’une éventuelle subvention. Une approche que le Trésor commence à abhorrer car il est déjà pressé comme un citron pour payer telle ou telle dépense dont le motif n’est pas toujours clair. Il doit aussi se démener pour combler le grand vide laissé par les bailleurs de fonds. Quoi qu’il en soit, la gestion de la crise dans le secteur pétrolier aval (importation, transport, dépôt et distribution de carburant) est apparemment gérée au pifomètre et ce, depuis début 2010.
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